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Attentats

Les Etats-Unis relancent la vaccination contre la variole

Près de 500 000 personnes, soldats, médecins, infirmiers, devraient recevoir le vaccin contre la variole aux Etats-Unis, durant l’année 2003. Pour Washington, cette décision vise à protéger les populations en cas d’attaque terroriste utilisant des armes biologiques ou chimiques. La variole fait, en effet, partie des virus les plus contagieux et les plus dangereux et sa diffusion pourrait faire des ravages.
L’éradication de la variole a été annoncée en 1980. Depuis cette date, la vaccination contre cette maladie a été abandonnée. Officiellement, les souches du virus n’ont été conservées que dans deux laboratoires, aux Etats-Unis et en Russie. Malgré tout, il semble que certains pays s’en sont procurés et pourraient avoir l’intention de les utiliser à des fins terroristes. L’Irak, qui est devenu depuis la fin de la campagne militaire en Afghanistan, le deuxième pays-cible des Etats-Unis dans son offensive anti-terroriste post-11 septembre, en ferait partie.

Dans ce contexte et après les attaques à l’anthrax qui ont touché le pays l’année dernière, le gouvernement américain a examiné toutes les solutions envisageables pour protéger les populations en cas d’attaque de ce type. Des commandes de doses de vaccins ont été passées auprès des laboratoires qui en disposaient encore pour reconstituer les stocks et pouvoir répondre à la demande en cas de nécessité. Aujourd’hui, le gouvernement américain décide de passer à la vitesse supérieure en engageant un programme de vaccination ciblé sur les militaires et le personnel médical d’urgence, qui risquent d’être les premiers exposés au virus. Mais dès 2004, cette campagne pourrait être étendue à toute la population civile mais sur la base du volontariat.

Un risque mortel

En effet, le vaccin contre la variole présente un certain nombre de risques. Les personnes dont le système immunitaire est déficient, les enfants, les personnes âgées sont particulièrement exposées à ses effets secondaires, comme l’encéphalite. Il peut même provoquer la mort dans un cas sur un million. Si cette proportion reste faible, il n’en demeure pas moins que la perspective d’une telle perte humaine occasionnée par une vaccination préventive contre un virus, dont la diffusion ne pourrait être que d’origine terroriste, a de quoi faire réfléchir. A titre d’exemple, un programme d’immunisation à l’échelle de toute la population américaine pourrait entraîner la mort de trois cents personnes et des complications pour deux mille autres. Peut-être pour rien. D’autre part, les personnes vaccinées peuvent transmettre le virus pendant quelques jours après l’injection. Ce qui représente aussi un risque non négligeable.

Il n’empêche que la menace semble assez importante à George W. Bush, le président des Etats-Unis, pour qu’il décide de s’engager dans cette voie et de mener une grande campagne d’information auprès de la population. Dans l’optique de donner à chaque Américain toutes les données nécessaires pour éclairer son choix. «Ce qui est important est de nous assurer qu’il y a suffisamment d’informations pour que les gens prennent une décision sage».

En Israël, les autorités ont déjà vacciné contre la variole 15 000 soldats, policiers, pompiers, médecins, infirmiers, tous volontaires. Quatre personnes ont souffert d’effets secondaires. Parmi elles, un bébé et une femme qui avaient été en contact avec la peau de l’un des vaccinés. En Europe, les responsables politiques se trouvent confrontés à la même problématique : faut-il ou non relancer la vaccination contre la variole ? En France, le gouvernement a annoncé qu’il disposait d’un stock de 10 millions de doses suffisant pour protéger 50 millions d’habitants. Tout en précisant que pour le moment, il n’était pas question de vacciner l’ensemble de la population du pays mais, tout au plus, d’avoir les moyens de circonscrire une éventuelle épidémie.



par Valérie  Gas

Article publié le 13/12/2002