Attentats
Le retour de la menace Al-Qaïda
La récente vague d’attentats qui a frappé le Maroc et l’Arabie Saoudite montre clairement, selon les Etats-Unis, que le réseau terroriste Al-Qaïda reste la «menace principale» dans le monde. Un point de vue qui ne semble pas prendre en compte la capacité de nombreuses organisations locales à mener, de façon indépendante, des attaques meurtrières.
La couleur est passée du jaune à l’orange. Pour la quatrième fois en quinze mois, les Etats-Unis ont décidé dé rehausser mardi le niveau d’alerte terroriste en raison du risque renouvelé d’attentats contre les Etats-Unis. Tom Ridge, secrétaire à la sécurité intérieure, a expliqué dans un communiqué que la principale menace venait toujours du réseau Al-Qaïda et de ses sympathisants. Selon les services de renseignements américains, le réseau serait entré dans une «phase opérationnelle» mondiale. Des informations sur lesquelles revenait quelques heures plus tard son adjoint Asa Hutchinson en précisait que l’élévation du niveau d’alerte était notamment due aux «récentes attaques terroristes en Arabie Saoudite et au Maroc». Et selon lui, «Al-Qaïda demeure la menace principale».
Ses propos corroborent la thèse défendue par les autorités marocaines selon laquelle une «main étrangère» serait à l’origine des cinq attentats-suicide qui ont entraîné la mort de 41 personnes la semaine dernière à Casablanca. Le nom d’Al-Qaïda n’a certes toujours pas été prononcé, mais les premiers éléments de l’enquête permettent, selon le ministre marocain de l’Intérieur Mohamed Benaïssa, de confirmer «les présomptions sur la connexion avec le terrorisme international». La présence du réseau Al-Qaïda au Maroc avait déjà été évoquée en mai 2002 lors de l’arrestation d’un groupe de dix personnes, dirigé par trois Saoudiens, une entité accusée de constituer une cellule terroriste dormante.
Dans ce contexte, il est tentant d’attribuer à Al-Qaïda les attentats commis au Maroc la semaine dernière, et le 12 mai à Ryad contre des intérêts américains. D’autant que le numéro 2 du réseau terroriste, Ayman Al-Zawahiri, a appelé, dans un message diffusé mercredi par la chaîne arabophone Al-Jazira, à la multiplication des attentats-suicide anti-occidentaux. «O Musulmans, prenez votre décision et frappez les ambassades des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d’Australie et de Norvège, leurs firmes et leurs employés», déclare notamment Al-Zawahiri dans cet enregistrement de trois minutes trente, incitant les fidèles à s’inspirer dans leurs opérations des attentats terroristes du 11 septembre 2001 commis à Washington et New-York. Une déclaration qui a été interprétée comme une revendication des attentats perpétrés au cours des derniers jours.
Une stratégie stérile
La piste Al-Qaïda est en fait régulièrement évoquée sur toute la surface du globe depuis le 11 septembre 2001. C’était ainsi le cas en Tchétchénie voilà quelques jours après que deux attentats-suicide aient tué plusieurs dizaines de personnes. Pourtant, l’organisation d’Oussama Ben Laden n’est probablement plus ce qu’elle était avant le 11 septembre 2001. Elle a sans nul doute été mise à mal par l’intervention militaire en Afghanistan. Le président américain George Bush expliquait d’ailleurs samedi dans son intervention hebdomadaire radiophonique que «près de la moitié des principaux dirigeants d'Al-Qaïda» avaient été capturés ou tués. Et George Bush d’ajouter: «avec la libération de l'Irak et de l'Afghanistan, nous avons éliminé des alliés d'Al-Qaïda, coupé les sources de financement du terrorisme et assuré qu'aucun réseau terroriste n'obtiendrait des armes de destruction massive du régime de Saddam Hussein».
Le président américain ne semble en fait pas tenir compte de la capacité à organiser des attaques qu’ont certains mouvements terroristes implantés localement. Oussama Ben Laden insistait pourtant déjà dans un message diffusé le 11 février par Al-Jazira sur «l’importance des attentats-suicide qui ont fait leurs preuves en Israël et aux Etats-Unis» et demandait aux musulmans de se «mobiliser pour se libérer du joug des régimes apostats, asservis par l’Amérique». Et il avait alors dressé une liste de pays dans laquelle figuraient nomment le Maroc et l’Arabie Saoudite. Plus qu’une simple structure opérationnelle, le réseau Al-Qaïda propose donc une véritable idéologie qui suscite une adhésion grandissante dans certains endroits de la planète.
