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Attentats

Le bagagiste de Roissy mis en examen

Le juge anti-terroriste Gilbert Thiel a mis en examen mercredi et écroué Abderazak Besseghir, arrêté samedi à l’aéroport de Roissy en possession d’armes et d’explosifs.
Au terme de quatre jours d’enquête, Abderazak Besseghir a été mis en examen mercredi pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», «infraction à la législation sur les armes, les munitions et les explosifs» et «détention de faux documents administratifs». Le juge d’instruction Gilbert Thiel a également prononcé la mise en examen d’un oncle d’Abderazak Besseghir, un Algérien de 43 ans entré en France à l’aide de faux papiers d’identité, qui doit répondre des chefs d’accusation suivants: «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», «infraction à la législation sur les étrangers» et «détention de faux documents administratifs».

Abderazak Besseghir, un jeune homme de 27 ans, a été arrêté samedi en milieu de journée à l’aéroport de Roissy, son lieu de travail. Il avait été vu quelques heures auparavant dans l’un des parkings de cet aéroport en train de manipuler une arme extraite du coffre de sa voiture. Alertée par un témoin, la police a procédé à son interpellation et avait découvert dans son véhicule un pistolet, un pistolet-mitrailleur, un rouleau de mèche lente, deux détonateurs et cinq pains de tolite, un explosif militaire d’origine yougoslave. Les policiers ont également trouvé un catalogue d’uniformes utilisés par le personnel aérien, des textes pro-palestiniens et à caractère religieux islamiste, ainsi qu’un agenda sur lequel étaient notés les horaires de plusieurs vols à destination des Etats-Unis. Des documents qui ont amené les enquêteurs vers la piste d’un éventuel réseau terroriste au détriment de celle du grand banditisme.

Leur travail d’enquête vise notamment à établir la provenance de ces armes et de ces explosifs, soigneusement emballés dans un emballage plastique. Cet arsenal militaire peut provenir des soutes d’un avion tout comme d’un autre véhicule garé dans l’un des parkings de l’aéroport. Actuellement en cours, l’examen scientifique des différents éléments découverts permettra notamment de savoir s’ils portent des empreintes digitales. Plusieurs particules prélevées dans le vestiaire du bagagiste sont également en cours d’analyse. Un chien spécialisé de la police aurait détecté samedi des traces d’explosifs dans l’armoire utilisée par Abdelrazak Besseghir. Des traces d’explosif auraient également été relevées sur la banquette arrière de sa voiture et dans un siège-bébé.

Le témoin qui a averti samedi la police est un ancien légionnaire. Il aurait été intrigué par les cliquetis métalliques provenant du coffre de la voiture d’Abderazak Besseghir et l’aurait alors vu en train de manier une arme. La personnalité de ce témoin, Marcel L., est l’un des éléments clef de ce dossier. Le quotidien Le Parisien révèle dans son édition de jeudi qu’il a été condamné à plusieurs reprises pour «infraction à la législation sur les armes», «association de malfaiteurs» et «extorsion de fonds». Les policiers l’ont entendu mardi avant de le remettre en liberté.

La thèse du complot familial

Depuis son arrestation, Abderazak Besseghir affirme être victime d’un complot ourdi par sa belle-famille. Français d'origine algérienne, il a perdu son épouse, Louisa Bechiri, voilà quelques mois, décédée à la suite de très graves brûlures. Le drame s’est produit en juillet. Louisa Bechiri est sortie en flammes du pavillon que le couple habitait. Brûlée à 60%, elle a succombé à ses blessures deux mois plus tard. Les étranges conditions dans lesquelles elle a trouvé la mort avaient amené la police judiciaire à ouvrir une enquête. Abderazak Besseghir avait ainsi été brièvement placé en garde à vue, avant que la justice ne conclue à la thèse du suicide. La famille de Louisa Bechiri n’a, elle, jamais cru en l’innocence de Abderazak Besseghir. Dans une interview publiée mercredi par le quotidien France Soir, les parents de la défunte déclarent: «Louisa ne voulait pas mettre fin à ses jours mais quitter son mari parce que l’existence n’était pas tenable avec lui. Elle nous rapportait qu’il se comportait comme un taliban».

La haine que lui voue la famille Bechiri expliquerait, selon Abderazak Besseghir, la saisie d’armes dans sa voiture. Il serait la victime d’un coup monté, quelqu’un se chargeant de placer la dangereuse cargaison dans son coffre. Son nom n’avait jusque-là jamais été mêlé à des affaires de terrorisme, les services de police ne relevant dans son passé judiciaire qu’une petite affaire de dégradation de biens publics en 1997. Plusieurs dirigeants de la société qui l’emploie l’ont qualifié de «garçon sans histoires». Chargé de la garde de son fils, il vit de nouveau sous le toit de la maison familiale située dans un quartier tranquille de Bondy. C’est là que se sont rendus les enquêteurs peu après son arrestation pour interpeller son père et ses deux frères, tous trois interrogés puis remis en liberté. Les membres de sa famille n’ont depuis de cesse de clamer l’innocence d’Abderazak Besseghir en affirmant qu’il n’a absolument rien d’un extrémiste islamiste. Les policiers n’ont certes trouvé jusqu’à présent aucun élément permettant de le lier à un quelconque réseau. Mais ils n’excluent pas la possibilité qu’Abdlelrazak Besseghir puisse être l’agent dormant d’une organisation terroriste.



par Olivier  Bras

Article publié le 02/01/2003