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Balkans

Le président macédonien se tue dans un accident d’avion

Le président macédonien Boris Trajkovski est mort jeudi matin. Son avion a disparu au-dessus de la Bosnie-Herzégovine. La thèse de l’accident paraît la plus vraisemblable, même si aucune piste ne peut être écartée.
De notre correspondant dans les Balkans

Boris Trajkovski se rendait à une conférence internationale sur les investissements en Bosnie-Herzégovine. Son avion aurait dû se poser à 6h30 à Mostar mais il a disparu des radars au-dessus de la petite ville de Stolac. Les restes de l’avion ont été retrouvés dans la matinée. Il n’y a aucun survivant parmi les neuf personnes qui se trouvaient à bord.

La météo était mauvaise dans le sud de la Bosnie, même si pour l’instant, aucune explication n’a été fournie. Les représentants de la SFOR, la force internationale déployée en Bosnie, n’ont fait aucun commentaire officiel. L’hypothèse d’un accident demeure la plus vraisemblable, même si les tensions demeurent toujours vives en Macédoine.

Le décès de Boris Trajkovski, quelles qu’en soient les causes, pourrait en effet avoir des conséquences déstabilisatrices en Macédoine, où prévaut une paix fragile depuis les accords d’Ohrid qui avaient mis fin, en août 2001, aux affrontements entre les forces gouvernementales et la guérilla albanaise de l’UCK.

Militant du VMRO-DPMNE (droite nationaliste), Boris Trajkovski avait été élu Président de la République en novembre 1999. Lors du conflit de 2001, il avait joué un rôle modérateur unanimement reconnu, n’hésitant pas à critiquer le Premier ministre Georgievski et son propre parti.

Signataire des accords d’Ohrid, il avait joué un rôle important dans le retour à la paix. Les guérilleros albanais de l’Armée de libération nationale de Macédoine (UCK-M) participent au gouvernement du pays depuis septembre 2002, en partenariat avec l’Union social-démocrate (SDSM), qui a chassé le VMRO-DPMNE du pouvoir, contraignant à une cohabitation le Président Trajkovski, dont les attributions constitutionnelles sont limitées.

Son mandat arrivant à échéance, il pensait se représenter aux élections présidentielles de l’automne prochain. Son décès pourrait laisser le champ libre aux sociaux-démocrates du Premier ministre Branko Crvenkovski.

Nouvelle guérilla albanaise

Cependant, une nouvelle guérilla albanaise menace la Macédoine : l’Armée nationale albanaise (AKSH) a beaucoup fait parler d’elle à l’automne dernier, et disposerait d’un réseau de combattants dans le pays. Plusieurs villages qui étaient en 2001 des bastions de l’UCK-M demeurent toujours virtuellement interdits d’accès aux forces de sécurité macédoniennes, et plusieurs anciens commandants albanais, qui n’ont pas réussi à trouver un statut social depuis le retour à la paix, rêvent d’en découdre à nouveau.

Né le 25 juin 1956 à Strumica, dans le sud du pays, Boris Trajkovski issu de la minuscule communauté protestante implantée en Macédoine depuis le début du XXe siècle. Marié et père de deux enfants, il était resté fidèle de l’Église méthodiste de Macédoine, alors que son propre parti insiste fortement sur l’identité orthodoxe du peuple macédonien. Boris Trajkovski entretenait des liens privilégiés avec la droite religieuse des USA, et il avait soutenu l’intervention américaine en Irak. Il y a quelques semaines, il s’était encore illustré en tenant des propos violemment homophobes dans une revue conservatrice américaine.

A écouter également:

Maria Bejanovska, journaliste à RFI, évoque le parcours et la personnalité de Boris Trajkovski et les conséquences de son décès sur la vie politique de Macédoine au micro de Caroline Paré. 26/02/2004, 7'18''



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 26/02/2004

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