Union européenne
Berlusconi fait l’unanimité contre lui
On attendait le premier dérapage de Silvio Berlusconi, réputé pour son franc-parler parfois déplacé, en tant que président de l’Union européenne. Il n’a pas tardé. Le président du Conseil italien a proposé, lors d’une séance du Parlement européen, au député allemand Martin Schulz qui avait mis en cause sa probité, de tourner dans un film sur les camps nazis dans le rôle du «kapo». Ce qui a provoqué immédiatement un tollé dans l’assemblée et par la suite des réactions indignées venues des quatre coins de l’Europe.
La joute verbale entre Silvio Berlusconi et Martin Schulz lors de la séance du Parlement européen à Strasbourg, mercredi, a rapidement tourné à l’incident diplomatique entre l’Italie et l’Allemagne. Après des attaques virulentes et personnelles du député allemand, le président du Conseil italien a répliqué en maniant l’ironie et l’insulte dans une proportion jugée largement exagérée. Cette bataille rangée en plein Parlement européen est intervenue après d’autres échanges de politesses [un responsable du SPD allemand avait déclaré mercredi que Berlusconi était «le népotisme en personne»] qui avaient préparé le terrain.
Martin Schulz a ouvert les hostilités avec quelques phrases cinglantes. S’attaquant à Umberto Bossi, le chef de la Ligue du Nord (populiste) et ministre du gouvernement Berlusconi, dont il a jugé les déclarations «pires» que celles du chef de l’extrême droite autrichienne Jorg Haider, il a déclaré à l’intention de Berlusconi : «Vous n’êtes pas responsable du quotient intellectuel de vos ministres mais vous êtes responsables de ce qu’ils disent». Il a aussi accusé Silvio Berlusconi d’avoir bénéficié de l’indulgence de Nicole Fontaine, alors présidente du Parlement européen, pour échapper à la levée de son immunité parlementaire demandée par un juge espagnol : «Si Nicole Fontaine n’avait pas laissé traîner si longtemps la procédure de la levée d’immunité (…) vous n’auriez plus l’immunité dont vous avez besoin».
Consternation en Italie
Ces attaques n’ont pas été du tout du goût de Silvio Berlusconi qui n’a pas lésiné sur la réponse. De but en blanc, il a pris à partie Martin Schulz : «Je sais qu’en Italie il y a un producteur qui est en train de monter un film sur les camps de concentration nazis. Je vous proposerai pour le rôle de kapo. Vous êtes parfait». Quand on sait qu’un kapo était un prisonnier juif chargé de surveiller les autres prisonniers dans les camps de concentration, on évalue mieux la dimension de l’affront pour un député allemand. Loin de regretter ses propos, Silvio Berlusconi persiste et signe quelques instants plus tard en refusant de s’excuser comme le président du Parlement, l’Anglais Pat Cox, le lui demande. «Je ne retire pas ce que j’ai dit avec ironie si Monsieur Schulz ne retire pas les offenses personnelles qu’il m’a adressées. Moi je l’ai dit avec ironie, lui l’a fait avec méchanceté.»
S’en sont suivies des convocations d’ambassadeurs par les ministres des Affaires étrangères aussi bien à Rome qu’à Berlin et des concerts de protestations dans toutes les capitales européennes. Les déclarations de Silvio Berlusconi sont unanimement condamnées. Elles sont jugées blessantes sur le plan personnel pour le député et par ricochet pour toutes les victimes des camps de concentration. Les détracteurs de Berlusconi qui n’ont cessé de mettre en garde contre ses dérapages avant son arrivée à la présidence tournante de l’Union européenne, n’ont pas eu longtemps à attendre pour le prendre en défaut de crédibilité.
En Italie même, Berlusconi a provoqué la consternation. La presse a largement pris position contre lui, à l’exception notable des médias qui lui appartiennent. Le Corriere della Sera écrit résigné : «Ce que l’on craignait est arrivé». Il Sole 24 ore estime : «C’est un mauvais départ pour un leader qui est arrivé à la tête de l’Europe en demandant à être jugé sur les faits mais qui, dès sa première sortie politique, va être jugé sur les paroles». La classe politique italienne est sur la même ligne à l’exception de la Ligue du Nord qui soutient coûte que coûte Berlusconi. Gianfranco Fini, le numéro deux du gouvernement, a pris ses distances. «Berlusconi a été gravement provoqué mais aucune accusation, aussi factieuse soit-elle, ne justifie l’épithète de kapo nazi pour un adversaire politique».
En Allemagne, l’indignation a traversé le pays. Et le chancelier Gerhard Schröder a réclamé dès jeudi matin lors d’une séance du Bundestag des «excuses en bonne et due forme pour un dérapage complètement inacceptable sur la forme et sur le fond», sous les applaudissements soutenus des députés allemands. Le coup de téléphone que Silvio Berlusconi doit passer à Gerhard Schröder jeudi dans la soirée calmera peut-être une situation pour le moment extrêmement tendue.