Du coup, le démantèlement du réseau Al-Qaïda ne peut que difficilement permettre aux Américains d’atteindre leur objectif déclaré, l’éradication du terrorisme. Eux-mêmes sont d’ailleurs bien placés pour le savoir. Bien avant les attentats du 12 mai dernier, leurs intérêts en Arabie Saoudite avaient été visés en 1995 par des attaques terroristes perpétrées contre une société américaine chargée d’entraîner la garde nationale saoudienne. Deux groupes avaient alors revendiqué les attentats, les Tigres du Golfe et le Mouvement islamique pour le changement. Huit ans plus tard, leurs noms ne sont plus évoqués. La cible des attentats était pourtant la même. Mais les Etats-Unis n’envisagent plus désormais que de telles attaques puissent se produire sans l’aide du réseau Al-Qaïda.
Ses propos corroborent la thèse défendue par les autorités marocaines selon laquelle une «main étrangère» serait à l’origine des cinq attentats-suicide qui ont entraîné la mort de 41 personnes la semaine dernière à Casablanca. Le nom d’Al-Qaïda n’a certes toujours pas été prononcé, mais les premiers éléments de l’enquête permettent, selon le ministre marocain de l’Intérieur Mohamed Benaïssa, de confirmer «les présomptions sur la connexion avec le terrorisme international». La présence du réseau Al-Qaïda au Maroc avait déjà été évoquée en mai 2002 lors de l’arrestation d’un groupe de dix personnes, dirigé par trois Saoudiens, une entité accusée de constituer une cellule terroriste dormante.
Dans ce contexte, il est tentant d’attribuer à Al-Qaïda les attentats commis au Maroc la semaine dernière, et le 12 mai à Ryad contre des intérêts américains. D’autant que le numéro 2 du réseau terroriste, Ayman Al-Zawahiri, a appelé, dans un message diffusé mercredi par la chaîne arabophone Al-Jazira, à la multiplication des attentats-suicide anti-occidentaux. «O Musulmans, prenez votre décision et frappez les ambassades des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d’Australie et de Norvège, leurs firmes et leurs employés», déclare notamment Al-Zawahiri dans cet enregistrement de trois minutes trente, incitant les fidèles à s’inspirer dans leurs opérations des attentats terroristes du 11 septembre 2001 commis à Washington et New-York. Une déclaration qui a été interprétée comme une revendication des attentats perpétrés au cours des derniers jours.
Une stratégie stérile
La piste Al-Qaïda est en fait régulièrement évoquée sur toute la surface du globe depuis le 11 septembre 2001. C’était ainsi le cas en Tchétchénie voilà quelques jours après que deux attentats-suicide aient tué plusieurs dizaines de personnes. Pourtant, l’organisation d’Oussama Ben Laden n’est probablement plus ce qu’elle était avant le 11 septembre 2001. Elle a sans nul doute été mise à mal par l’intervention militaire en Afghanistan. Le président américain George Bush expliquait d’ailleurs samedi dans son intervention hebdomadaire radiophonique que «près de la moitié des principaux dirigeants d'Al-Qaïda» avaient été capturés ou tués. Et George Bush d’ajouter: «avec la libération de l'Irak et de l'Afghanistan, nous avons éliminé des alliés d'Al-Qaïda, coupé les sources de financement du terrorisme et assuré qu'aucun réseau terroriste n'obtiendrait des armes de destruction massive du régime de Saddam Hussein».
Le président américain ne semble en fait pas tenir compte de la capacité à organiser des attaques qu’ont certains mouvements terroristes implantés localement. Oussama Ben Laden insistait pourtant déjà dans un message diffusé le 11 février par Al-Jazira sur «l’importance des attentats-suicide qui ont fait leurs preuves en Israël et aux Etats-Unis» et demandait aux musulmans de se «mobiliser pour se libérer du joug des régimes apostats, asservis par l’Amérique». Et il avait alors dressé une liste de pays dans laquelle figuraient nomment le Maroc et l’Arabie Saoudite. Plus qu’une simple structure opérationnelle, le réseau Al-Qaïda propose donc une véritable idéologie qui suscite une adhésion grandissante dans certains endroits de la planète.
Du coup, le démantèlement du réseau Al-Qaïda ne peut que difficilement permettre aux Américains d’atteindre leur objectif déclaré, l’éradication du terrorisme. Eux-mêmes sont d’ailleurs bien placés pour le savoir. Bien avant les attentats du 12 mai dernier, leurs intérêts en Arabie Saoudite avaient été visés en 1995 par des attaques terroristes perpétrées contre une société américaine chargée d’entraîner la garde nationale saoudienne. Deux groupes avaient alors revendiqué les attentats, les Tigres du Golfe et le Mouvement islamique pour le changement. Huit ans plus tard, leurs noms ne sont plus évoqués. La cible des attentats était pourtant la même. Mais les Etats-Unis n’envisagent plus désormais que de telles attaques puissent se produire sans l’aide du réseau Al-Qaïda.
par Olivier Bras
Article publié le 22/05/2003