Balkans
Macédoine: la guerre attendra
Quatre partis politiques slaves et albanais de Macédoine ont ratifié un accord de paix qui prévoit une réforme constitutionnelle accordant plus de droits à l'importante minorité albanaise. Un accord accepté par les rebelles de l'UCK qui doivent maintenant décider s'ils déposent les armes.
Les parrains et artisans des négociations de paix en Macédoine (OTAN, Union européenne, Etats-Unis) ont pu pousser un «ouf» de soulagement. L'accord qu'ils ont mis au point au terme d'âpres négociations a finalement été ratifié lundi soir à Skopje. Durant 40 jours, au fil des rencontres au bord du lac d'Ohrid dans le sud du pays, ils ont alterné pressions et promesses envers les autorités macédoniennes et les représentants politiques de la communauté albanaise pour parvenir à cet accord.
François Léotard, l'émissaire de l'Union européenne, est apparu épuisé à l'issue de ces négociations mais convaincu «qu'il y a de l'espérance». Avec cet accord, «nous répondons par le droit à la pression de la violence» a-t-il déclaré au micro de l'envoyé spécial de RFI, Bruno Daroux.
L'espoir que fait naître cet accord est toutefois ténu comme en témoignent les accrochages qui se sont produits entre forces macédoniennes et guérilla albanaise alors même que la cérémonie de signature était en cours. Des affrontements qui se poursuivaient sporadiquement mardi matin sur les hauteurs de Tetovo, la principale ville albanaise du pays. Depuis le début du mois d'août, les affrontements ont fait 18 morts dans les rangs des forces macédoniennes et 5 parmi les rebelles de l'UCK.
La guérilla se donne deux semaines de «réflexion»
La guérilla albanaise affirme qu'elle accepte l'accord de paix. «C'est une victoire contre les forces macédoniennes de la répression» a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'UCK. Les rebelles expliquent par ailleurs qu'ils prendront d'ici 15 jours une décision concernant leur démobilisation. La décision de la guérilla de renoncer aux armes est l'une des quatre conditions fixées par l'OTAN pour déclencher le déploiement de 3500 hommes en Macédoine. Des troupes que l'Alliance atlantique prévoit de positionner pour «une mission d'une durée limitée à 30 jours» a précisé sur RFI le porte-parole de l'Alliance, Yves Brodeur. Objectif de cette éventuelle mission : superviser le désarmement de l'UCK. Cette garantie offerte par l'OTAN est essentielle aux yeux des autorités macédoniennes et elle est la contrepartie de l'amnistie que les autorités s'engagent à accorder aux rebelles qui n'ont pas commis de crimes passibles du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
Sur le plan politique, l'accord a été paraphé par les deux principaux partis représentant la majorité slave de la population et les deux mouvements représentant la forte minorité albanaise du pays. Le texte prévoit que la langue albanaise aura le statut de langue officielle dans les zones où les albanophones représentent plus de 20% de la population, ce qui correspond à la partie ouest du pays, le long de la frontière avec le Kosovo et l'Albanie. Le texte prévoit par ailleurs le recrutement de 1000 policiers albanais, ce qui portera à 23% la part des Albanais au sein des forces de l'ordre. Enfin les deux parties se sont mises d'accord sur un dispositif constitutionnel permettant aux Albanais de disposer d'un droit de veto sur les dispositions législatives concernant les minorités.
La signature de l'accord a été saluée par le Conseil de sécurité de l'ONU qui appelle les parties «à condamner publiquement la violence et l'intolérance ethniques». Les réactions de la communauté internationale dans son ensemble témoignent d'une grande prudence et d'une préoccupation certaine. Washington salue «l'espoir que la paix puisse revenir» mais insiste sur le nécessité du désarmement. Paris qualifie l'accord «d'étape importante» tandis que Londres parle de «grand pas en avant».
