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Attentats

La CIA sur la sellette

Après le FBI, c'est aujourd'hui la CIA qui est accusée d'avoir mal géré les informations concernant les membres du réseau Al Qaïda présents sur le territoire américain, dont elle disposait avant les attentats du 11 septembre. Le magazine Newsweek révèle, dans sa dernière édition, que deux des terroristes qui étaient à bord de l'avion qui s'est écrasé sur le Pentagone avaient été identifiés.
Pourquoi la CIA, l’agence de renseignement américaine, n’a-t-elle pas exploité les informations dont elle disposait sur deux hommes, Khaled Al-Mihdar et Nawaf Al-Hazmi, présents aux Etats-Unis et identifiés comme appartenant à Al Qaïda depuis l’année 2000 ? Et surtout pourquoi n’a-t-elle pas transmis ces renseignements au FBI, la police fédérale américaine, ce qui aurait peut-être permis d’intercepter les terroristes avant les attentats du 11 septembre ? C’est autour de ces interrogations que s’articule l’article publié dans Newsweek qui met en cause les dysfonctionnements des services de renseignement américains.

Après enquête, le magazine a en effet découvert que depuis leur participation à une réunion des membres du réseau terroristes d’Oussama Ben Laden à Kuala Lumpur, en janvier 2000, les deux hommes avaient été fichés par la CIA. Malgré cela, il ont pu rentrer aux Etats-Unis et s’y promener pendant des mois sans être inquiétés. Selon Newsweek, «les responsables de l’agence n’ont pas alerté les services d’immigration, qui auraient pu les refouler à la frontière, ni le FBI qui aurait pu les filer pour découvrir leur mission».

Ils étaient dans l’annuaire

De bévues en négligences, la CIA aurait enchaîné les erreurs d’appréciation, ce qui a abouti à laisser deux terroristes extrêmement dangereux agir à leur guise. Ils ont ainsi ouvert des comptes en banque, utilisé des cartes de crédit, obtenu des permis de conduire, loué des appartements… et tout cela sous leur vrai nom. Ils étaient même répertoriés dans l’annuaire. A la fin de l’année 2000, Al-Mihdar qui était sorti des Etats-Unis et voyageait en Asie du Sud-Est et au Moyen Orient, a même réussi à obtenir le renouvellement de son visa par le consulat américain en Arabie Saoudite. Ce qui lui a permis de revenir sans encombre à New York en juillet 2001 et de préparer en relation avec les autres membres du réseau Al Qaïda, avec lesquels il se seraient réuni, les attentats qui ont coûté la vie à près de 3000 personnes. Le 25 août, Nawal Al-Hazmi a quant à lui acheté son billet pour le vol 77 [celui du Boeing qui s’est écrasé sur le Pentagone] avec sa carte de crédit.

Face aux accusations de Newsweek, les responsables de la CIA se défendent en expliquant que les deux hommes n’avaient pas été identifiés avec certitude comme étant des agents opérationnels du réseau de Ben Laden. Si l’information n’a pas été transmise, c’est pour uniquement pour cette raison. Il ne s’agirait donc pas d’un grave dysfonctionnement et d’une mésentente entre les services.

Résultat, il a fallu attendre la fin du mois d’août 2001 pour que la machine se mette en branle. Alerté par des informations concordantes sur l’imminence d’une attaque terroriste, George Tenet, la patron de la CIA, a alors demandé à ses agents de passer au crible tous les dossiers. C’est à ce moment-là, le 23 août, que la présence des deux terroristes sur le territoire américain a été révélée et que le FBI a été alerté du danger. Malgré les efforts importants déployés à partir de cette date pour les interpeller, les recherches de la police n’ont pas abouti.

Après ces révélations, le sénateur républicain Richard Shelby a indiqué qu’une enquête parlementaire allait être menée pour déterminer les raisons pour lesquelles «l’information n’a pas bien circulé entre les différentes agences». Cette affaire survient au moment où le FBI, qui avait aussi été accusé, il y a quelques semaines, d’avoir négligé des informations importantes concernant la préparation des attentats du 11 septembre, vient de présenter un plan de réforme destiné à lui donner plus de moyens pour combattre le terrorisme notamment, comme l’a déclaré le chef de la police fédérale, Robert Mueller, «en interprétant mieux le torrent d’information que nous recevons».



par Valérie  Gas

Article publié le 03/06/2002