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Union européenne

Tous d’accord

Schröder, Chirac et Blair se sont retrouvés à Berlin, le 20 septembre, pour affirmer à nouveau leur volonté de travailler ensemble, après le fâcheux épisode de la guerre d’Irak, dont l’Union européenne a aussi fait les frais.
Le mini sommet de Berlin n’ a rien apporté qu’on ne savait déjà. Le rapprochement des différentes positions concernant l’Irak n’a connu aucune évolution si ce n’est qu’on a maintenu de part et d’autre des distances raisonnables en reformulant les préoccupations de voir les discussions sur l’Irak se faire «dans le cadre des Nations unies». Mais dans l’entourage des trois chefs d’Etat, la rencontre était utile. Elle est la première entre Européens depuis la guerre en Irak. A l’issue d’un déjeuner les trois chefs d’Etat ont donné une conférence de presse commune dans laquelle ils ont dit leur convergence de vue sur les principaux dossiers internationaux et européens.

Seul point d’ombre, la question irakienne. Le bloc franco-allemand qui s’était résolument mis dans le camp de la «paix» contre les «va-t-en-guerre», soutiens des Etats-Unis, avaient accusé la Grande Bretagne d’être le chef de file d’une fracture dans la diplomatie européenne. Mais ensemble aujourd’hui et dans la voix du Chancelier Gerhard Schröder, on a appris que Tony Blair, le Premier ministre britannique «n’était pas le porte-parole» des Etats-Unis. Sur un ton amusant il a implicitement reconnu l’indépendance des points de vue britanniques même s’ils étaient très proches de ceux des Américains, et qui valent par conséquent les positions du camp adverse.

Le transfert de souveraineté est la seule pomme de discorde

La rencontre de Berlin marquait donc, et simplement, le retour de la Grande Bretagne dans le club des trois grandes nations de l’Europe. La France, l’Allemagne et la Grande Bretagne voulaient aussi resserrer les liens un peu distendus au sein de l’Union européenne avant l’Assemblée générale des Nations unies. Les retrouvailles dans une «entente cordiale» pourraient être utilisées pour servir d’autres causes, qui ne relèvent pas toujours de la politique internationale. Comme c’est souvent la cas, les réalités nationales ont le pouvoir d’amener les décideurs à ne pas négliger leur opinion nationale. Dans les trois pays, locomotive de l’Europe, il apparaît de plus en plus utile de bien regarder chez soi avant de se préoccuper de l’internationale un peu éloignée du quotidien des nationaux.

En France et en Allemagne le dérapage des dépenses publiques met à mal le pacte de stabilité au sein du système de l’euro. Les choix assumés par ces deux nations phares, suscitent les critiques des nations dites petites, qui parlent «d’arrogance du couple franco-allemand». Leurs tentations de prendre quelques libertés pourraient faire imploser le système, alors il était urgent de se retrouver pour prendre des engagements d’autodiscipline. Le «non» suédois à la monnaie unique est à imputer, selon certains, «au manque de discipline» de ces pays et pourtant chantres de l’euro. Par ailleurs, avant les discussions qui débuteront le 4 octobre prochain, sur le projet de constitution européenne à Rome, les Européens s’efforcent de gommer quelques clivages. Du côté britannique les retombées de la guerre en Irak ont été désastreuses en terme d’image pour Tony Blair. Son retour sur la pointe des pieds dans le cercle de décision européen, a certainement convaincu ses pairs d’adopter une langage hautement diplomatique pour parler du partage d’un même souci : le transfert de souveraineté aux Irakiens eux-mêmes. Mais «sur les modalités et le calendrier nous ne sommes pas encore d’accord», souligne Jacques Chirac.



par Didier  Samson

Article publié le 20/09/2003