Balkans
Cure de minceur pour les troupes de l’OTAN dans les Balkans
L’OTAN a décidé vendredi d’alléger de manière significative sa présence dans les Balkans. 12 000 des 57 000 hommes de l’Alliance atlantique déployés en Bosnie et au Kosovo vont quitter la région, selon un calendrier de retrait progressif. Cette décision, attendue depuis quelques jours, relance les spéculations sur un désengagement de l’OTAN, qui pourrait laisser l’Union européenne jouer un rôle plus actif dans la gestion des crises qui se poursuivent à ses frontières.
De notre correspondant dans les Balkans
L’engagement de l’OTAN dans les Balkans ne date que de 1995. En Bosnie, les troupes de l’Alliance atlantique ont pris le relais des Casques bleus de l’ONU après la signature des accords de paix de Dayton. L’implémentation Force (IFOR), puis la Stabilization Force (SFOR) ont compté jusqu’à près de 50 000 hommes. Ces effectifs avaient déjà été sensiblement allégés, à mesure que la situation de sécurité s’améliorait en Bosnie. Dans un délais de six mois, les troupes internationales passeront de 19 000 à 12 000 hommes dans cette république. Au Kosovo, la KFOR s’est déployée après le retrait des forces yougoslaves de la province, en juin 1999. Ses effectifs – stables depuis trois ans – sont aujourd’hui de 38 000 hommes, ils passeront en un an à 33 200, soit une diminution de 4 800 hommes.
Les tâches imparties à la SFOR et à la KFOR ne sont pas tout à fait les mêmes, l’engagement international n’étant pas de même nature en Bosnie et au Kosovo. La Bosnie est formellement un Etat souverain, qui dispose de ses forces armées, tandis que le Kosovo est placé sous administration des Nations Unies, et toutes les fonctions de défense du territoire – de même que certaines fonctions de police – sont confiées à la KFOR. La logique des accords de Dayton veut que la présence internationale – politique et militaire – aille decrescendo en Bosnie, tandis que nul n’ose envisager de terme au protectorat international sur le Kosovo.
Lutter contre le trafic d’armes
Le Secrétaire Général de l’OTAN, Lord Robertson, a insisté sur les changements de la situation sur le terrain, nécessitant une évolution des missions de la KFOR. Selon un diplomate occidental, le but principal de cette force n’est plus d’assurer la défense du territoire face à une menace extérieure, mais «lutter contre le trafic d’armes et d’assurer la protection des minorités». Ainsi, afin d’être plus opérationnelles, les cinq brigades multinationales qui se partageaient le territoire du Kosovo fusionneront pour former seulement trois brigades.
Dès le lendemain des attentats du 11 septembre 2000, plusieurs dirigeants américains avaient évoqué l’hypothèse d’un redéploiement ou d’une diminution de l’engagement des Etats-Unis dans la région. L’intérêt des USA pour les Balkans s’est cependant partiellement réveillé. Les troupes américaines de la SFOR ont procédé au démantèlement de plusieurs réseaux islamistes internationaux en Bosnie, et des activistes ont été directement transférés à Guantanamo.
Le camp américain de Camp Bondsteel, dans l’est du Kosovo – réputé être la plus grande base américaine en Europe – représente une base opérationnelle particulièrement précieuse pour les USA, dont l’intérêt stratégique dépasse sûrement les Balkans. Au Kosovo, les troupes américaines mènent également des activités de «police» qui outrepassent bien souvent le mandat de la KFOR. Mardi dernier, elles ont ainsi encore arrêté Shefqet Musliu, ancien dirigeant de la guérilla albanaise du sud de la Serbie, qui figurait sur la liste des «personnes pouvant mettre en danger la paix dans les Balkans» établie par l’administration américaine. Cette fonction de police et de renseignement dévolue aux troupes américaines dans les Balkans peut fort bien s’accommoder d’une réduction des effectifs. De manière significative, le redécoupage des brigades de la KFOR au Kosovo amènera les Français (Brigade nord) à coopérer avec les Britanniques (Brigade centre), et les Italiens (Brigade ouest) avec les Allemands (Brigade sud), tandis que seule la Brigade Est, sous commandement américain, sera épargnée par les changements.
