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Attentats

France : arrestation d'un réseau d'islamistes

Trois hommes ont été interpellés, le 16 décembre, près de Paris. Ils auraient séjourné en Afghanistan et en Tchétchénie, avant de venir en France. Suite aux perquisitions demandées par le juge antiterroriste, Jean-Louis Bruguière, les enquêteurs ont saisi une grosse somme d’argent, mais aussi un matériel nécessaire pour polluer, semble-t-il, le réseau de distribution d’eau de la capitale.
Il est 6 heures du matin, le 16 septembre, quand la section antiterroriste de la Direction de la sécurité du territoire (DST) interpellent trois hommes -un Algérien, un Franco-Algérien et un Marocain- soupçonnés d’appartenir à un réseau fondamentaliste musulman, près de Paris, dans une cité sensible. Une arrestation qui a pu avoir lieu grâce à des informations fournies par d’autres personnes arrêtées très récemment en France. Ils ont tout de suite été placés en garde à vue dans les locaux de la DST.

Depuis fin novembre, une vingtaine de personnes ont été appréhendées, dans le cadre de plusieurs dossiers et huit d’entre elles ont été mises en examen et incarcérées. Depuis cette date, les services antiterroristes, les magistrats et les policiers sont à pied d’œuvre et enchaînent plusieurs opérations, arrestations et mises en examen d’islamistes présumés, dans le cadre de dossiers dont le dénominateur commun est l’appartenance supposée à la mouvance fondamentaliste musulmane. Cette nouvelle opération judiciaire intervient donc dans un contexte d’inquiétude largement exprimée par les autorités françaises, concernant une éventuelle menace terroriste dans les pays occidentaux à l’approche des fêtes de fin d’année.

Pollution chimique ?

Au cours des perquisitions demandées par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière et menées aux domiciles des suspects, les policiers du contre-espionnage français ont saisi outre une forte somme d’argent en espèces -environ 5 000 dollars-, un ordinateur, de la documentation à caractère islamiste mais surtout des produits chimiques -liquides et en poudre contenus dans des flacons- très dangereux dont la nature n’a pas encore été établie. Actuellement, ils sont en cours d’analyse dans un laboratoire spécialisé. En arrêtant ces hommes, les policiers ont-ils déjoué un risque d’attentat chimique ou bactériologique dans la capitale ? Pour l’instant, rien ne le démontre vraiment mais les autorités restent sur leurs gardes.

«C’est une prise intéressante, surtout l’un des trois hommes, dans le contexte actuel mais il faut rester prudent sur la nature des opérations projetées et l’importance de la documentation saisie», a affirmé, ce mardi, une source proche de l’enquête, avant d’ajouter que le Franco-Algérien arrêté était «recherché» et serait un «gros poisson». Il s’agirait en fait de Mirouane Ben Ahmed, 29 ans, chimiste du groupuscule arrêté, probablement proche de l’Algérien islamiste Rabah Kadre, dit «Toufik», inculpé en Grande-Bretagne, pour la préparation d’un attentat et faisant partie du groupe de Francfort. Ce groupe avait notamment projeté un attentat, déjoué en décembre 2000, contre le marché de Noël de Strasbourg. Maintenant, au cours des interrogatoires, les enquêteurs vont s’attacher à retracer l’itinéraire des trois hommes et établir s’ils appartiennent ou non à un réseau actif ou logistique fondamentaliste.

Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur, a affirmé, ce mardi, que la découverte des produits chimiques étaient quelque chose de trés «trés sérieux», avant de préciser : «Beaucoup des informations données par la presse sont vraies. Quand on trouve des gens qui ont ce matériel, c'est forcément qu'on a bien fait de les arrêter». Toutefois, interrogé sur les menaces d'attentats chimiques à Paris, le ministre a refusé d'être plus précis, se contentant de déclarer : «Disons qu'il valait mieux les arrêter avant qu'après».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 17/12/2002