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Balkans

Macédoine: la coalition au bord de l'éclatement

Alors que les opération militaires contre la guérilla albanaise ont repris, vendredi 25 mai, les partis albanais membres de la coalition gouvernementale ont provoqué la colère de leurs alliés macédoniens, en signant mercredi un accord avec les rebelles. Le Premier ministre estime que cette attitude crée une «situation catastrophique».
La Macédoine plonge dans une crise dangereuse. Le fragile front politique anti-guérilla constitué le 13 mai entre les formations macédoniennes et deux partis politiques albanais menace de s'écrouler. Le chef du Parti démocratique albanais (PDA), Arben Xhaferi, et celui du Parti pour la démocratie et la prospérité (PDP), Imer Imeri, ont rompu la solidarité gouvernementale, mercredi 23 mai, en signant un accord avec le représentant politique de l'Armée de libération nationale (UCK), Ali Ahmeti. Le texte, qui aurait été paraphé à Prizren, dans le sud du Kosovo, préconise une «action commune» pour sortir du conflit et réaffirme les revendications de la rébellion, laquelle demande davantage de droits pour la minorité albanaise de Macédoine.

Le Premier ministre, Ljubco Georgievski, a qualifié ce geste «d'appel à la guerre contre la nation macédonienne», jugeant qu'il créait une «situation catastrophique». «Nous en sommes en pleine crise politique», a estimé de son côté le ministre de la Défense, Vlado Buckovski. Celui-ci a tenté de faire revenir les partis albanais sur leur décision en les appelant à abandonner tout contact avec la guérilla, afin d'assurer la cohésion gouvernementale. Quant au chef de l'Etat, Boris Trajkovski, il exhorte lui aussi les dirigeants des formations albanaises à renoncer à leur rapprochement avec la guérilla. Les partis albanais doivent «dire clairement qu'il ne sera pas permis aux terroristes de participer aux décisions concernant l'avenir du pays, et abandonner la déclaration» signée avec le chef politique de l'UCK. «Dans le cas contraire, menace-t-il, il sera impossible de travaille ensemble».

L'armée macédonienne «rencontre de la résistance»

Malgré ces pressions, les dirigeant du PDA et du PDP refusent de faire marche arrière. «Je ne renonce pas à cette plateforme», a déclaré Arben Xhaferi. Selon Imer Imeri, cette initiative a pour but «d'£uvrer pour la paix». En réponse, les chefs politiques macédoniens ont qualifié cette démarche «d'humiliation pour la coalition».

Même si le ministre de la Défense tente, malgré tout, de minimiser la crise, en estimant qu'il s'agit «d'un pas de travers», et qu'«il ne faut pas céder à la panique», force est de constater que le précaire équilibre macédonien est ébranlé. Les partenaires occidentaux de Skopje ont d'ailleurs vivement réagi. La France, les Etats-Unis, la Grèce, l'Allemagne, l'Union européenne ont réaffirmé qu'«il n'y a pas de place à la table des négociations» pour l'UCK.

La menace est d'autant plus grande que les forces macédoniennes ont repris, vendredi 25 mai au matin, leurs opérations militaires entamées la veille contre la guérilla albanaise autour du village de Vaksince, au nord du pays. L'Etat-major a reconnu que ses troupes «rencontraient de la résistance». Cette nouvelle offensive risque de creuser davantage le fossé entre le pouvoir à dominante macédonienne et les partis albanais, opposés, certes, à une «militarisation» de la crise, mais de plus en plus déchirés entre solidarité communautaire et impératifs de stabilité.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 25/05/2001