Balkans
Dernière étape avant la guerre totale en Macédoine ?
Rompant une trêve de onze jours, l'armée macédonienne a pilonné vendredi matin le village d'Aracinovo, un bourg aux portes de Skopje, occupé par les rebelles albanophones.
De notre envoyé spécial en Macédoine
Toute la journée, la population de Skopje a affecté de vaquer normalement à ses occupations, mais dès le milieu de l'après-midi, les rues de la grande ville se sont vidées. Aux terrasses des cafés, un seul sujet de conversation : les menaces des «terroristes», qui promettent de lancer des représailles dans la capitale, si les combats se poursuivent dans les alentours d'Aracinovo.
Tout a commencé vendredi matin à quatre heures, lorsque les forces de sécurité macédoniennes ont lancé une offensive contre ce gros bourg, situé à quelques kilomètres seulement du centre de Skopje. La guérilla albanaise de l'UCK s'en était emparée sans coup férir, il y a deux semaines. Depuis, les positions de la guérilla touchaient les faubourgs de la capitale, l'aéroport et l'unique raffinerie de pétrole du pays. Mais une trêve était de rigueur, tandis que les partis politiques albanais et macédoniens poursuivaient un difficile processus de négociation. Mercredi, le Président de la République, Boris Trajkovski, a mis un terme au huis clos des partis, en dénonçant la surenchère permanente à laquelle se seraient livrés les partis albanais. Difficilement, les émissaires de l'OTAN et de l'Union européenne ont essayé jeudi de renouer le fil du dialogue, l'Alliance atlantique envisageant même de déployer 3 000 hommes en Macédoine pour superviser un désarmement négocié de la guérilla.
Le recours aux hélicoptères de combat
L'offensive macédonienne a mis brutalement un terme à ces efforts politiques. Un responsable du Parti démocratique albanais, Zamir Dika, a ainsi expliqué que la reprise des combats «n'allait probablement pas aider le dialogue», en faisant remarquer que son parti, pourtant membre du gouvernement, «n'avait pas été consulté» sur le déclenchement de l'offensive. Les combats se sont poursuivis toute la journée de vendredi. La police macédonienne interdisait tout accès au village d'Aracinovo, mais le bruit de la canonnade se faisait entendre depuis Skopje, et d'épaisses colonnes de fumée se dégageaient des positions de la guérilla bombardées par les blindés de la police, qui a également eu recours aux hélicoptères de combat récemment achetés par la Macédoine à l'Ukraine.
«Si nous avons des victimes civiles, je ne vois pas comment le dialogue peut continuer», a ajouté Zamir Deka, tandis que les plus folles rumeurs sur l'importance des pertes civiles se propageaient parmi la population albanaise. L'offensive macédonienne et la riposte attendue de la guérilla risquent d'enterrer toute chance de règlement politique. Les deux camps ont mis à profit les quinze jours de trêve pour se renforcer, et les effectifs de l'UCK n'ont cessé de croître. Les combattants disposent notamment de très fortes positions au-dessus de la ville de Tetovo. Du côté macédonien, le gouvernement a procédé à des achats d'armes massifs, et des milices «patriotiques» sont en cours de formation. Sur l'autoroute de la Grèce, des colonnes de blindés et de véhicules de transport de troupes ne cessaient pas de remonter vers la capitale depuis le sud du pays, majoritairement peuplé de Macédoniens slaves. Vendredi en début de soirée, les bombardements ont marqué une pause, et un calme étrange s'est emparé de Skopje, mais chacun semble désormais se résigner à l'option d'une guerre civile généralisée.
Toute la journée, la population de Skopje a affecté de vaquer normalement à ses occupations, mais dès le milieu de l'après-midi, les rues de la grande ville se sont vidées. Aux terrasses des cafés, un seul sujet de conversation : les menaces des «terroristes», qui promettent de lancer des représailles dans la capitale, si les combats se poursuivent dans les alentours d'Aracinovo.
Tout a commencé vendredi matin à quatre heures, lorsque les forces de sécurité macédoniennes ont lancé une offensive contre ce gros bourg, situé à quelques kilomètres seulement du centre de Skopje. La guérilla albanaise de l'UCK s'en était emparée sans coup férir, il y a deux semaines. Depuis, les positions de la guérilla touchaient les faubourgs de la capitale, l'aéroport et l'unique raffinerie de pétrole du pays. Mais une trêve était de rigueur, tandis que les partis politiques albanais et macédoniens poursuivaient un difficile processus de négociation. Mercredi, le Président de la République, Boris Trajkovski, a mis un terme au huis clos des partis, en dénonçant la surenchère permanente à laquelle se seraient livrés les partis albanais. Difficilement, les émissaires de l'OTAN et de l'Union européenne ont essayé jeudi de renouer le fil du dialogue, l'Alliance atlantique envisageant même de déployer 3 000 hommes en Macédoine pour superviser un désarmement négocié de la guérilla.
Le recours aux hélicoptères de combat
L'offensive macédonienne a mis brutalement un terme à ces efforts politiques. Un responsable du Parti démocratique albanais, Zamir Dika, a ainsi expliqué que la reprise des combats «n'allait probablement pas aider le dialogue», en faisant remarquer que son parti, pourtant membre du gouvernement, «n'avait pas été consulté» sur le déclenchement de l'offensive. Les combats se sont poursuivis toute la journée de vendredi. La police macédonienne interdisait tout accès au village d'Aracinovo, mais le bruit de la canonnade se faisait entendre depuis Skopje, et d'épaisses colonnes de fumée se dégageaient des positions de la guérilla bombardées par les blindés de la police, qui a également eu recours aux hélicoptères de combat récemment achetés par la Macédoine à l'Ukraine.
«Si nous avons des victimes civiles, je ne vois pas comment le dialogue peut continuer», a ajouté Zamir Deka, tandis que les plus folles rumeurs sur l'importance des pertes civiles se propageaient parmi la population albanaise. L'offensive macédonienne et la riposte attendue de la guérilla risquent d'enterrer toute chance de règlement politique. Les deux camps ont mis à profit les quinze jours de trêve pour se renforcer, et les effectifs de l'UCK n'ont cessé de croître. Les combattants disposent notamment de très fortes positions au-dessus de la ville de Tetovo. Du côté macédonien, le gouvernement a procédé à des achats d'armes massifs, et des milices «patriotiques» sont en cours de formation. Sur l'autoroute de la Grèce, des colonnes de blindés et de véhicules de transport de troupes ne cessaient pas de remonter vers la capitale depuis le sud du pays, majoritairement peuplé de Macédoniens slaves. Vendredi en début de soirée, les bombardements ont marqué une pause, et un calme étrange s'est emparé de Skopje, mais chacun semble désormais se résigner à l'option d'une guerre civile généralisée.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 23/06/2001