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Balkans

Fragiles avancées politiques en Macédoine

Après avoir menacé de proclamer l'état de guerre, le gouvernement macédonien s'est rendu aux arguments de la communauté internationale, qui craignait qu'une telle mesure ne fasse pour de bon basculer le petit pays dans la guerre civile. On parle maintenant d'un gouvernement d'union nationale.
De notre correspondant dans les Balkans

Les émissaires occidentaux se sont en effet succédés à Skopje. L'Union européenne a dépêché dimanche en catastrophe à Skopje le responsable de la Politique extérieure de sécurité commune, Javier Solana, pour essayer de dissuader le gouvernement de proclamer l'état de guerre, et lundi, le secrétaire général de l'OTAN, a lui aussi pris le chemin de Skopje. Dès son arrivée dans la capitale macédonienne, George Robertson a eu les mots les plus durs pour les guérilleros albanais, les qualifiant de «bande de voyous assassins dont l'objectif est de détruire la Macédoine démocratique», les accusant de se servir des civils comme boucliers humains dans le but de provoquer un «nouveau bain de sang dans les Balkans». Pour autant, George Robertson a dû achever de persuader le gouvernement de surseoir à la proclamation de l'état de guerre.

Le Parti démocratique albanais (PDSh) d'Arbën Xhaferi avait ainsi menacé de quitter le gouvernement du pays, auquel il participe depuis l'automne 1998, si l'état de guerre était proclamé. «Nous refusons une militarisation de la crise» a répété Arbën Xhaferi, disant vouloir parler d'un «état de paix et non pas de l'état de guerre». Au contraire, on semble désormais envisager à Skopje la constitution d'un gouvernement d'union nationale, qui pourrait inclure non seulement le PDSh, mais aussi l'autre grande formation albanaise, le Parti de la prospérité démocratique (PDP), ainsi que l'opposition macédonienne social-démocrate. Seul le Parti démocratique national (PDK), qui se présente comme l'expression politique de la guérilla resterait bien évidemment en dehors de cette grande coalition. Le PDP a déclaré ne pas être hostile au principe d'une vaste coalition nationale, conditionnant toutefois sa participation à la signature d'un cessez-le-feu.

La communauté albanaise et le discours radical

Cependant, est-il encore temps pour le dialogue? Les autorités de Skopje n'envisagent pas de discuter avec les «terroristes» de l'UCKM, tandis qu'il semble clair que les partis politiques albanais n'ont aucune prise sur la guérilla, qui a défini ses propres objectifs et son propre calendrier. Lorsque les combats s'étaient calmés, à la fin du mois de mars, le PDSh espérait pouvoir «transformer la mise» en contraignant les Macédoniens à un véritable dialogue et à de véritables concessions. Le mois de trêve qu'a connu le pays n'a pas été mis à profit, et la communauté albanaise est de plus en plus sensible au discours radical de l'UCKM.

En plus des objurgations occidentales, le gouvernement de Skopje se croit aussi en meilleure position pour négocier, puisqu'il estime avoir marqué des coups décisifs contre la guérilla ces derniers jours. Pourtant, celle-ci menace toujours d'ouvrir de nouveaux fronts, «à Tetovo, à Gostivar, à Debar, dans toutes les régions albanaises de Macédoine». Il semble que l'UCKM soit toujours en mesure de mettre ses menaces à exécution.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 08/05/2001