Attentats
Les familles déterminées à «<i>ruiner le terrorisme</i>»
Réunis au sein du collectif «Familles du 11 septembre unies pour ruiner le terrorisme», plus de 600 proches des victimes des attentats, qui ont frappé New York et Washington il y a bientôt un an, ont déposé une plainte civile contre une centaine de personnes ou organisations qu’ils accusent de financer le terrorisme. Cette plainte, qui vise notamment des banques internationales et des organisations caritatives, est également dirigée contre trois membres de la famille royale saoudienne, dont l’actuel ministre de la Défense et de l’Aviation le prince Sultan ben Abdelaziz al-Saoud. Elle met de nouveau le royaume wahhabite sur la sellette après la controverse suscitée par un rapport très critique sur l’Arabie saoudite accusée d’être notamment «active à tous les niveaux de la chaîne terroriste».
«Un des buts premiers de cette action est, pour les familles, de faire en sorte que les faits soient exposés au grand jour». Ron Motley, l’avocat principal des familles des victimes du 11 septembre, connu pour son combat contre les fabricants des cigarettes aux Etats-Unis, estime en effet que cette plainte devrait permettre de «protéger les Américains des futures atrocités que ces barbares planifient». Selon lui, il ne s’agit pas seulement d’une question de justice et de responsabilités puisque l’un des objectifs de cette action en justice est de «ruiner le terrorisme».
La plainte a été déposée contre le Soudan, trois princes de la famille royale saoudienne, sept banques internationales et huit organisations caritatives islamiques, ainsi que plusieurs autres financiers. Ils sont tous accusés d’avoir subventionner de façon occulte des réseaux terroristes. Les plaignants, qui se disent déterminés à «couper le flot financier qui alimente le terrorisme dans le monde», réclament le versement de dommages-intérêts astronomiques allant de 1000 milliards à 3000 milliards de dollars par personne ou entité assignée et cela à titre collectif ou individuel. L’Etat du Soudan se voit ainsi réclamer 100 000 milliards de dollars. Ces sommes, qui semblent démesurées, pourraient varier en fonction du nombre de plaignants. «Nous nous attendons à en avoir un millier d’ici le mois de septembre», a affirmé Ron Motey.
Trois princes saoudiens sur la sellette
La plainte déposée par les familles des victimes vise, par ailleurs, trois membres influents de la famille royale saoudienne. «Nous sommes, a notamment affirmé l’avocat Ron Motley, en possession d’informations qui montrent sans équivoque que ces personnes assignées sont responsables pour le financement d’Al-Qaïda et d’Oussama ben Laden». L’actuel ministre de la Défense et de l’Aviation, Sultan ben Abdelaziz al-Saoud, est ainsi accusé d’avoir, depuis 1994, fait don d’au moins six millions de dollars à quatre organisations caritatives, parmi lesquelles International islamic relief organisation, une association qui selon le département d’Etat finance les réseaux terroristes. Sa fonction à la tête du groupe bancaire Dar al Maal al-Islami, est à l’origine de la mise en cause d’un autre prince, Mohammed al-Fayçal Al Saoud. Son établissement est impliqué, à travers plusieurs filiales, dans le financement du réseau Al-Qaïda. Un frère d’Oussama ben Laden est d’ailleurs membre du conseil d’administration de ce groupe bancaire.
L’accusation à l’encontre du prince Turki al-Fayçal al-Saoud est sans doute la plus grave. Cet ancien chef des services secrets saoudiens, démis de ses fonctions quelques semaines avant le 11 septembre, aurait accepté en 1998 de ne pas demander l’extradition d’Oussama ben Laden. Il aurait même fourni «une aide généreuse» aux taliban, en échange de quoi l’ennemi public numéro un des Etats-Unis se serait engagé à ne pas utiliser l’Afghanistan comme base arrière pour déstabiliser le régime wahhabite. Or l’extradition d’Oussama ben Laden aurait pu, dans l’esprit des plaignants, permettre d’éviter le drame du 11 septembre.
