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Attentats

Al-Qaïda : la menace est toujours là

L’enquête sur l’attentat de Bali qui a coûté la vie à près de 200 personnes, au mois d’octobre, avance. Les autorités indonésiennes ont annoncé l’arrestation de l’homme qui a préparé la bombe et la poursuite des recherches pour interpeller ses complices. Dans le même temps, Al-Qaïda a revendiqué cette attaque comme elle l’avait fait auparavant pour l’attentat contre la synagogue de Djerba, perpétré au mois d’avril 2002. De plus en plus d’indices montrent que l’organisation terroriste d’Oussama Ben Laden est toujours active et possède des ramifications dans toutes les parties du monde.
«En tentant de frapper un avion américain en Arabie Saoudite, en faisant exploser une bombe dans une synagogue en Tunisie, en détruisant deux bateaux au Yémen, en attaquant la base Fialka au Koweit, et en faisant exploser des bombes dans les bordels et les discothèques en Indonésie, Al-Qaïda a montré qu’elle n’avait pas de scrupule à frapper sur des terres arabes ou islamiques si les cibles appartiennent à l’alliance judéo-croisée». Cette déclaration qui fait part de l’implication de l’organisation terroriste d’Oussama Ben Laden dans l’attentat de Bali, du 12 octobre dernier, a été diffusée sur le site Internet où ont déjà été revendiquées plusieurs actions, notamment celle qui a touché la synagogue de Djerba, au mois d’avril 2002.

Elle intervient alors que les enquêteurs indonésiens ont arrêté le propriétaire de la camionnette qui a servi pour commettre l’attentat contre le Sari Club, une boîte de nuit de Bali, dans lequel 190 personnes sont mortes. Celui-ci a reconnu son implication dans la préparation de l’attaque qui visait à «tuer le plus d’Américains possible». Il a d’ailleurs manifesté sa déception quant au résultat de l’attentat puisque ce sont essentiellement des Australiens qui ont perdu la vie dans l’incendie qui a suivi l’explosion de la voiture piégée. C’est lui qui aurait assuré la coordination des opérations, acheté le nitrate d’ammonium utilisé comme explosif et fabriqué la bombe.

«Tuer le plus d’Américains possible»

Cet homme de trente ans, identifié sous le nom d’Amrozi, appartiendrait à la Jamaah Islamiyah, un réseau terroriste implanté en Asie du Sud-Est, vraisemblablement lié à Al-Qaïda. Il a reconnu avoir eu des contacts avec Riduan Isamuddin qui est considéré comme le chef opérationnel de la Jamaah Islamiyah et Abu Bakar Bachir, son chef spirituel, actuellement détenu par la police. Pour les autorités indonésiennes, l’attentat de Bali est donc très vraisemblablement l’œuvre de la «nébuleuse Al-Qaïda». Le ministre de la Défense, Matori Abdul Jalil, a ainsi déclaré qu’il était «persuadé» que l’organisation d’Oussama Ben Laden était impliquée dans cette attaque.

L’enquête avance donc, pour la plus grande satisfaction de l’Australie qui est très étroitement associée aux recherches pour identifier les responsables de l’attentat. D’autant que la police indonésienne suit la piste de plusieurs autres suspects dont elle connaît les noms et qui seraient eux aussi impliqués dans cette affaire.

Un peu plus d’un an après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, la menace Al-Qaïda semble donc toujours aussi présente. Pour preuve, le secrétaire général d’Interpol, Ronald Noble, estime même, dans un entretien accordé au Figaro, qu’Oussama Ben Laden est «toujours en vie» et que l’organisation «prépare une opération terroriste d’envergure». Pour Dick Cheney, le vice-président américain, l’organisation est loin d’avoir été démantelée malgré l’intervention militaire en Afghanistan. Il estime ainsi, au contraire, qu’à l’heure actuelle, Al-Qaïda est «une nébuleuse répandue dans plus de soixante pays». D’ailleurs, Nicolas Sarkozy, le ministre français de l’Intérieur, a aussi confirmé la présence de membres de ce réseau terroriste dans l’Hexagone, en déclarant que les récentes arrestations d’islamistes effectuées, notamment dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de Djerba, avaient un lien avec Al-Qaïda.

Dans plusieurs pays comme la France ou la Suisse, des simulations d’attaques terroristes, par exemple avec des armes chimiques ou bactériologiques, ont été réalisées pour tester les capacités de réactions des forces militaires et des secours. Et en Grande-Bretagne, le ministère de l’Intérieur a même publié récemment, dans un communiqué, une mise en garde contre une attaque nucléaire ou chimique susceptible d’être menée par Al-Qaïda. Ce texte alarmant a été rapidement retiré et remplacé par un autre plus modéré. Mais cet épisode montre que la menace de voir l’organisation tenter d’autres actions spectaculaires est prise très au sérieux par les autorités des pays occidentaux.



par Valérie  Gas

Article publié le 08/11/2002