Mais en tout état de cause, les six mois de la présidence italienne de l’Union européenne s’annoncent encore plus mouvementés que prévu. Les relations entre Rome et Berlin risquent de pâtir longtemps de cette spectaculaire altercation. Et dans un tel contexte, la sérénité des débats sur les gros dossiers comme celui de la future constitution européenne, est loin d’être assurée. Avis de tempête sur l’Europe ?
Martin Schulz a ouvert les hostilités avec quelques phrases cinglantes. S’attaquant à Umberto Bossi, le chef de la Ligue du Nord (populiste) et ministre du gouvernement Berlusconi, dont il a jugé les déclarations «pires» que celles du chef de l’extrême droite autrichienne Jorg Haider, il a déclaré à l’intention de Berlusconi : «Vous n’êtes pas responsable du quotient intellectuel de vos ministres mais vous êtes responsables de ce qu’ils disent». Il a aussi accusé Silvio Berlusconi d’avoir bénéficié de l’indulgence de Nicole Fontaine, alors présidente du Parlement européen, pour échapper à la levée de son immunité parlementaire demandée par un juge espagnol : «Si Nicole Fontaine n’avait pas laissé traîner si longtemps la procédure de la levée d’immunité (…) vous n’auriez plus l’immunité dont vous avez besoin».
Consternation en Italie
Ces attaques n’ont pas été du tout du goût de Silvio Berlusconi qui n’a pas lésiné sur la réponse. De but en blanc, il a pris à partie Martin Schulz : «Je sais qu’en Italie il y a un producteur qui est en train de monter un film sur les camps de concentration nazis. Je vous proposerai pour le rôle de kapo. Vous êtes parfait». Quand on sait qu’un kapo était un prisonnier juif chargé de surveiller les autres prisonniers dans les camps de concentration, on évalue mieux la dimension de l’affront pour un député allemand. Loin de regretter ses propos, Silvio Berlusconi persiste et signe quelques instants plus tard en refusant de s’excuser comme le président du Parlement, l’Anglais Pat Cox, le lui demande. «Je ne retire pas ce que j’ai dit avec ironie si Monsieur Schulz ne retire pas les offenses personnelles qu’il m’a adressées. Moi je l’ai dit avec ironie, lui l’a fait avec méchanceté.»
S’en sont suivies des convocations d’ambassadeurs par les ministres des Affaires étrangères aussi bien à Rome qu’à Berlin et des concerts de protestations dans toutes les capitales européennes. Les déclarations de Silvio Berlusconi sont unanimement condamnées. Elles sont jugées blessantes sur le plan personnel pour le député et par ricochet pour toutes les victimes des camps de concentration. Les détracteurs de Berlusconi qui n’ont cessé de mettre en garde contre ses dérapages avant son arrivée à la présidence tournante de l’Union européenne, n’ont pas eu longtemps à attendre pour le prendre en défaut de crédibilité.
En Italie même, Berlusconi a provoqué la consternation. La presse a largement pris position contre lui, à l’exception notable des médias qui lui appartiennent. Le Corriere della Sera écrit résigné : «Ce que l’on craignait est arrivé». Il Sole 24 ore estime : «C’est un mauvais départ pour un leader qui est arrivé à la tête de l’Europe en demandant à être jugé sur les faits mais qui, dès sa première sortie politique, va être jugé sur les paroles». La classe politique italienne est sur la même ligne à l’exception de la Ligue du Nord qui soutient coûte que coûte Berlusconi. Gianfranco Fini, le numéro deux du gouvernement, a pris ses distances. «Berlusconi a été gravement provoqué mais aucune accusation, aussi factieuse soit-elle, ne justifie l’épithète de kapo nazi pour un adversaire politique».
En Allemagne, l’indignation a traversé le pays. Et le chancelier Gerhard Schröder a réclamé dès jeudi matin lors d’une séance du Bundestag des «excuses en bonne et due forme pour un dérapage complètement inacceptable sur la forme et sur le fond», sous les applaudissements soutenus des députés allemands. Le coup de téléphone que Silvio Berlusconi doit passer à Gerhard Schröder jeudi dans la soirée calmera peut-être une situation pour le moment extrêmement tendue.
Mais en tout état de cause, les six mois de la présidence italienne de l’Union européenne s’annoncent encore plus mouvementés que prévu. Les relations entre Rome et Berlin risquent de pâtir longtemps de cette spectaculaire altercation. Et dans un tel contexte, la sérénité des débats sur les gros dossiers comme celui de la future constitution européenne, est loin d’être assurée. Avis de tempête sur l’Europe ?
par Valérie Gas
Article publié le 03/07/2003