Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Attentats

Les Américains visés

Deux soldats américains grièvement blessés au Koweit, une missionnaire américaine tuée dans le sud du Liban: la croisade anti-Ben Laden, la préparation de l’attaque contre l’Irak et le soutien de Washington à Israël désignent chaque citoyen américain comme une cible potentielle en terre arabe.
Les mises en garde, comme celle formulée mercredi encore par le département d'Etat américain, sont pertinentes. Les attaques contre les Américains, et contre leurs alliés, se succèdent à un rythme soutenu. L'embuscade tendue aux deux soldats américains, jeudi à l'aube, témoignent de ce climat de harcèlement permanent qui affecte désormais toute présence américaine à l'étranger, tant civile que militaire. Le mois dernier, déjà, deux soldats américains avaient été tués au Koweït dans un attentat revendiqué par Oussama ben Laden dans une enregistrement diffusé par la chaîne internationale Al Jazira, et finalement authentifié par Washington.

En six semaines, c’est la cinquième attaque contre des militaires américains au Koweït, où ils sont environ dix mille à préparer l’invasion de l’Irak. Selon le ministère koweïtien de l’Intérieur, l’assaillant «semble être» un sous-officier de police déséquilibré, qui avait été traité dans un hôpital psychiatrique. Après l’agression, il s’est enfui en Arabie Saoudite et les deux pays coordonnent leurs efforts pour l’arrêter et l’extrader, ajoute le communiqué.

Avec le Koweït, l'Arabie Saoudite et surtout le Yémen, c’est pratiquement toute la région qui semble actuellement entraînée dans cette guerre complexe entamée au lendemain du 11 septembre 2001. Le gouvernement yéménite, qui ne contrôle guère que les grandes agglomérations, a reconnu cette semaine avoir collaboré avec les Etats-Unis dans l’attaque au missile, sur son sol, qui avait coûté la vie à six Yéménites présentés comme des militants d’Al-Qaïda, le 3 novembre. Les six hommes étaient notamment recherchés pour leur implication dans l’attentat contre le navire de guerre américain USS Cole, qui avait causé la mort de dix-sept marins, en octobre 2000.

Noyau dur yéménite

Les autorités yéménites se montrent aussi de plus en plus impliquées dans la lutte contre le terrorisme. Ce 21 novembre, un hebdomadaire de Sanaa proche de la présidence annonçait l’arrestation récente de trois Yéménites soupçonnés d’appartenir au réseau Al-Qaïda et qualifiés comme des «éléments dangereux».

Si les renseignements collectés par les services de sécurité koweïtiens sont corrects, la capitale yéménite vient aussi d’échapper à un attentat majeur, après l’arrestation de deux Koweïtiens, au début du mois. Selon la presse de l’émirat, l’un d’entre eux, Mohsen al Fadli préparait une agression contre un hôtel abritant des ressortissants américains. Selon les journaux koweïtiens, Mohsen est un dirigeant local d’Al-Qaïda et il a livré des informations sur l’attentat perpétré le 6 octobre contre le pétrolier français Limburg, également cité par Oussama ben Laden. Les services de sécurité ont même établi une relation entre l’homme qu’ils détiennent et l’attentat contre le USS Cole.

Cette tension, révélatrice du très fort sentiment anti-américain qui s'est emparé des opinions publiques de la région, s’alimente du contexte proche et moyen-oriental, avec l’absence de perspective dans le dossier israélo-palestinien et la forte probabilité d’une nouvelle guerre contre l’Irak. Là aussi les ressortissants américains deviennent des cibles, à l’image de cette missionnaire américaine tuée par balles, à Saïda dans le sud du Liban, au moment où elle se rendait à la clinique dans laquelle elle travaillait, ce jeudi. Il y a quelques semaines, en Jordanie, c’est un coopérant américain de l’agence de développement Usaid qui était assassiné.



par Georges  Abou

Article publié le 21/11/2002