Attentats
Zacarias Moussaoui plaide coupable
A la surprise générale et alors qu’il avait choisi, depuis sa première inculpation en décembre dernier, de garder le silence, Zacarias Moussaoui a affirmé jeudi qu’il avait décidé de plaider coupable devant le tribunal d’Alexandria chargé de le juger en septembre prochain. Une décision qui pourrait s’avérer dangereuse pour ce jeune franco-marocain de 34 ans, à ce jour seul inculpé en liaison avec les attentats du 11 septembre, puisqu’il reconnaît ainsi et pour la première fois les charges qui pèsent contre lui. Un de ses avocats, Me François Roux, ainsi que sa mère, affirment qu’il «n’est pas dans son état normal».
Zacarias Moussaoui a-t-il commis un suicide judiciaire en déclarant jeudi, à la juge Leonie Brinkema chargée de lui lire un troisième acte d’accusation, qu’il avait choisi de plaider coupable ? C’est en tout cas ce que semble croire un de ses défenseurs, pourtant récusé par le jeune franco-marocain, qui affirme que son ancien client «n’est pas dans son état normal et doit impérativement être assisté par des avocats». Me François Roux estime en effet que les dernières déclarations de Zacarias Moussaoui sont à mettre «sur le compte de conditions de détention infra-humaine». «Dix mois d’isolement total, la lumière 24h/24 et peut-être des gens qui lui mettent des idées dans la tête», sont sans nul doute, selon lui, à l’origine de cette décision de plaider coupable devant le tribunal chargé de le juger en septembre prochain. «Il ne faut pas laisser ce garçon tout seul aux prises, d’une part avec la justice américaine, d’autre part avec ses propres démons», a ainsi affirmé l’avocat qui a récemment sommé les autorités consulaires françaises de se rendre auprès du jeune homme qui selon lui n’a jamais été mis au courant qu’il avait droit à une assistance judiciaire française.
La décision de Zacarias Moussaoui a d’ailleurs produit un coup de théâtre au tribunal d’Alexandria en Virginie. Appelé à plaider coupable ou non coupable à chacune des nouvelles charges qui pèsent contre lui, le jeune homme a tout d’abord, comme lors des précédentes auditions, refusé de répondre à la juge Brinkema. Cette dernière, conformément à la loi américaine, a donc plaidé la non-culpabilité à sa place, comme elle l’avait fait précédemment. C’est alors qu’il s’est énervé affirmant qu’elle «le privait de justice». «Je veux plaider coupable. Je sais qui a commis l’attentat», a-t-il notamment déclaré à une juge médusée. Consciente de la portée judiciaire de ces nouvelles déclarations, Leonie Brinkema a refusé de les prendre en compte et a donné à Zacarias Moussaoui un délai d’une semaine de réflexion. «Etes-vous conscient, lui a-t-elle demandé, que vous admettez ce que le gouvernement vous impute ?». Visiblement convaincu de sa décision, le jeune homme a affirmé qu’il «ne changerait pas d’avis».
Une décision lourde de conséquences
Si Zacarias Moussaoui maintient sa décision de plaider coupable, son procès prévu le 30 septembre prochain, ne devrait être qu’une formalité. Tout le long débat sur la culpabilité sera en effet annulé et l’audience ne servira plus qu’à déterminer la sentence à laquelle le tribunal décidera de le condamner. Le jeune homme, qui a récusé tous ses avocats, aura par ailleurs du mal à convaincre les jurés de lui épargner la peine de mort. L’accusation ne se privera en effet pas de rappeler que Zacarias Moussaoui a affirmé «appartenir à Al Qaïda» et «faire serment d’allégeance à Oussama ben Laden», l’ennemi public numéro un des Etats-Unis, principal responsable des attentats du 11 septembre qui ont fait plus de 3000 morts.
