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Le Pacte de stabilité assiégé

Le commissaire européen chargé des Affaires économiques et monétaires, Pedro Solbes, rejoint le nouveau gouvernement espagnol comme ministre de l'Economie. 

		(Photo: AFP)
Le commissaire européen chargé des Affaires économiques et monétaires, Pedro Solbes, rejoint le nouveau gouvernement espagnol comme ministre de l'Economie.
(Photo: AFP)
Plusieurs pays de la zone euro et même le Royaume-Uni s’apprêtent à rejoindre la France et l’Allemagne dans le camp de ceux qui violent le Pacte de stabilité, avec un déficit public supérieur à 3% du PIB. Face au nombre croissant des pays qui sortent ainsi des clous, les défenseurs d’une stricte rigueur budgétaire perdent du terrain.

Le peloton grossit à vue d’oeil des pays européens qui, selon les prévisions de la Commission européenne, dépassent ou sont sur le point de le faire la ligne jaune d’un déficit public supérieur à 3% du PIB. La France et l’Allemagne sont sous le coup d’une procédure pour déficit excessif en raison de leur dépassement du maximum fixé par le Pacte de stabilité et de croissance afin de préserver la crédibilité internationale de l’euro. Mais, alors qu’il s’apprête à quitter ses fonctions de Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires pour rejoindre le ministère des Finances espagnol, Pedro Solbes a menacé les Pays-Bas et le Royaume-Uni d’ouvrir une procédure pour franchissement du seuil en 2003.

Le Royaume-Uni, qui n’appartient pas à la zone des douze pays de l’euro, est toutefois soumis aux exigences du Pacte de stabilité. Quant à l’Italie, elle a reçu un «avertissement précoce» car, respectueuse du plafond en 2003, elle devrait le dépasser en 2004.

Cet avertissement n’a guère été du goût du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi qui a qualifié de «grosses limaces européennes» certains dirigeants de l’Union.

D’autres pays sont désormais dans le collimateur de Bruxelles. La Grèce devrait s’ajouter aux mauvais élèves dès que les chiffres de son déficit 2003 seront définitifs. Et le Portugal, déjà épinglé en 2001, devrait déraper à nouveau en 2004 et 2005 après être, au prix de gros efforts, rentré dans les limites imposées en 2002 et 2003.

Réquisitoire

Devant cette liste qui s’allonge et l’indulgence croissante des ministres des Finances européens qui ont renoncé à sanctionner la France et l’Allemagne, les institutions européennes maintiennent leur exigence de rigueur dans les finances publiques. Pedro Solbes a défendu une dernière fois les raisons de son intransigeance afin que l’euro devienne «une référence stable dans l’économie mondiale». Selon lui, le Pacte a toujours sa raison d’être mais il reconnaît qu’il convient de le réformer. Cette réforme du Pacte de stabilité et de croissance pourrait intervenir à partir de début 2005.

Longtemps discrets, les opposants au pacte-carcan se font beaucoup plus bruyants. Ainsi, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) se livre à un véritable réquisitoire: la zone euro connaît des déficits publics très inférieurs à ceux des Etats-Unis ou du Japon, soit 2,7% du PIB en 2004 pour l’Europe contre 5% pour les Etats-Unis et 7% pour le Japon. La conséquence en serait un différentiel de croissance en défaveur de la zone euro où «la seule solution aujourd’hui pour les Etats est de se redonner des marges budgétaires». Plus grave encore, Jean-Paul Fitoussi, président de l’OFCE critique les réformes structurelles exigées par la Commission européenne car «elles pèsent sur les populations mais n’ont que des effets économiques marginaux».

Pour la Commission européenne et la Banque centrale européenne tenir bon va devenir de plus en plus difficile. A la pression de nombreux pays membres de l’Union européenne s’ajoute le fait que le déficit moyen des dix pays qui entrent dans l’Union en mai prochain estimé à 5,7% en 2003 devrait atteindre 5% en 2004 et 4,2% en 2005.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/04/2004 Dernière mise à jour le 08/04/2004 à 12:38 TU