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Balkans

Macédoine: la guérilla albanaise frappe à nouveau

Après un mois de calme, la guérilla albanaise de l'UCK a repris ses actions armées. Huit soldats et policiers macédoniens sont tombés samedi dans une embuscade. Les risques d'escalade sont à nouveau très importants.
De notre correspondant dans les Balkans

La Macédoine n'aura connu qu'une trêve d'un mois. Samedi après-midi, huit soldats et policiers de la petite république sont tombés dans une embuscade tendue par la guérilla albanaise de l'Armée de libération nationale (UCK) dans un village des montagnes qui domine Tetovo, la seconde ville du pays, à la population majoritairement albanaise, non loin de la frontière du Kosovo. Plusieurs de ces hommes appartenaient aux forces spéciales macédoniennes engagées dans la lutte anti-guérilla.

A la fin du mois de mars, les autorités macédoniennes affirmaient pourtant avoir éradiqué la «menace terroriste» albanaise, et un fragile processus de négociation politique s'était engagé entre les autorités de Skopje et les représentants de la communauté albanaise, notamment le Parti démocratique albanais (PDSh), qui participe depuis l'automne 1998 au gouvernement du pays. Le PDSh a toujours affirmé son attachement à la solidarité gouvernementale et a condamné en termes sans équivoque la guérilla. Pourtant, le processus de négociation n'a jamais véritablement décollé. Les représentants albanais insistent sur la modification du préambule de la Constitution macédonienne, qui définit le pays comme l'Etat-nation des seuls Macédoniens slaves et «des autres communautés nationales». Les Albanais voudraient être érigé au rang de second peuple «constitutif» du pays, au même rang que les Macédo-slaves. Le Président de la République Boris Trajkovski a rappelé que «tout était négociable, sauf ce préambule de la Constitution». L'UCK, pour sa part, réclame officiellement la transformation de la Macédoine en une fédération de deux entités, l'une slave, l'autre albanaise.

La riposte attendue de l'armée macédonienne

L'apparition surprise de la guérilla, à la fin du mois de février, avait suscité toutes les hypothèses, certains supposant même que le PDSh aurait pu jouer double-jeu, laissant cette guérilla se développer pour contraindre les autorités macédoniennes à de véritables compromis. Le leader du PDSh, Arben Xhaferi, jouit toujours d'un immense prestige au sein de la communauté albanaise, mais l'homme est très affaibli par la maladie, et il n'est pas exclu que certains seconds couteaux du PDSh jouent désormais la carte de l'affrontement et de la provocation. Le numéro deux officieux du PDSh, Mendush Thaçi, que la rumeur veut fortement lié aux activités mafieuses, pourrait ainsi ne pas être étranger au développement de la guérilla.

Militairement, l'UCK de Macédoine bénéficie de bases arrières au Kosovo, mais les analystes pensent que les combattants opérant en Macédoine appartiennent à plusieurs petits groupes, entre lesquels il n'existe pas de véritable coordination. La guérilla n'a de toute façon guère de difficultés à recruter parmi les jeunes Albanais du pays, massivement dés£uvrés, et fortement influencés par «l'exemple» du Kosovo. On attend désormais la riposte des forces macédoniennes, mais l'impossibilité d'ouvrir un véritable dialogue et le radicalisme longtemps professé par les dirigeants de la communauté albanaise font de toute façon craindre que la Macédoine ne bascule pour de bon dans la guerre civile.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 30/04/2001