Balkans
La Macédoine envisage à nouveau l'état de guerre
Face à la pression militaire de l'UCK, les autorités macédoniennes s'apprêtent à instaurer l'état de guerre. En mai dernier, cette option avait été rejetée in extremis, sous la pression des Européens et des Américains qui appellent au dialogue politique.
Les menaces d'un embrasement général de la Macédoine se font de plus en plus précises, à mesure que la guérilla albanaise marque des points sur le terrain et que la tension interethnique prend une tournure chaque jour plus violente. A Bitola, dans le sud, des heurts ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi. Pendant plusieurs heures, des Macédoniens slaves s'en sont pris aux biens de la communauté albanaise. Ils ont incendié des maisons, des commerces, ainsi qu'une mosquée. Des sépultures ont également été profanées. Le bilan officiel fait état de treize blessés et d'une cinquantaine de locaux endommagés. La foule en colère a également attaqué la propriété du vice-ministre de la Santé, un Albanais, dont la maison a brûlé. Alors que le calme était revenu, jeudi matin, la minorité albanaise de la ville, la deuxième du pays avec 100 000 habitants, restait choquée. Elle accuse la police de n'être pas intervenue. Les policiers affirment, quant à eux, que les émeutiers étaient trop nombreux. Le couvre-feu a été imposé.
A l'origine de ces violences, la mort de trois soldats originaires de Bitola, mardi, dans une attaque de l'UCK près de Tetovo, dans le nord du pays. Déjà, des troubles avaient éclaté dans cette ville pour des raisons similaires, début mai, après les obsèques de trois soldats morts dans une attaque rebelle. Ces nouveaux heurts entre communautés albanaise et macédonienne surviennent alors que l'armée éprouve de plus en plus de difficultés face à la guérilla, dans le nord du pays. Le responsables militaires et le ministre de la Défense admettent que la lutte sera «longue et difficile», et que les armes lourdes dont dispose l'armée «ne sont pas adaptées aux tactiques complexes» adoptées par l'UCK, dont les combattants, très mobiles, multiplient les embuscades et les incursions. Actuellement, la rébellion contrôle une dizaines de villages autour de Tetovo et Kumanovo, la troisième ville du pays.
La manière forte
«La position du Premier ministre et du gouvernement est qu'il faut proclamer l'état de guerre et procéder à une mobilisation générale», a déclaré mercredi, à Skopje, le porte-parole du gouvernement, ajoutant que «la Macédoine se fait des illusions depuis quatre mois sur une possibilité de solution pacifique au conflit. Chacun doit savoir que nous sommes en guerre et qu'une puissante action militaire est la seule solution». Le journal Dnevnik affirme que l'armée sera bientôt dotée de nouveaux équipements, notamment des hélicoptères de combat adaptés aux actions anti-guérilla. C'est donc la manière forte que Skopje s'apprête à utiliser. Cependant, l'adoption de cette mesure d'exception, qui permettrait notamment au chef de l'Etat de gouverner par décret et de fermer les frontières, n'est pas acquise d'avance, tant les autorités macédoniennes sont minées par des divisions à la fois ethniques et politiques. Or, il faut une majorité des deux tiers au Parlement pour que la proposition défendue par le Premier ministre soit adoptée.
Il faut également compter avec les pressions internationales qui, en mai dernier déjà, avaient contraint Skopje à renoncer à décréter l'état de guerre. Cette fois encore, l'Union européenne et les Etats-Unis, qui redoutent une déstabilisation générale de la région, exhortent la Macédoine à privilégier la voie du dialogue. Mercredi, le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, a déclaré qu'«une déclaration de l'état de guerre ne ferait que profiter aux extrémistes et ne contribuerait pas à résoudre la crise actuelle». Au même moment, à Washington, le département d'Etat affichait également son hostilité. «Nous ne voyons pas comment une déclaration d'état de guerre pourrait faire progresser une solution politique». Le vote au parlement macédonien pourrait avoir lieu vendredi.
A l'origine de ces violences, la mort de trois soldats originaires de Bitola, mardi, dans une attaque de l'UCK près de Tetovo, dans le nord du pays. Déjà, des troubles avaient éclaté dans cette ville pour des raisons similaires, début mai, après les obsèques de trois soldats morts dans une attaque rebelle. Ces nouveaux heurts entre communautés albanaise et macédonienne surviennent alors que l'armée éprouve de plus en plus de difficultés face à la guérilla, dans le nord du pays. Le responsables militaires et le ministre de la Défense admettent que la lutte sera «longue et difficile», et que les armes lourdes dont dispose l'armée «ne sont pas adaptées aux tactiques complexes» adoptées par l'UCK, dont les combattants, très mobiles, multiplient les embuscades et les incursions. Actuellement, la rébellion contrôle une dizaines de villages autour de Tetovo et Kumanovo, la troisième ville du pays.
La manière forte
«La position du Premier ministre et du gouvernement est qu'il faut proclamer l'état de guerre et procéder à une mobilisation générale», a déclaré mercredi, à Skopje, le porte-parole du gouvernement, ajoutant que «la Macédoine se fait des illusions depuis quatre mois sur une possibilité de solution pacifique au conflit. Chacun doit savoir que nous sommes en guerre et qu'une puissante action militaire est la seule solution». Le journal Dnevnik affirme que l'armée sera bientôt dotée de nouveaux équipements, notamment des hélicoptères de combat adaptés aux actions anti-guérilla. C'est donc la manière forte que Skopje s'apprête à utiliser. Cependant, l'adoption de cette mesure d'exception, qui permettrait notamment au chef de l'Etat de gouverner par décret et de fermer les frontières, n'est pas acquise d'avance, tant les autorités macédoniennes sont minées par des divisions à la fois ethniques et politiques. Or, il faut une majorité des deux tiers au Parlement pour que la proposition défendue par le Premier ministre soit adoptée.
Il faut également compter avec les pressions internationales qui, en mai dernier déjà, avaient contraint Skopje à renoncer à décréter l'état de guerre. Cette fois encore, l'Union européenne et les Etats-Unis, qui redoutent une déstabilisation générale de la région, exhortent la Macédoine à privilégier la voie du dialogue. Mercredi, le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, a déclaré qu'«une déclaration de l'état de guerre ne ferait que profiter aux extrémistes et ne contribuerait pas à résoudre la crise actuelle». Au même moment, à Washington, le département d'Etat affichait également son hostilité. «Nous ne voyons pas comment une déclaration d'état de guerre pourrait faire progresser une solution politique». Le vote au parlement macédonien pourrait avoir lieu vendredi.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 07/06/2001