Union européenne
Quand Chirac remplace Schröder à Bruxelles
Jacques Chirac et Gerhard Schröder ont décidé de jouer la scène de l’entente parfaite sur le théâtre européen. Le Français a remplacé l’Allemand lors de la deuxième journée du sommet européen de Bruxelles débuté jeudi. Cette initiative inédite a offert une nouvelle preuve du dynamisme du couple Paris-Berlin, bien décidé à rester le moteur d’une Europe en phase d’élargissement. Cette inhabituelle procuration n’a pas été du goût de tous les Etats participant à un sommet au cours duquel peu d’avancées significatives ont été réalisées. Notamment concernant le projet de Constitution européenne, le dossier brûlant du moment sur lequel des divergences profondes demeurent.
A Bruxelles, la France et l’Allemagne ont parlé d’une seule voix : celle du président français Jacques Chirac auquel Gerhard Schröder a demandé de le remplacer lors de la dernière matinée du sommet européen organisé à Bruxelles les 16 et 17 octobre. Le chancelier allemand ne pouvant faire l’impasse sur un vote très important concernant le programme social de son gouvernement prévu au Bundestag [parlement], a choisi d’être représenté par son collègue français lors du dernier rendez-vous des chefs d’Etat et de gouvernement organisé vendredi. Il s’agit d’une première dans une réunion de ce type. Au-delà du caractère inhabituel de cette démarche, la procuration germano-française a pris une valeur particulièrement symbolique en offrant aux autres Etats présents une nouvelle illustration de l’étroitesse et de la force du lien entre les deux pays. Le couple franco-allemand fonctionne mieux que jamais et la confiance est au zénith, ont semble-t-il voulu montrer les deux dirigeants.
Pour la Grande-Bretagne, un tel affichage de la complicité entre les deux pays qui revendiquent d’avoir été, et de continuer à être, les moteurs de l’Europe peut être envisagé d’un point de vue nettement moins positif et prendre des allures de mise au point. The Independant estime ainsi que «cela montre (au Premier ministre) Tony Blair que ces deux puissances sont toujours aux commandes de l’Union européenne, quels que soient les rêves que Blair et ses alliés de la ‘Nouvelle Europe’ peuvent avoir de casser l’axe Paris-Berlin». De la même manière, cette initiative est de nature à accentuer la méfiance de certains «petits Etats» pour lesquels elle montre, encore une fois, le désir de la France et de l’Allemagne de peser plus lourdement que les autres sur les destinées européennes.
L’harmonie franco-allemande
Au-delà de la valeur symbolique, l’absence de Gerhard Schröder n’a pas eu de véritable conséquence sur le déroulement de la rencontre de Bruxelles. Les principales négociations ont eu lieu lors de la première journée à laquelle le chancelier a assisté, et ce sommet ne représentait pas de véritable enjeu. Il n’y a pas eu de négociations sur les aspects financiers ou sur des questions mettant en opposition les intérêts de la France et de l’Allemagne. Les deux capitales ont, en effet, la même approche concernant le projet de Constitution de Valéry Giscard d’Estaing qu’elles défendent malgré les oppositions de pays, comme l’Espagne ou la Pologne, sur les dispositions qui concernent le poids des Etats au Conseil européen, avec notamment la proposition de la règle de double majorité (50% des pays, 60 % de la population de l’Union), ou la composition de la Commission. De la même manière, l’harmonie franco-allemande est totale sur la question de la politique de défense européenne. Ce sont en effet la France et l’Allemagne qui ont proposé avec la Belgique et le Luxembourg, la création d’un quartier général européen distinct de celui de l’OTAN contre l’avis de la Grande-Bretagne qui affirme que cela remettrait en cause l’Alliance Atlantique. A Bruxelles, les Etats s’en sont tenus à déclarer que la politique de défense européenne devait être «complémentaire» et pas «alternative» par rapport à l’OTAN.
Les principales avancées réalisées durant ce sommet concernent d’abord l’initiative de croissance européenne, destinée à relancer les économies des pays de l’Union, qui a été approuvée par un «vaste consensus». Mais aucune décision pratique n’a été prise à Bruxelles concernant notamment le choix, parmi 29 propositions, des projets prioritaires qui doivent être lancés et à propos desquels des arbitrages devront certainement être faits en fonction de certains critères comme leur caractère transfrontalier et leur impact sur la croissance. Les représentants de vingt-cinq pays européens ont aussi validé la création d’une agence de contrôle aux frontières dont l’objectif est de coordonner les projets de coopération pour lutter contre l’immigration clandestine.
