Balkans
Macédoine : le demi-accord
Un premier accord a été conclu entre Macédoniens et Albanais sur la place de la langue albanaise, après cinq jours de pourparlers.
De notre correspondant dans les Balkans
Ce n'est pas encore un accord global, mais les négociateurs albanais et macédoniens, enfermés depuis vendredi dernier dans un huis clos sur les bords du lac d'Ohrid, ont fini par s'entendre sur l'épineuse question du statut officiel de la langue albanaise. Les Albanais voulaient en effet que leur langue dispose d'un statut de seconde langue officielle du pays, à l'égal du macédonien, tandis que les Macédoniens craignaient que cette «fédéralisation linguistique» du pays n'entraîne sa fédéralisation territoriale. La solution de compromis proposée par les médiateurs internationaux prévoirait un usage officiel de l'albanais dans les communes où 20% au moins de la population est albanaise, ainsi que la possibilité d'utiliser cette langue dans les sessions du Parlement, mais pas dans la rédaction des documents officiels, ni au cours des séances du gouvernement.
Les négociations d'Ohrid se sont interrompues mercredi soir, en raison de la fête nationale macédonienne du 2 août, et elles ne reprendront que vendredi matin. La signature d'un accord global dépendra de la résolution de plusieurs autres questions fort délicates, notamment celle de la création d'une police locale qui ne serait pas placée sous la responsabilité du Ministère de l'Intérieur. Selon un diplomate occidental, «le dernier document possible» aurait été proposé. Cette source se veut optimiste, en pensant que la journée de repos de jeudi pourrait être utilisée pour convaincre les «durs» de chaque camp.
la division du camp macédonien
Il apparaît en effet que le camp macédonien est de plus en plus divisé, les «faucons», conduits par le Premier ministre Ljupco Georgievski et le ministre de la défense Vlade Bockovski, poussent à une ligne dure, et l'opinion publique n'est guère préparée à accepter les indispensables compromis. «La position des Macédoniens est paradoxale», estime Liman Avdiu, un cadre du Parti démocratique albanais (PDSh). «Ils disent refuser toute logique de fédéralisation, mais si un accord n'est pas rapidement trouvé, la guerre amènera fatalement à un véritable éclatement de la Macédoine». Le leader du PDSh, Arbën Xhaferi répète volontiers que «les Albanais sont les seuls à défendre la Macédoine», puisque l'intransigeance macédonienne écarterait toute solution de compromis. Pour beaucoup d'analystes albanais, Ljupco Georgievski et ses proches pourraient, en fait, avoir choisi une stratégie du pire, préparant un éclatement du pays pour se débarrasser définitivement de la question albanaise.
Les négociateurs albanais sont pourtant eux-mêmes sous la menace d'être désavoués par l'UCK, qui n'est pas directement représentée aux négociations. Le chef de la guérilla, Ali Ahmeti, a exprimé de vives réserves face au document de compromis proposé par la communauté internationale. Sur le terrain, un très calme très précaire continue de prévaloir, bien qu'un policier macédonien ait été tué dans une embuscade mercredi matin près de Tetovo, où des tirs ont encore été échangés jeudi matin. L'Armée et la police ont d'ailleurs considérablement renforcé leurs forces dans cette ville ces derniers jours, tandis que la rumeur qui court en ville prétend que «trois mille combattants venus du Kosovo» seraient venus grossir les rangs de l'UCK dans les montagnes qui dominent Tetovo. Le chiffre est invérifiable, mais la guérilla albanaise a sûrement profité, comme à l'accoutumée, des périodes de trêve pour renforcer son dispositif militaire. Une reprise des affrontements pourrait démentir, à tout moment, les fragiles avancées du processus politique.
Ce n'est pas encore un accord global, mais les négociateurs albanais et macédoniens, enfermés depuis vendredi dernier dans un huis clos sur les bords du lac d'Ohrid, ont fini par s'entendre sur l'épineuse question du statut officiel de la langue albanaise. Les Albanais voulaient en effet que leur langue dispose d'un statut de seconde langue officielle du pays, à l'égal du macédonien, tandis que les Macédoniens craignaient que cette «fédéralisation linguistique» du pays n'entraîne sa fédéralisation territoriale. La solution de compromis proposée par les médiateurs internationaux prévoirait un usage officiel de l'albanais dans les communes où 20% au moins de la population est albanaise, ainsi que la possibilité d'utiliser cette langue dans les sessions du Parlement, mais pas dans la rédaction des documents officiels, ni au cours des séances du gouvernement.
Les négociations d'Ohrid se sont interrompues mercredi soir, en raison de la fête nationale macédonienne du 2 août, et elles ne reprendront que vendredi matin. La signature d'un accord global dépendra de la résolution de plusieurs autres questions fort délicates, notamment celle de la création d'une police locale qui ne serait pas placée sous la responsabilité du Ministère de l'Intérieur. Selon un diplomate occidental, «le dernier document possible» aurait été proposé. Cette source se veut optimiste, en pensant que la journée de repos de jeudi pourrait être utilisée pour convaincre les «durs» de chaque camp.
la division du camp macédonien
Il apparaît en effet que le camp macédonien est de plus en plus divisé, les «faucons», conduits par le Premier ministre Ljupco Georgievski et le ministre de la défense Vlade Bockovski, poussent à une ligne dure, et l'opinion publique n'est guère préparée à accepter les indispensables compromis. «La position des Macédoniens est paradoxale», estime Liman Avdiu, un cadre du Parti démocratique albanais (PDSh). «Ils disent refuser toute logique de fédéralisation, mais si un accord n'est pas rapidement trouvé, la guerre amènera fatalement à un véritable éclatement de la Macédoine». Le leader du PDSh, Arbën Xhaferi répète volontiers que «les Albanais sont les seuls à défendre la Macédoine», puisque l'intransigeance macédonienne écarterait toute solution de compromis. Pour beaucoup d'analystes albanais, Ljupco Georgievski et ses proches pourraient, en fait, avoir choisi une stratégie du pire, préparant un éclatement du pays pour se débarrasser définitivement de la question albanaise.
Les négociateurs albanais sont pourtant eux-mêmes sous la menace d'être désavoués par l'UCK, qui n'est pas directement représentée aux négociations. Le chef de la guérilla, Ali Ahmeti, a exprimé de vives réserves face au document de compromis proposé par la communauté internationale. Sur le terrain, un très calme très précaire continue de prévaloir, bien qu'un policier macédonien ait été tué dans une embuscade mercredi matin près de Tetovo, où des tirs ont encore été échangés jeudi matin. L'Armée et la police ont d'ailleurs considérablement renforcé leurs forces dans cette ville ces derniers jours, tandis que la rumeur qui court en ville prétend que «trois mille combattants venus du Kosovo» seraient venus grossir les rangs de l'UCK dans les montagnes qui dominent Tetovo. Le chiffre est invérifiable, mais la guérilla albanaise a sûrement profité, comme à l'accoutumée, des périodes de trêve pour renforcer son dispositif militaire. Une reprise des affrontements pourrait démentir, à tout moment, les fragiles avancées du processus politique.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 02/08/2001