Balkans
Macédoine: l'accord de paix menacé
Les partis albanais et macédoniens réunis à Ohrid sont finalement parvenus à un accord de paix mercredi. Mais l'UCK joue les trouble-fête: après la mort de dix soldats macédoniens dans une attaque de la guérilla indépendantiste, le spectre de la guerre réapparaît. Des incidents armés continuaient d'opposer, dimanche 12 août, l'UCK aux forces gouvernementales, à la veille de la signature prévue de l'accord.
Les différentes forces politiques de Macédoine réunies à Ohrid sont finalement parvenues à un accord mais le déchaînement de violence orchestré par les rebelles albanais de l'UCK, qui n'étaient pas associés aux pourparlers, menace la signature officielle du texte, prévue pour lundi prochain. L'émissaire européen pour la Macédoine, François Léotard, est resté très prudent sur RFI: «Je pense que la signature se fera lundi», a-t-il déclaré au micro de Pierre Ganz, «je ne peux pas imaginer un seul instant que l'on reprenne le chemin de l'affrontement militaire au détriment de la signature».
En effet, rarement depuis le début de la crise entre Skopje et la minorité albanaise du pays la violence avait atteint un tel degré: mardi, dix militaires des forces gouvernementales ont été tués dans une attaque de l'UCK à Grupcin, un village situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Skopje. L'annonce de cette tuerie a provoqué une explosion de colère auprès des civils macédoniens: malgré la promesse du gouvernement d'une riposte musclée, plusieurs centaines d'entre eux se sont rassemblés dans les rues de la capitale macédonienne pour des manifestations qui ont dégénéré avec le saccage de magasins appartenant à des Albanais. Autre signe de l'exacerbation du sentiment anti-albanais, une mosquée a été incendiée à Prilep (la majorité des Albanais de Macédoine est de confession musulmane). Enfin, la nuit dernière, la région de Tetovo, dans le nord-ouest du pays, a été une nouvelle fois le théâtre d'affrontements meurtriers avec la mort d'un soldat macédonien.
Un déploiement de l'OTAN inenvisageable
Tous les espoirs étaient pourtant permis avec la belle avancée des négociations entre les représentants des partis politiques macédoniens et albanais. Après quinze jours de discussions menées par François Léotard et son homologue américain James Pardew, les participants s'étaient mis d'accord sur une revalorisation des droits de la minorité albanaise (30% de la population macédonienne) au sein d'un Etat macédonien toujours unifié. Principaux axes: la réforme de la police, où officient seulement 6% d'Albanais et un statut de seconde langue officielle pour l'albanais qui pourrait être utilisé dans les sessions du Parlement et deviendrait langue officielle dans toutes les communes où au moins 20% de la population est albanaise. L'OTAN avait même pu confirmer un déploiement de 3500 soldats pour procéder aux désarmements des combattants de l'UCK, avec leur accord, dans la mesure où un accord politique était effectivement signé.
Personne n'oserait aujourd'hui parier sur la suite des événements, notamment sur une adhésion éventuelle à l'accord de paix de l'UCK, que les autorités de Skopje avaient fermement refusé de voir associée aux pourparlers. Des attaques comme celle lancée mercredi à Grupcin n'inciteront sans doute pas la population macédonienne à accepter les concessions accordées à la minorité albanaise. François Léotard, pour sa part, admettait qu'en l'absence d'un cessez-le-feu effectif, l'arrivée d'un contingent de l'OTAN restait inenvisageable.
En effet, rarement depuis le début de la crise entre Skopje et la minorité albanaise du pays la violence avait atteint un tel degré: mardi, dix militaires des forces gouvernementales ont été tués dans une attaque de l'UCK à Grupcin, un village situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Skopje. L'annonce de cette tuerie a provoqué une explosion de colère auprès des civils macédoniens: malgré la promesse du gouvernement d'une riposte musclée, plusieurs centaines d'entre eux se sont rassemblés dans les rues de la capitale macédonienne pour des manifestations qui ont dégénéré avec le saccage de magasins appartenant à des Albanais. Autre signe de l'exacerbation du sentiment anti-albanais, une mosquée a été incendiée à Prilep (la majorité des Albanais de Macédoine est de confession musulmane). Enfin, la nuit dernière, la région de Tetovo, dans le nord-ouest du pays, a été une nouvelle fois le théâtre d'affrontements meurtriers avec la mort d'un soldat macédonien.
Un déploiement de l'OTAN inenvisageable
Tous les espoirs étaient pourtant permis avec la belle avancée des négociations entre les représentants des partis politiques macédoniens et albanais. Après quinze jours de discussions menées par François Léotard et son homologue américain James Pardew, les participants s'étaient mis d'accord sur une revalorisation des droits de la minorité albanaise (30% de la population macédonienne) au sein d'un Etat macédonien toujours unifié. Principaux axes: la réforme de la police, où officient seulement 6% d'Albanais et un statut de seconde langue officielle pour l'albanais qui pourrait être utilisé dans les sessions du Parlement et deviendrait langue officielle dans toutes les communes où au moins 20% de la population est albanaise. L'OTAN avait même pu confirmer un déploiement de 3500 soldats pour procéder aux désarmements des combattants de l'UCK, avec leur accord, dans la mesure où un accord politique était effectivement signé.
Personne n'oserait aujourd'hui parier sur la suite des événements, notamment sur une adhésion éventuelle à l'accord de paix de l'UCK, que les autorités de Skopje avaient fermement refusé de voir associée aux pourparlers. Des attaques comme celle lancée mercredi à Grupcin n'inciteront sans doute pas la population macédonienne à accepter les concessions accordées à la minorité albanaise. François Léotard, pour sa part, admettait qu'en l'absence d'un cessez-le-feu effectif, l'arrivée d'un contingent de l'OTAN restait inenvisageable.
par Nicolas Sur
Article publié le 09/08/2001