Enfin, les Etats européens ont abordé la question des contributions financières à la reconstruction de l’Irak en restant particulièrement prudents. Ils ont confirmé leur promesse de débloquer 200 millions d’euros pour 2003-2004 mais n’ont pris aucun engagement supplémentaire malgré l’insistance des Américains qui attendent des efforts à l’occasion de la conférence des contributeurs organisée à Madrid la semaine prochaine.
Ecoutez l'invité de la rédaction, Marc Leroy-Beaulieu
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Le dossier Europe
Pour la Grande-Bretagne, un tel affichage de la complicité entre les deux pays qui revendiquent d’avoir été, et de continuer à être, les moteurs de l’Europe peut être envisagé d’un point de vue nettement moins positif et prendre des allures de mise au point. The Independant estime ainsi que «cela montre (au Premier ministre) Tony Blair que ces deux puissances sont toujours aux commandes de l’Union européenne, quels que soient les rêves que Blair et ses alliés de la ‘Nouvelle Europe’ peuvent avoir de casser l’axe Paris-Berlin». De la même manière, cette initiative est de nature à accentuer la méfiance de certains «petits Etats» pour lesquels elle montre, encore une fois, le désir de la France et de l’Allemagne de peser plus lourdement que les autres sur les destinées européennes.
L’harmonie franco-allemande
Au-delà de la valeur symbolique, l’absence de Gerhard Schröder n’a pas eu de véritable conséquence sur le déroulement de la rencontre de Bruxelles. Les principales négociations ont eu lieu lors de la première journée à laquelle le chancelier a assisté, et ce sommet ne représentait pas de véritable enjeu. Il n’y a pas eu de négociations sur les aspects financiers ou sur des questions mettant en opposition les intérêts de la France et de l’Allemagne. Les deux capitales ont, en effet, la même approche concernant le projet de Constitution de Valéry Giscard d’Estaing qu’elles défendent malgré les oppositions de pays, comme l’Espagne ou la Pologne, sur les dispositions qui concernent le poids des Etats au Conseil européen, avec notamment la proposition de la règle de double majorité (50% des pays, 60 % de la population de l’Union), ou la composition de la Commission. De la même manière, l’harmonie franco-allemande est totale sur la question de la politique de défense européenne. Ce sont en effet la France et l’Allemagne qui ont proposé avec la Belgique et le Luxembourg, la création d’un quartier général européen distinct de celui de l’OTAN contre l’avis de la Grande-Bretagne qui affirme que cela remettrait en cause l’Alliance Atlantique. A Bruxelles, les Etats s’en sont tenus à déclarer que la politique de défense européenne devait être «complémentaire» et pas «alternative» par rapport à l’OTAN.
Les principales avancées réalisées durant ce sommet concernent d’abord l’initiative de croissance européenne, destinée à relancer les économies des pays de l’Union, qui a été approuvée par un «vaste consensus». Mais aucune décision pratique n’a été prise à Bruxelles concernant notamment le choix, parmi 29 propositions, des projets prioritaires qui doivent être lancés et à propos desquels des arbitrages devront certainement être faits en fonction de certains critères comme leur caractère transfrontalier et leur impact sur la croissance. Les représentants de vingt-cinq pays européens ont aussi validé la création d’une agence de contrôle aux frontières dont l’objectif est de coordonner les projets de coopération pour lutter contre l’immigration clandestine.
Enfin, les Etats européens ont abordé la question des contributions financières à la reconstruction de l’Irak en restant particulièrement prudents. Ils ont confirmé leur promesse de débloquer 200 millions d’euros pour 2003-2004 mais n’ont pris aucun engagement supplémentaire malgré l’insistance des Américains qui attendent des efforts à l’occasion de la conférence des contributeurs organisée à Madrid la semaine prochaine.
Ecoutez l'invité de la rédaction, Marc Leroy-Beaulieu
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Le dossier Europe
par Valérie Gas
Article publié le 17/10/2003