Balkans
Le nouveau statut du Kosovo ne fait que des mécontents
L'administrateur de l'ONU au Kosovo vient de promulguer le cadre constitutionnel de la province qui prévoit la formation d'une assemblée, d'un gouvernement provisoire et une large autonomie pour le Kosovo, sous le contrôle de l'ONU, à l'issue des élections législatives prévue le 17 novembre prochain. Un texte qui suscite les critiques et les craintes des Serbes et des Albanais du Kosovo.
De notre envoyé spécial à Pristina
«La communauté internationale fait des plans, au mieux de ses intérêts, qui ne sont d'ailleurs pas évidents à comprendre. Mais pour nous, les Serbes, cela ne change rien. Bien sûr que nous sommes contre un plan qui organise l'indépendance du Kosovo, et que nous ne participerons pas aux élections, mais il n'y a rien de nouveau dans le plan dévoilé par M.Haekerup». L'homme qui prononce ces mots n'a rien d'un extrémiste. Radomir est professeur de littérature dans le village serbe de Gracanica, blotti au pied de son prestigieux monastère orthodoxe, à quelques kilomètres de Pristina.
A l'image des Serbes du Kosovo, Belgrade a très vivement réagi au plan dévoilé mardi par le chef de la Mission des Nations Unies au Kosovo, Hans Haekerup. Pour les autorités serbes, il constitue un pas de plus vers l'indépendance de la province. Belgrade s'oppose notamment a la convocation d'élections législatives, et encore plus à la création d'un poste de président du Kosovo, qui sera désigné au scrutin indirect par le Parlement et qui aura une fonction essentiellement représentative.
Le plan international ne suscite pourtant pas non plus l'enthousiasme des Albanais de la province. A la sortie de Gracanica, des militaires britanniques contrôlent sévèrement les voitures. Gracanica se trouve sur l'axe routier reliant Pristina a Gnjilane, et de nombreux Albanais traversent donc la bourgade. «Le Kosovo est mon pays», s'indigne Taif. «Pourquoi dois-je être fouillé ? Les prétendues violences anti-serbes sont en fait des opérations montées par la propagande de Belgrade». Taif n'exclut pas la perspective d'une vie commune avec les Serbes, «mais à condition que les tous les criminels de guerre soit arrêtés et que le Kosovo deviennent indépendant. S'ils le veulent, ils pourront rester dans notre Etat, à condition d'en respecter les lois». A l'arrière de sa voiture, un autocollant proclame : «l'indépendance du Kosovo est la seule voie pour garantir la paix dans les Balkans».
L'autonomie ou indépendence?
A Pristina, les responsables politiques albanais ne cachent pas leur désappointement, puisque ce plan repousse la perspective de l'indépendance. La «large autonomie» dont le Kosovo devra jouir ne remet pas en cause, en effet, son appartenance a la Fédération yougoslave. Le président de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), Ibrahim Rugova, a émis des réserves, regrettant l'impossibilité d'organiser un référendum d'autodétermination. Ramush Haradinaj, ancien commandant de l'UCK et maintenant dirigeant de l'Alliance pour l'avenir du Kosovo, a souligné le caractère «provisoire» du cadre constitutionnel et prévenu qu'il ferait tout «pour accélérer le processus» afin que la période de transition «soit la plus courte possible» et débouche sur l'indépendance. Le président du Parti démocratique du Kosovo (PDK, issu de l'UCK), Hashim Thaçi s'est montré beaucoup plus hostile au texte, en affirmant qu'il est «en contradiction avec la volonté de la population du Kosovo qui souhaite l'indépendance du Kosovo».
A Gracanica, Radomir n'ignore pas le mécontentement des Albanais. «Leurs positions et les nôtres sont incompatibles. Peut-être le mieux serait-il de partager le Kosovo puisque jamais plus nous ne pourrons nous entendre. Mais de cela, la communauté internationale ne veut pas entendre parler». Il montre une colonne de véhicules blindés britanniques qui remonte la rue centrale du village. «Les troupes de l'OTAN veulent rester longtemps au Kosovo, et elles y resteront. C'est la seule chose qui soit certaine».