Cette action en justice intervient quelques jours après la polémique suscitée par un rapport très critique sur l’Arabie saoudite accusée d’être notamment «active à tous les niveaux de la chaîne terroriste». Elle met de nouveau le royaume wahhabite sur la sellette. L’un des avocats des plaignants, le Français Jean-Charles Brisard, affirme que «cette plainte ne vise pas à déstabiliser le régime saoudien» qui n’a pas été nommément cité. «Mais ce que le gouvernement américain ne peut pas faire, parce qu’il se trouve face à des intérêts stratégiques majeurs, c’est le devoir de la justice de le faire», a-t-il toutefois estimé, en soulignant qu’il faut avant tout «penser aux victimes».
Ecouter aussi:
Olivier Da Lage, Invité de la rédaction de RFI (vendredi 16 août 2002).
La plainte a été déposée contre le Soudan, trois princes de la famille royale saoudienne, sept banques internationales et huit organisations caritatives islamiques, ainsi que plusieurs autres financiers. Ils sont tous accusés d’avoir subventionner de façon occulte des réseaux terroristes. Les plaignants, qui se disent déterminés à «couper le flot financier qui alimente le terrorisme dans le monde», réclament le versement de dommages-intérêts astronomiques allant de 1000 milliards à 3000 milliards de dollars par personne ou entité assignée et cela à titre collectif ou individuel. L’Etat du Soudan se voit ainsi réclamer 100 000 milliards de dollars. Ces sommes, qui semblent démesurées, pourraient varier en fonction du nombre de plaignants. «Nous nous attendons à en avoir un millier d’ici le mois de septembre», a affirmé Ron Motey.
Trois princes saoudiens sur la sellette
La plainte déposée par les familles des victimes vise, par ailleurs, trois membres influents de la famille royale saoudienne. «Nous sommes, a notamment affirmé l’avocat Ron Motley, en possession d’informations qui montrent sans équivoque que ces personnes assignées sont responsables pour le financement d’Al-Qaïda et d’Oussama ben Laden». L’actuel ministre de la Défense et de l’Aviation, Sultan ben Abdelaziz al-Saoud, est ainsi accusé d’avoir, depuis 1994, fait don d’au moins six millions de dollars à quatre organisations caritatives, parmi lesquelles International islamic relief organisation, une association qui selon le département d’Etat finance les réseaux terroristes. Sa fonction à la tête du groupe bancaire Dar al Maal al-Islami, est à l’origine de la mise en cause d’un autre prince, Mohammed al-Fayçal Al Saoud. Son établissement est impliqué, à travers plusieurs filiales, dans le financement du réseau Al-Qaïda. Un frère d’Oussama ben Laden est d’ailleurs membre du conseil d’administration de ce groupe bancaire.
L’accusation à l’encontre du prince Turki al-Fayçal al-Saoud est sans doute la plus grave. Cet ancien chef des services secrets saoudiens, démis de ses fonctions quelques semaines avant le 11 septembre, aurait accepté en 1998 de ne pas demander l’extradition d’Oussama ben Laden. Il aurait même fourni «une aide généreuse» aux taliban, en échange de quoi l’ennemi public numéro un des Etats-Unis se serait engagé à ne pas utiliser l’Afghanistan comme base arrière pour déstabiliser le régime wahhabite. Or l’extradition d’Oussama ben Laden aurait pu, dans l’esprit des plaignants, permettre d’éviter le drame du 11 septembre.
Cette action en justice intervient quelques jours après la polémique suscitée par un rapport très critique sur l’Arabie saoudite accusée d’être notamment «active à tous les niveaux de la chaîne terroriste». Elle met de nouveau le royaume wahhabite sur la sellette. L’un des avocats des plaignants, le Français Jean-Charles Brisard, affirme que «cette plainte ne vise pas à déstabiliser le régime saoudien» qui n’a pas été nommément cité. «Mais ce que le gouvernement américain ne peut pas faire, parce qu’il se trouve face à des intérêts stratégiques majeurs, c’est le devoir de la justice de le faire», a-t-il toutefois estimé, en soulignant qu’il faut avant tout «penser aux victimes».
Ecouter aussi:
Olivier Da Lage, Invité de la rédaction de RFI (vendredi 16 août 2002).
par Mounia Daoudi
Article publié le 16/08/2002