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Etats-Unis

Bush minimise le mémo des services secrets

«Ben Laden est résolu à frapper en territoire américain», est le titre du document rendu public par la Maison Blanche. Ce document des services secrets alertait le président américain, avant les attentats du 11 septembre sur les risques d'attentats aux Etats-Unis. 

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«Ben Laden est résolu à frapper en territoire américain», est le titre du document rendu public par la Maison Blanche. Ce document des services secrets alertait le président américain, avant les attentats du 11 septembre sur les risques d'attentats aux Etats-Unis.
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La Maison Blanche a rendu public au cours du week-end le mémo des services secrets qui alertait le président américain, avant les attentats du 11 septembre, sur la volonté de Ben Laden de «frapper les Etats-Unis».

Le document que la Maison Blanche vient de rendre public samedi est l’un des plus confidentiels qui puisse exister aux Etats-Unis. Il s’agit du compte-rendu quotidien que les responsables des services secrets font au président américain. Jamais jusqu’à aujourd’hui, le secret-défense n’avait été levé sur un «rapport présidentiel quotidien». La note que la Maison Blanche a publiée date du 6 août 2001, soit un peu plus d’un mois avant les attentats du 11 septembre.

Le titre de cette note avait déjà été révélé par la conseillère du chef de l’Etat pour les questions de sécurité nationale. Condoleeza Rice, avait indiqué, au cours de son audition devant la commission d’enquête sur le 11 septembre, que le mémo était intitulé «Ben Laden est résolu à frapper en territoire américain».

Au delà de ce titre, George Bush s’est attaché samedi a expliquer que la note «ne disait rien d’une attaque contre l’Amérique» et qu’elle parlait «d’intentions et du fait que quelqu’un détestait l’Amérique, ce que nous savions déjà». Et le président américain de conclure: «Si j’avais su qu’il allait y avoir une attaque contre l’Amérique, j’aurais tout fait pour l’empêcher».

Ce que dit le mémo

Plusieurs passages du texte rendu public par la Maison Blanche ont été censurés. Il s’agit des passages qui font état des sources des services de renseignement américain. Ces sources sont soit «clandestines», soit des «services étrangers» ou encore des informations publiées par la presse (et notamment des interviews accordées par Ben Laden).

Le mémo rappelle que Ben Laden déclare depuis 1997 vouloir s’en prendre aux Etats-Unis et précise qu’il veut «exercer des représailles contre Washington» à la suite du bombardement de sa base afghane en 1998.

La note indique que «des informations du FBI (…) donnent des signes d’activités suspectes dans ce pays correspondant à des préparatifs de détournements d’avions et d’autres types d’attentats, y compris la surveillance de bâtiments fédéraux à New York».

Selon le mémo, «une source clandestine a indiqué en 1998 qu’une cellule de Ben Laden à New York recrutait des Américains musulmans pour des attentats». Les rédacteurs de la note adressée au chef de l’Etat ajoutent: «nous n’avons pas été en mesure de corroborer certaines des menaces les plus sensationnelles comme celle d’un service [censuré] en 1998 disant que Ben Laden voulait détourner un avion américain pour obtenir la libération du «cheikh aveugle» Omar Abdel Rahman et d’autres extrémistes détenus aux Etats-Unis». Omar Abdel Rahman a été condamné à la prison à perpétuité aux Etats-Unis pour avoir organisé le premier attentat contre l’immeuble du World Trade Center en 1993.

Un document qui pourrait peser lourd dans la campagne présidentielle

George Bush estime que si les services de renseignement américains «avaient trouvé quelque chose, il [l]’en aurait informé tout en précisant qu’il reviendra à la commission d’enquête d’établir la manière dont les renseignements disponibles avant le 11 septembre 2001 ont été rassemblés et transmis.

Le président américain s’était initialement opposé en 2002 à la création de cette commission d’enquête indépendante. La commission doit néanmoins l’entendre ainsi que son vice-président, Dick Cheney, au cours d’entretiens à huis clos au cours des prochaines semaines. Elle rendra ses conclusions au mois de juillet prochain, soit quatre mois avant l’élection présidentielle de novembre 2004. L’opposition démocrate accuse de plus en plus vivement l’administration Bush de ne pas avoir pris suffisamment au sérieux la menace terroriste avant le 11 septembre. Un conseiller du candidat démocrate John Kerry s’est même étonné que George Bush, qui se trouvait en vacances dans son ranch texan le jour où le mémo lui a été remis, n’a pas pris la peine de convoquer «une réunion d’urgence» concernant ces menaces.



par Philippe  Couve

Article publié le 12/04/2004 Dernière mise à jour le 12/04/2004 à 13:22 TU