En plaidant coupable, Zacarias Moussaoui a affirmé chercher à «avoir la vie sauve», sans doute comme l’a eu, dans son esprit, John Walker Lindh, le Taliban américain qui vient récemment d’éviter la prison à vie. Or le jeune franco-marocain n’est pas du tout dans le même cas de figure que le jeune Californien, arrêté par la CIA en Afghanistan. En échange de ses aveux, John Walker avait en effet obtenu que l’administration américaine abandonne les charges de meurtre et de terrorisme qui pesaient sur lui. Son procès qui devait s’ouvrir dans une quinzaine de jours a même été annulé. Or Zacarias Moussaoui va être jugé en septembre prochain et quatre des six chefs d’accusations pour lesquels il est inculpé sont passibles de la peine de mort. Sa mère, Aïcha El Wafi, affirme que son fils «s’est jeté tout seul dans la gueule du loup», estimant que les services américains lui ont fait passer des informations biaisées. Elle a rappelé que lors de leur dernière rencontre le 20 juin dernier, Zacarias lui avait assuré à maintes reprises qu’il était «innocent». Il aurait affirmé ne pas avoir de «sang sur les mains» et n’être qu’un simple «militant du droit des musulmans». Il s’agit donc selon elle d’une «manipulation» des Américains qui cherchent «à bâcler» le procès.
La décision de Zacarias Moussaoui a d’ailleurs produit un coup de théâtre au tribunal d’Alexandria en Virginie. Appelé à plaider coupable ou non coupable à chacune des nouvelles charges qui pèsent contre lui, le jeune homme a tout d’abord, comme lors des précédentes auditions, refusé de répondre à la juge Brinkema. Cette dernière, conformément à la loi américaine, a donc plaidé la non-culpabilité à sa place, comme elle l’avait fait précédemment. C’est alors qu’il s’est énervé affirmant qu’elle «le privait de justice». «Je veux plaider coupable. Je sais qui a commis l’attentat», a-t-il notamment déclaré à une juge médusée. Consciente de la portée judiciaire de ces nouvelles déclarations, Leonie Brinkema a refusé de les prendre en compte et a donné à Zacarias Moussaoui un délai d’une semaine de réflexion. «Etes-vous conscient, lui a-t-elle demandé, que vous admettez ce que le gouvernement vous impute ?». Visiblement convaincu de sa décision, le jeune homme a affirmé qu’il «ne changerait pas d’avis».
Une décision lourde de conséquences
Si Zacarias Moussaoui maintient sa décision de plaider coupable, son procès prévu le 30 septembre prochain, ne devrait être qu’une formalité. Tout le long débat sur la culpabilité sera en effet annulé et l’audience ne servira plus qu’à déterminer la sentence à laquelle le tribunal décidera de le condamner. Le jeune homme, qui a récusé tous ses avocats, aura par ailleurs du mal à convaincre les jurés de lui épargner la peine de mort. L’accusation ne se privera en effet pas de rappeler que Zacarias Moussaoui a affirmé «appartenir à Al Qaïda» et «faire serment d’allégeance à Oussama ben Laden», l’ennemi public numéro un des Etats-Unis, principal responsable des attentats du 11 septembre qui ont fait plus de 3000 morts.
En plaidant coupable, Zacarias Moussaoui a affirmé chercher à «avoir la vie sauve», sans doute comme l’a eu, dans son esprit, John Walker Lindh, le Taliban américain qui vient récemment d’éviter la prison à vie. Or le jeune franco-marocain n’est pas du tout dans le même cas de figure que le jeune Californien, arrêté par la CIA en Afghanistan. En échange de ses aveux, John Walker avait en effet obtenu que l’administration américaine abandonne les charges de meurtre et de terrorisme qui pesaient sur lui. Son procès qui devait s’ouvrir dans une quinzaine de jours a même été annulé. Or Zacarias Moussaoui va être jugé en septembre prochain et quatre des six chefs d’accusations pour lesquels il est inculpé sont passibles de la peine de mort. Sa mère, Aïcha El Wafi, affirme que son fils «s’est jeté tout seul dans la gueule du loup», estimant que les services américains lui ont fait passer des informations biaisées. Elle a rappelé que lors de leur dernière rencontre le 20 juin dernier, Zacarias lui avait assuré à maintes reprises qu’il était «innocent». Il aurait affirmé ne pas avoir de «sang sur les mains» et n’être qu’un simple «militant du droit des musulmans». Il s’agit donc selon elle d’une «manipulation» des Américains qui cherchent «à bâcler» le procès.
par Mounia Daoudi
Article publié le 19/07/2002