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Macédoine

Election présidentielle dans un climat apaisé

Candidat de l’Union social-démocrate, le Premier ministre Branko Crvenkovski fait figure de favori. 

		(Photo: AFP)
Candidat de l’Union social-démocrate, le Premier ministre Branko Crvenkovski fait figure de favori.
(Photo: AFP)
Des élections présidentielles anticipées sont convoquées mercredi en Macédoine, 40 jours après le décès du Président Boris Trajkovski, qui est mort dans un accident d’avion le 26 février. Candidat de l’Union social-démocrate, le Premier ministre Branko Crvenkovski fait figure de favori. Un second tour est prévu dans deux semaines, si aucun candidat n’obtient plus de 50% des suffrages dès ce mercredi.

De notre correspondant dans les Balkans

Trois ans après le conflit de 2001, la Macédoine a-t-elle tourné pour de bon la page de la guerre et des déchirements intercommunautaires? “C’est un paradoxe tragique, mais la mort du Président Trajkovski a peut-être représenté quelque chose de bon pour le pays”, affirme le journaliste Borjan Jovanovski, ancien porte-parole du Président décédé dans un accident d’avion le 26 février dernier. “Pour la première fois depuis l’indépendance du pays, en 1992, Macédoniens et Albanais ont communié dans la même émotion. C’est la première fois que tous les citoyens de ce pays ressentaient de la même manière un événement”.

Professant, selon ses propres termes, un optimisme “raisonnable”, Borjan Jovanovski note que le pays a passé avec succès un autre test important, en restant calme lors de la flambée de violence qui a embrasé le Kosovo les 17 et 18 mars dernier. “Le gouvernement a fermé les frontières durant 24 heures, mais personne, ni chez les Albanais ni chez les Macédoniens, n’a cherché à exploiter ces événements. La leçon de 2001 a peut-être porté, tout le monde a compris que la guerre n’était pas un jeu”.

Un taux de chômage de 40%

À Tetovo, la principale ville albanaise de Macédoine, située à une trentaine de kilomètres de la capitale Skopje, les rumeurs vont toujours bon train. Comme chaque printemps, on parle de jeunes gens qui seraient partis dans les montagnes du Sar, qui domine la ville, pour former une nouvelle guérilla. Pourtant, la ville de Tetovo ne cesse pas de s’étendre en nouveaux quartiers, et la frénésie de construction semble peu compatible avec une ambiance de veillée d’armes.

La situation économique est catastrophique”, assure pourtant Zamir Dika, numéro 2 du Parti démocratique albanais (PDSH). “Ne vous fiez pas à ces constructions: ce sont des investissements morts de gens qui ont gagné de l’argent dans le passé. En réalité, rien ne fonctionne, et la population vit de plus en plus mal”. Avec un taux de chômage estimé à 40% de la population active, près de la moitié des Macédoniens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Trafics en tout genre et blanchiment d’argent assurent néanmoins la fortune insolente d’une petite minorité.

Deux ex-guerilleros albanais en lice

Le PDSH, passé à l’opposition depuis septembre 2002, tire à boulets rouges sur le gouvernement actuel, qui réunit les sociaux-démocrates macédoniens du Premier ministre Branko Crvenkovski, lui-même candidat à l’élection présidentielle, et l’Union démocratique pour l’intégration (BDI), la formation créée par les anciens guérilleros albanais de l’UCK-M.

Pour le PDSH, l’application des accords de paix d’Ohrid est un échec, et le parti voudrait désormais transformer la Macédoine en une confédération de deux “États ethniques”. Le premier tour des élections présidentielles va donner lieu à un important match inter-albanais. L’ancien chef d’état-major de l’UCK-M, Gëzim Ostreni, portera les couleurs du BDI, contre le candidat du PDSH, Zudi Xhelili, un quasi-inconnu qui a, lui aussi, appartenu à la guérilla. Pour le second tour, qui aura lieu le 28 avril, les voix albanaises (25% du corps électoral) seront précieuses.


Le Président Boris Trajkovski, décédé le 26 février 2004. 

		(Photo: AFP)
Le Président Boris Trajkovski, décédé le 26 février 2004.
(Photo: AFP)

Des progrès dans les relations interethniques

Gëzim Ostreni souligne les avancées importantes qui ont été réalisées depuis les élections de septembre 2002. La décentralisation du pays, point essentiel des accords d’Ohrid, tarde pourtant toujours à se mettre en œuvre. En fait, l’avancée la plus notable concerne la situation de l’enseignement. Quelques semaines avant sa mort, Boris Trajkovski avait signé le décret de légalisation de l’Université de Tetovo. Cette structure d’enseignement supérieure en langue albanaise avait été créée de manière clandestine dans les années 1990, pour pallier la suppression des filières en langue albanaise de l’Université publique de Skopje. Gëzim Ostreni et le Premier ministre candidat Crvenkovksi ne vont pas manquer de mettre en avant cette légalisation pour justifier leur action auprès des électeurs albanais.

Alors que la Macédoine est désormais candidate à l’intégration européenne, un récent rapport de la Commission de Bruxelles souligne les progrès qui ont été effectués dans les relations inter-ethniques, tout en pointant la corruption et le népotisme qui demeurent des fléaux endémiques en Macédoine. Au début du mois, alors que la campagne électorale battait son plein, un parrain du crime organisé, Romeo Zivic, a également été abattu à l’issue d’une fusillade en plein centre de Skopje…


par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 13/04/2004 Dernière mise à jour le 14/04/2004 à 09:42 TU

Audio

Maria Bejanovska

Journaliste à RFI

[26/02/2004]

Toni Glamcevski

Correspondant en France du quotidien macédonien Utrinski Vesnik

«Le Premier ministre est responsable (...) de l'économie dramatique en Macédoine.»

[14/04/2004]

Jeanne Aguelovska

Française installée en Macédoine depuis trente ans

«Les citoyens de Macédoine s'efforceront certainement de voter pour une personnalité aussi positive et pacifiste que celle du président (mort)Trajkovski.»

[14/04/2004]

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