Union européenne
La France et l’Allemagne échappent aux sanctions
Lundi soir, les ministres des Finances de la zone euro ont refusé à la majorité de prendre des sanctions financières contre Paris et Berlin, provoquant la colère de la Commission européenne et des petits pays de l’Union. Réunis mardi matin à Bruxelles, les ministres des Finances des 15 ont entériné l'accord de l'Eurogroupe.
La France et l’Allemagne ne seront pas poursuivies pour infraction au Pacte de stabilité. Ainsi en ont décidé lundi soir une majorité de ministres des Finances des Quinze au terme d’échanges parfois extrêmement vifs. Paris et Berlin n’avaient pas l’intention de se laisser faire et l’avaient fait savoir. Hans Eichel, le ministre allemand des Finances, a clairement indiqué que son pays n’entendait pas accepter «une solution qui mette en danger les intérêts vitaux de l'Allemagne». Dès lors, cela ne laissait guère de marge de discussion aux membres de l’Eurogroupe qui devaient décider si oui ou non, l’indiscipline budgétaire française et allemande devait être sanctionnée.
Plaidaient pour les sanctions le Commissaire européen aux Affaires économiques Pedro Solbes et les «petits pays» qui, respectant à la lettre les prescriptions du Pacte de stabilité imposé en son temps notamment par l’Allemagne, sont ulcérés de voir les deux pays qui se présentent comme le «moteur» de l’Union européenne, s’affranchir sans complexe de la règle commune.
Le poids des «grands»
Pour autant, Paris et Berlin n’étaient pas isolés dans leur résistance, contrairement à ce que l’on aurait pu croire voici encore quelques mois. La présidence italienne a donné un sérieux coup de pouce aux exigences françaises et allemandes. Le fait que l’Italie soit, elle aussi, un mauvais élève de la classe européenne sur le plan budgétaire et très probablement le prochain candidat aux sanctions financières n’y est évidemment pas pour rien.
Mais d’autres pays sont venus à la rescousse des trois : la France avait obtenu récemment le ralliement du Portugal. Le Royaume Uni, qui n’est pas directement concerné car n’appartenant pas à la zone euro, a également pesé de son poids en faveur des trois autres «grands». A l’exception de l’Espagne, qui, vertueuse et hostile au couple franco-allemand, voulait faire payer à ce dernier le prix fort pour son indiscipline, les «grands pays» de l’UE ont penché pour l’inaction, forçant les autres à suivre ou à être minoritaires.
Ce bras de fer, qui s’achève par un succès franco-allemand, laisse un goût amer aux «petits» qui dénoncent le mauvais exemple donné aux dix nouveaux entrants. Le Commissaire européen est carrément furieux : Pedro Solbes n’hésite pas à dénoncer une «décision politique sans base légale».
Quelle que soit la position de leur pays, les ministres des Finances ont cependant refusé de considérer le Pacte de stabilité comme «mort» après ce coup de théâtre. Mais il est difficile de nier qu’il est désormais bien mal en point.
A écouter :
Marc Lebeaupin, envoyé spécial de RFI à Bruxelles (Journal de 8h le 25/11/2003 au micro de Raphaël Reynes).
Philippe Moreau Defarge, directeur de recherche à l'Institut français des relations internationales (Ifri) revient sur la division des pays de la zone euro suite à la réunion de Bruxelles (Invité de Frédérique Genot, le 25/11/2003).
A lire :
La chronique économique de Norbert Navarro 25/11/2003
La chronique économique de Norbert Navarro 26/11/2003
Plaidaient pour les sanctions le Commissaire européen aux Affaires économiques Pedro Solbes et les «petits pays» qui, respectant à la lettre les prescriptions du Pacte de stabilité imposé en son temps notamment par l’Allemagne, sont ulcérés de voir les deux pays qui se présentent comme le «moteur» de l’Union européenne, s’affranchir sans complexe de la règle commune.
Le poids des «grands»
Pour autant, Paris et Berlin n’étaient pas isolés dans leur résistance, contrairement à ce que l’on aurait pu croire voici encore quelques mois. La présidence italienne a donné un sérieux coup de pouce aux exigences françaises et allemandes. Le fait que l’Italie soit, elle aussi, un mauvais élève de la classe européenne sur le plan budgétaire et très probablement le prochain candidat aux sanctions financières n’y est évidemment pas pour rien.
Mais d’autres pays sont venus à la rescousse des trois : la France avait obtenu récemment le ralliement du Portugal. Le Royaume Uni, qui n’est pas directement concerné car n’appartenant pas à la zone euro, a également pesé de son poids en faveur des trois autres «grands». A l’exception de l’Espagne, qui, vertueuse et hostile au couple franco-allemand, voulait faire payer à ce dernier le prix fort pour son indiscipline, les «grands pays» de l’UE ont penché pour l’inaction, forçant les autres à suivre ou à être minoritaires.
Ce bras de fer, qui s’achève par un succès franco-allemand, laisse un goût amer aux «petits» qui dénoncent le mauvais exemple donné aux dix nouveaux entrants. Le Commissaire européen est carrément furieux : Pedro Solbes n’hésite pas à dénoncer une «décision politique sans base légale».
Quelle que soit la position de leur pays, les ministres des Finances ont cependant refusé de considérer le Pacte de stabilité comme «mort» après ce coup de théâtre. Mais il est difficile de nier qu’il est désormais bien mal en point.
A écouter :
Marc Lebeaupin, envoyé spécial de RFI à Bruxelles (Journal de 8h le 25/11/2003 au micro de Raphaël Reynes).
Philippe Moreau Defarge, directeur de recherche à l'Institut français des relations internationales (Ifri) revient sur la division des pays de la zone euro suite à la réunion de Bruxelles (Invité de Frédérique Genot, le 25/11/2003).
A lire :
La chronique économique de Norbert Navarro 25/11/2003
La chronique économique de Norbert Navarro 26/11/2003
par Olivier Da Lage
Article publié le 25/11/2003