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Balkans

Les indépendantistes monténégrins redressent la barre

Les élections municipales de mercredi au Monténégro ont révélé des surprises. Au lieu du triomphe attendu des défenseurs de l’union avec les Serbie, les partisans du Président Milo Djukanovic ont fait mieux que résister. Le camp «souverainiste» est nettement majoritaire, mais le petit pays demeure toujours divisé.
De notre correspondant dans les Balkans

C’est une victoire symbolique, et qui a été longuement espérée. Il a fallu attendre le décompte des derniers bulletins de vote pour que la victoire des indépendantistes radicaux de l’Alliance Libérale du Monténégro se confirme à Cetinje, l’ancienne capitale royale du petit pays. La fête a commencé dans la nuit, et s’est poursuivie jusqu’au petit matin. Les jeunes libéraux n’en finissaient plus de défiler dans de défiler en brandissant les drapeaux de l’ancienne monarchie monténégrine et de tirer dans le ciel. «La victoire de Cetinje est le début de la libération du Monténégro», expliquaient, enthousiastes, les fêtards et les manifestants. Cetinje est le bastion des libéraux, mais jusqu’à présent le Parti démocratique des socialistes (DPS) du Président Djukanovic, indépendantiste plus modéré, avait toujours réussi à conserver la mairie de la ville.

Alors que depuis la victoire des démocrates serbes, en octobre 2000, et la conclusion d’un nouvel accord d’union entre la Serbie et le Monténégro, en mars dernier, les indépendantistes monténégrins semblaient avoir perdu la main, les élections municipales de mercredi les ont remis en selle de manière bien inattendue. Divisée, l’opposition pro-serbe conserve ses bastions, mais subit un net tassement des voix dans tout le pays. Le DPS de Milo Djukanovic semblait en mauvaise position dans de nombreuses grandes villes : il sauve partout l’honneur, en surclassant partout l’opposition pro-serbe.

Un pays profondément divisé

Le DPS est plébiscité dans les villes du nord du pays, comme Bijelo Polje, Rozaje ou Plav, où vivent beaucoup de Slaves musulmans. Malgré l’avancée des partis «ethniques», musulmans ou albanais, le parti de Milo Djukanovic conserve très nettement la confiance des minorités. A Niksic, la seconde ville du pays, et dans toutes les villes du littoral, le DPS ne disposera cependant pas de la majorité absolue. Il lui faudra donc s’entendre avec les Libéraux, qui obtiennent des scores relativement importants dans ces régions.

Le CEMI, un organisme indépendant d’observation des élections, a immédiatement extrapolé le résultat de ce scrutin municipal: si des législatives avaient eu lieu hier, les partisans de Milo Djukanovic disposeraient d’une avance bien plus nette qu’aujourd’hui au sein du Parlement monténégrin. Cependant, pour gouverner le pays et de nombreuses communes, le DPS n’a pas d’autre choix que de s’entendre avec les libéraux. Ces derniers, qui ont violemment dénoncé la signature de l’accord d’union avec la Serbie, ne manqueront pas de faire payer au prix fort leur éventuel soutien.

Les élections de mercredi ont assurément renforcé la marge de manœuvre politique de Milo Djukanovic, mais elles ont aussi rappelé que le Monténégro demeure un pays profondément divisé entre souverainistes et défenseurs du lien traditionnel avec la Serbie. Cependant, si le DPS parvient à s’entendre avec les Libéraux, la politique monténégrine risque de connaître un nouveau coup de barre en direction de l’indépendance.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 16/05/2002