Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Attentats

Ben Laden, toujours présent

A la veille du deuxième anniversaire de l’attaque d’Al Qaïda contre les Etats-Unis, la télévision internationale Al Jazira a diffusé une nouvelle cassette vidéo montrant Oussama ben Laden et son principal bras droit, toujours aussi déterminés.
Il n’était pas réapparu sur les écrans depuis dix-sept mois. Mercredi soir, la chaîne de télévision qatarie Al Jazira a diffusé une cassette vidéo montrant Oussama Ben Laden en compagnie de son principal lieutenant, l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri. Le document ne laissaient planer aucun doute sur l’identité des deux hommes. Vêtus d’un costume afghan (ou pakistanais), ils parcouraient les pentes d’une montagne. Ils étaient armés et apparemment équipés comme des maquisards habitués à vivre dans la clandestinité. Les commentateurs estiment qu’ils semblaient «vieillis» et «fatigués», probablement en raison de la traque dont ils sont l’objet. Mais ils apparaissaient en tout cas à la fois parfaitement sereins et toujours aussi déterminés.

Le premier indice livré par cette cassette est que Ben Laden et Al-Zawahiri sont vraisemblablement en vie. Le second élément est que, sous réserve d’une expertise plus approfondie, la scène a manifestement été tournée après le déclenchement de la campagne américano-britannique contre l’Irak. Dans le document, le bras droit du chef d’Al Qaïda prend la parole pour s’adresser aux Irakiens : «Dévorer les Américains comme les lions dévorent leurs proies et enterrez-les dans les cimetières d’Irak», déclare-t-il. Et il ajoute : «La bataille avec les Américains n’a pas encore commencé». Zawahiri s’adresse aussi aux Palestiniens pour leur conseiller de «ne pas se laisser entraîner par les tromperies de l’Amérique et ses agents qui bénissent la feuille de route pour l’enfer».

Autre élément important : la date de diffusion. En s’arrangeant pour que la cassette parvienne à son destinataire à la veille de la commémoration des attentats, non seulement le chef d’Al Qaïda ne renonce pas au symbolisme dans lequel il s’est illustré en s’attaquant aux tours du World Trade Center, mais il révèle également qu’Al Qaïda dispose toujours d’une logistique internationale parfaitement opérationnelle. Et ce n’est pas seulement valable dans le domaine de la communication. Le succès des attaques anti-américaines commises par Al Qaïda en ce 11 septembre 2001 ont provoqué à l’égard de l’organisation terroriste une immense vague de sympathie internationale parmi nombre de frustrés du développement économique et d’opposants à la politique de Washington.

Les démons de l’Amérique toujours introuvables

Le mode de traitement appliqué par l’administration américaine, qui a multiplié les interventions extérieures en diabolisant ses contradicteurs, n’a fait que renforcer cette tendance. D’Afrique au Pacifique, de Casablanca à Bali, l’islam est désormais devenu le vecteur d’une contestation politique radicale qui s’exprime dans le sang et finit toujours par se justifier au nom de la Palestine, de l’Irak, ou du combat contre ces nouveaux Croisés dont les Américains sont censés être les principaux porte-parole.

«Ces 24 derniers mois ont vu des progrès contre l’ennemi. Les terroristes ont perdu leurs camps d’entraînement en Afghanistan. Ils ont perdu la protection des Taliban. Al Qaïda a perdu près des deux tiers de ses dirigeants identifiés», s’est félicité le président américain mercredi, une heure après la diffusion par Al Jazira de la fameuse cassette. Cependant les deux principaux démons actuels de l’Amérique (Ben Laden et Saddam Hussein) demeurent introuvables. Et George Bush va avoir du mal à convaincre que, grâce à sa politique du bâton, nous vivons dans un monde plus sûr dont les ennemis n’auront jamais accès à des armes de destruction massive. Il a d’ailleurs admis que «l’ennemi est blessé mais toujours plein de ressources, il recrute activement, et (est) toujours dangereux».



par Georges  Abou

Article publié le 11/09/2003