L'optimisme des capitales occidentales est d'autant plus mesuré que les événements des derniers jours font craindre le pire. Les dernières actions de la guérilla (les plus meurtrières depuis 7 mois) ont été revendiquées au nom d'une mystérieuse «Armée nationale albanaise» (AKSh). Une organisation dont on ignore pour l'heure si elle est constituée de dissidents de l'UCK hostile à l'accord de paix ou s'il s'agit d'un faux nez de l'UCK destiné à faire monter la pression lors des dernières heures des négociations. Dans un cas comme dans l'autre, le plus difficile reste à faire en Macédoine : établir la confiance.
François Léotard, l'émissaire de l'Union européenne, est apparu épuisé à l'issue de ces négociations mais convaincu «qu'il y a de l'espérance». Avec cet accord, «nous répondons par le droit à la pression de la violence» a-t-il déclaré au micro de l'envoyé spécial de RFI, Bruno Daroux.
L'espoir que fait naître cet accord est toutefois ténu comme en témoignent les accrochages qui se sont produits entre forces macédoniennes et guérilla albanaise alors même que la cérémonie de signature était en cours. Des affrontements qui se poursuivaient sporadiquement mardi matin sur les hauteurs de Tetovo, la principale ville albanaise du pays. Depuis le début du mois d'août, les affrontements ont fait 18 morts dans les rangs des forces macédoniennes et 5 parmi les rebelles de l'UCK.
La guérilla se donne deux semaines de «réflexion»
La guérilla albanaise affirme qu'elle accepte l'accord de paix. «C'est une victoire contre les forces macédoniennes de la répression» a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'UCK. Les rebelles expliquent par ailleurs qu'ils prendront d'ici 15 jours une décision concernant leur démobilisation. La décision de la guérilla de renoncer aux armes est l'une des quatre conditions fixées par l'OTAN pour déclencher le déploiement de 3500 hommes en Macédoine. Des troupes que l'Alliance atlantique prévoit de positionner pour «une mission d'une durée limitée à 30 jours» a précisé sur RFI le porte-parole de l'Alliance, Yves Brodeur. Objectif de cette éventuelle mission : superviser le désarmement de l'UCK. Cette garantie offerte par l'OTAN est essentielle aux yeux des autorités macédoniennes et elle est la contrepartie de l'amnistie que les autorités s'engagent à accorder aux rebelles qui n'ont pas commis de crimes passibles du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
Sur le plan politique, l'accord a été paraphé par les deux principaux partis représentant la majorité slave de la population et les deux mouvements représentant la forte minorité albanaise du pays. Le texte prévoit que la langue albanaise aura le statut de langue officielle dans les zones où les albanophones représentent plus de 20% de la population, ce qui correspond à la partie ouest du pays, le long de la frontière avec le Kosovo et l'Albanie. Le texte prévoit par ailleurs le recrutement de 1000 policiers albanais, ce qui portera à 23% la part des Albanais au sein des forces de l'ordre. Enfin les deux parties se sont mises d'accord sur un dispositif constitutionnel permettant aux Albanais de disposer d'un droit de veto sur les dispositions législatives concernant les minorités.
La signature de l'accord a été saluée par le Conseil de sécurité de l'ONU qui appelle les parties «à condamner publiquement la violence et l'intolérance ethniques». Les réactions de la communauté internationale dans son ensemble témoignent d'une grande prudence et d'une préoccupation certaine. Washington salue «l'espoir que la paix puisse revenir» mais insiste sur le nécessité du désarmement. Paris qualifie l'accord «d'étape importante» tandis que Londres parle de «grand pas en avant».
L'optimisme des capitales occidentales est d'autant plus mesuré que les événements des derniers jours font craindre le pire. Les dernières actions de la guérilla (les plus meurtrières depuis 7 mois) ont été revendiquées au nom d'une mystérieuse «Armée nationale albanaise» (AKSh). Une organisation dont on ignore pour l'heure si elle est constituée de dissidents de l'UCK hostile à l'accord de paix ou s'il s'agit d'un faux nez de l'UCK destiné à faire monter la pression lors des dernières heures des négociations. Dans un cas comme dans l'autre, le plus difficile reste à faire en Macédoine : établir la confiance.
par Philippe Couve
Article publié le 14/08/2001