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Balkans

Le paradoxe américain en Bosnie-Herzégovine

Si les Etats-Unis n’ont pas hésité à mettre leur veto au renouvellement de la MINUBH, la Mission des Nations unies en Bosnie-Herzégovine dont le mandat s’est achevé dimanche dernier, ils ont affirmé en revanche que leur présence dans les Balkans n’était pas remise en question. La décision de ne pas renouveler le mandat de la mission onusienne est directement liée à l’entrée en vigueur de la CPI, la Cour pénale internationale, Washington craignant d’éventuelles poursuites contre ses troupes engagées auprès de l’ONU. Des poursuites qui pourraient tout aussi bien concerner les soldats américains au sein de la Sfor, la force de stabilisation de l’Otan en Bosnie, que les Etats-Unis ne semblent paradoxalement pas prêts à retirer de la région.
Le veto américain contre le renouvellement du mandat de la MINUBH a semé un vent de panique aux Nations Unies. Et si un compromis a été trouvé à la dernière minute pour le prolonger de 72 heures, ce n’était dans l’esprit de Washington que pour «des raisons techniques et afin de prendre les mesures nécessaires au démantèlement» de la mission onusienne. Ce désengagement des Etats-Unis, destiné principalement à protester contre l’entrée en vigueur de la CPI, a un moment semé le doute quant au maintien de la SFOR, la force de stabilisation de l’Otan, beaucoup plus engagée sur le terrain que la MINUBH. Si celle-ci n’a officiellement pas besoin d’un mandat de l’ONU pour opérer, certains des pays qui y participent ont fait savoir qu’ils n’y resteraient pas sans ce mandat.

Une réunion d’urgence à Bruxelles des ambassadeurs des 19 pays de l'Otan a toutefois permis de lever cette inquiétude. «La Sfor va rester déployée en Bosnie et elle va continuer son travail», a ainsi affirmé le porte-parole de l’Otan Yves Brodeur. Il a même affirmé qu’aucune délégation, y compris celle des Etats-Unis, n’avait exprimé son intention de quitter la Sfor. Selon lui, en effet, «les accords de Dayton sont la base légale de l’intervention en Bosnie et le mandat de l’ONU n’est qu’un plus». Quelques heures auparavant, l’ambassadeur américain à Sarajevo s’était certes voulu rassurant en affirmant que «l’engagement stratégique des Etats-Unis dans les Balkans restait très solide». Beaucoup s’interrogeaient toutefois sur le maintien au sein de la Sfor des quelques 3300 hommes et femmes de nationalité américaine qui y sont engagés. Washington semble paradoxalement ne pas s’opposer à leur engagement sur place alors que la présence des 46 américains membres de la MINUBH lui a posé problème au point que soit mis un veto à son renouvellement.

Une opération «poudre aux yeux»
Comme pour bien confirmer qu’elle n’avait pas l’intention de renoncer à sa mission en Bosnie, la Sfor a lancé une opération destinée officiellement à arrêter Radovan Karadzic, l’ancien leader des Serbes de Bosnie, réclamé depuis des années par le Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie. Des soldats ont donc pris d’assaut son domicile pour y effectuer une perquisition et l’opération a même été soutenue par des véhicules blindés et des hélicoptères. Cette mission s’apparente toutefois à une opération «poudre aux yeux» puisque l’ancien psychiatre, recherché pour crimes de guerre depuis la fin de la guerre en Bosnie en 1995, n’habite plus cette maison depuis plus de cinq ans. La Sfor, qui a fini de déployer ses hommes à travers tout le pays en janvier 1996, a été d’ailleurs plusieurs fois critiquée pour son incapacité à le retrouver.






par Mounia  Daoudi

Article publié le 02/07/2002