L’hypothèse d’un désengagement progressif de l’OTAN pose la question d’une relève qui pourrait, éventuellement, être assurée par l’Union européenne. La gestion de la crise en Macédoine pourrait avoir valeur de test. Après les accords de paix d’Ohrid, conclus en août 2001, des troupes de l’OTAN ont été déployées pour superviser le désarmement de la guérilla albanaise. Mais depuis l’automne, les quelques 1 000 hommes de la task force «Renard» ont été placés sous commandement européen.
L’engagement de l’OTAN dans les Balkans ne date que de 1995. En Bosnie, les troupes de l’Alliance atlantique ont pris le relais des Casques bleus de l’ONU après la signature des accords de paix de Dayton. L’implémentation Force (IFOR), puis la Stabilization Force (SFOR) ont compté jusqu’à près de 50 000 hommes. Ces effectifs avaient déjà été sensiblement allégés, à mesure que la situation de sécurité s’améliorait en Bosnie. Dans un délais de six mois, les troupes internationales passeront de 19 000 à 12 000 hommes dans cette république. Au Kosovo, la KFOR s’est déployée après le retrait des forces yougoslaves de la province, en juin 1999. Ses effectifs – stables depuis trois ans – sont aujourd’hui de 38 000 hommes, ils passeront en un an à 33 200, soit une diminution de 4 800 hommes.
Les tâches imparties à la SFOR et à la KFOR ne sont pas tout à fait les mêmes, l’engagement international n’étant pas de même nature en Bosnie et au Kosovo. La Bosnie est formellement un Etat souverain, qui dispose de ses forces armées, tandis que le Kosovo est placé sous administration des Nations Unies, et toutes les fonctions de défense du territoire – de même que certaines fonctions de police – sont confiées à la KFOR. La logique des accords de Dayton veut que la présence internationale – politique et militaire – aille decrescendo en Bosnie, tandis que nul n’ose envisager de terme au protectorat international sur le Kosovo.
Lutter contre le trafic d’armes
Le Secrétaire Général de l’OTAN, Lord Robertson, a insisté sur les changements de la situation sur le terrain, nécessitant une évolution des missions de la KFOR. Selon un diplomate occidental, le but principal de cette force n’est plus d’assurer la défense du territoire face à une menace extérieure, mais «lutter contre le trafic d’armes et d’assurer la protection des minorités». Ainsi, afin d’être plus opérationnelles, les cinq brigades multinationales qui se partageaient le territoire du Kosovo fusionneront pour former seulement trois brigades.
Dès le lendemain des attentats du 11 septembre 2000, plusieurs dirigeants américains avaient évoqué l’hypothèse d’un redéploiement ou d’une diminution de l’engagement des Etats-Unis dans la région. L’intérêt des USA pour les Balkans s’est cependant partiellement réveillé. Les troupes américaines de la SFOR ont procédé au démantèlement de plusieurs réseaux islamistes internationaux en Bosnie, et des activistes ont été directement transférés à Guantanamo.
Le camp américain de Camp Bondsteel, dans l’est du Kosovo – réputé être la plus grande base américaine en Europe – représente une base opérationnelle particulièrement précieuse pour les USA, dont l’intérêt stratégique dépasse sûrement les Balkans. Au Kosovo, les troupes américaines mènent également des activités de «police» qui outrepassent bien souvent le mandat de la KFOR. Mardi dernier, elles ont ainsi encore arrêté Shefqet Musliu, ancien dirigeant de la guérilla albanaise du sud de la Serbie, qui figurait sur la liste des «personnes pouvant mettre en danger la paix dans les Balkans» établie par l’administration américaine. Cette fonction de police et de renseignement dévolue aux troupes américaines dans les Balkans peut fort bien s’accommoder d’une réduction des effectifs. De manière significative, le redécoupage des brigades de la KFOR au Kosovo amènera les Français (Brigade nord) à coopérer avec les Britanniques (Brigade centre), et les Italiens (Brigade ouest) avec les Allemands (Brigade sud), tandis que seule la Brigade Est, sous commandement américain, sera épargnée par les changements.
L’hypothèse d’un désengagement progressif de l’OTAN pose la question d’une relève qui pourrait, éventuellement, être assurée par l’Union européenne. La gestion de la crise en Macédoine pourrait avoir valeur de test. Après les accords de paix d’Ohrid, conclus en août 2001, des troupes de l’OTAN ont été déployées pour superviser le désarmement de la guérilla albanaise. Mais depuis l’automne, les quelques 1 000 hommes de la task force «Renard» ont été placés sous commandement européen.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 12/05/2002