«La communauté internationale fait des plans, au mieux de ses intérêts, qui ne sont d'ailleurs pas évidents à comprendre. Mais pour nous, les Serbes, cela ne change rien. Bien sûr que nous sommes contre un plan qui organise l'indépendance du Kosovo, et que nous ne participerons pas aux élections, mais il n'y a rien de nouveau dans le plan dévoilé par M.Haekerup». L'homme qui prononce ces mots n'a rien d'un extrémiste. Radomir est professeur de littérature dans le village serbe de Gracanica, blotti au pied de son prestigieux monastère orthodoxe, à quelques kilomètres de Pristina.
A l'image des Serbes du Kosovo, Belgrade a très vivement réagi au plan dévoilé mardi par le chef de la Mission des Nations Unies au Kosovo, Hans Haekerup. Pour les autorités serbes, il constitue un pas de plus vers l'indépendance de la province. Belgrade s'oppose notamment a la convocation d'élections législatives, et encore plus à la création d'un poste de président du Kosovo, qui sera désigné au scrutin indirect par le Parlement et qui aura une fonction essentiellement représentative.
Le plan international ne suscite pourtant pas non plus l'enthousiasme des Albanais de la province. A la sortie de Gracanica, des militaires britanniques contrôlent sévèrement les voitures. Gracanica se trouve sur l'axe routier reliant Pristina a Gnjilane, et de nombreux Albanais traversent donc la bourgade. «Le Kosovo est mon pays», s'indigne Taif. «Pourquoi dois-je être fouillé ? Les prétendues violences anti-serbes sont en fait des opérations montées par la propagande de Belgrade». Taif n'exclut pas la perspective d'une vie commune avec les Serbes, «mais à condition que les tous les criminels de guerre soit arrêtés et que le Kosovo deviennent indépendant. S'ils le veulent, ils pourront rester dans notre Etat, à condition d'en respecter les lois». A l'arrière de sa voiture, un autocollant proclame : «l'indépendance du Kosovo est la seule voie pour garantir la paix dans les Balkans».
L'autonomie ou indépendence?
A Pristina, les responsables politiques albanais ne cachent pas leur désappointement, puisque ce plan repousse la perspective de l'indépendance. La «large autonomie» dont le Kosovo devra jouir ne remet pas en cause, en effet, son appartenance a la Fédération yougoslave. Le président de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), Ibrahim Rugova, a émis des réserves, regrettant l'impossibilité d'organiser un référendum d'autodétermination. Ramush Haradinaj, ancien commandant de l'UCK et maintenant dirigeant de l'Alliance pour l'avenir du Kosovo, a souligné le caractère «provisoire» du cadre constitutionnel et prévenu qu'il ferait tout «pour accélérer le processus» afin que la période de transition «soit la plus courte possible» et débouche sur l'indépendance. Le président du Parti démocratique du Kosovo (PDK, issu de l'UCK), Hashim Thaçi s'est montré beaucoup plus hostile au texte, en affirmant qu'il est «en contradiction avec la volonté de la population du Kosovo qui souhaite l'indépendance du Kosovo».
A Gracanica, Radomir n'ignore pas le mécontentement des Albanais. «Leurs positions et les nôtres sont incompatibles. Peut-être le mieux serait-il de partager le Kosovo puisque jamais plus nous ne pourrons nous entendre. Mais de cela, la communauté internationale ne veut pas entendre parler». Il montre une colonne de véhicules blindés britanniques qui remonte la rue centrale du village. «Les troupes de l'OTAN veulent rester longtemps au Kosovo, et elles y resteront. C'est la seule chose qui soit certaine».
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 16/05/2001