Balkans
L'indépendance du Monténégro en ligne de mire
Les Monténégrins votent ce dimanche. Les élections législatives de ce 22 avril devraient être le prélude à un référendum sur l'indépendance. La petite république quitterait alors la Fédération yougoslave qui perdrait toute raison d'être.
De notre correspondant dans les Balkans
A Cetinje, la capitale historique de la principauté monténégrine, bastion de toujours des indépendantistes de la petite république, un grand panneau publicitaire propose « le nouveau visage de la capitale » : les drapeaux de tous les grands pays du monde flottent sur les bâtiments des anciennes ambassades, désaffectées depuis le rattachement du pays à la Serbie, en 1918. Le texte précise : « pour qu'il en soit ainsi, il nous faut Milo ». Milo Djukanovic, le président de la petite république yougoslave a en effet décidé d'engager pour de bon son pays dans la voie de l'indépendance. Les élections législatives du 22 avril devraient être le prélude à un référendum d'indépendance, qui pourrait être organisé au début du mois de juillet.
En 1992, lorsque éclate l'ancienne Yougoslavie, seul le petit Monténégro û 650 000 habitants û décide de constituer une nouvelle Fédération avec la Serbie û 10 millions d'habitants. A partir de 1997, les dirigeants monténégrins s'éloignent de plus en plus de Belgrade. Le Monténégro fait dès lors figure de principal bastion de l'opposition au régime de Slobodan Milosevic. La chute du tyran de Belgrade, en octobre dernier, ne change rien à la détermination des Monténégrins, bien au contraire. « Vojislav Kostunica est un nationaliste, qui poursuit le rêve d'unification grand-serbe. Pour lui, le Monténégro ne mérite pas d'avoir une existence autonome », martèlent les proches de Milo Djukanovic.
Une population divisée
La population du petit pays est pourtant toujours divisée. Deux grandes coalitions s'affronteront le 22 avril. La Coalition démocratique, qui réunit les partisans du Président Djukanovic, est créditée d'une forte avance dans les sondages, face au bloc « Ensemble pour la Yougoslavie ». Les partisans de l'alliance traditionnelle avec la Serbie, ralliés à Vojislav Kostunica, ont en effet été affaiblis d'une aile radicale, restée fidèle à Slobodan Milosevic. Pour beaucoup d'analystes, la seule question serait de savoir si la Coalition démocratique disposera, à elle seule, de la majorité absolue dans le futur Parlement. A défaut, elle devrait faire alliance avec les députés de la minorité albanaise et, surtout, avec l'Alliance libérale du Monténégro, qui réunit les indépendantistes convaincus, partisans du retour sur le trône de la dynastie royale des Petrovic Njegos. Les libéraux ont fixé leurs conditions pour une future majorité : il faudra que celle-ci s'engage fermement à convoquer au plus vite un référendum portant explicitement sur l'indépendance du pays.
L'hypothèse d'une alliance avec les libéraux réduit encore plus toutes les possibilités de négociations avec Belgrade. Le gouvernement monténégrin a proposé la transformation de l'actuelle fédération en une confédération aux liens très lâches entre les deux républiques. Fin de non-recevoir de Belgrade, qui s'affirme prêt à reconnaître les résultats d'un référendum mais en cherchant à placer les Monténégrins devant une alternative radicale: ou le statu quo constitutionnel ou l'indépendance pure et simple. Cette indépendance aurait pourtant un effet déstabilisateur dans toute la région, et d'abord au Kosovo. Depuis la fin de la guerre du printemps 1999, ce dernier n'est plus rattaché à la République de Serbie, mais dépend toujours û officiellement û de la Fédération yougoslave, que l'indépendance monténégrine ferait disparaître. Les Occidentaux s'opposent à l'indépendance monténégrine pour cette raison, mais les Monténégrins répondent qu'ils « ne veulent pas être otages du Kosovo », en estimant que « la communauté internationale sera bien obligé de reconnaître notre indépendance si elle est décidée démocratiquement ».
A Cetinje, la capitale historique de la principauté monténégrine, bastion de toujours des indépendantistes de la petite république, un grand panneau publicitaire propose « le nouveau visage de la capitale » : les drapeaux de tous les grands pays du monde flottent sur les bâtiments des anciennes ambassades, désaffectées depuis le rattachement du pays à la Serbie, en 1918. Le texte précise : « pour qu'il en soit ainsi, il nous faut Milo ». Milo Djukanovic, le président de la petite république yougoslave a en effet décidé d'engager pour de bon son pays dans la voie de l'indépendance. Les élections législatives du 22 avril devraient être le prélude à un référendum d'indépendance, qui pourrait être organisé au début du mois de juillet.
En 1992, lorsque éclate l'ancienne Yougoslavie, seul le petit Monténégro û 650 000 habitants û décide de constituer une nouvelle Fédération avec la Serbie û 10 millions d'habitants. A partir de 1997, les dirigeants monténégrins s'éloignent de plus en plus de Belgrade. Le Monténégro fait dès lors figure de principal bastion de l'opposition au régime de Slobodan Milosevic. La chute du tyran de Belgrade, en octobre dernier, ne change rien à la détermination des Monténégrins, bien au contraire. « Vojislav Kostunica est un nationaliste, qui poursuit le rêve d'unification grand-serbe. Pour lui, le Monténégro ne mérite pas d'avoir une existence autonome », martèlent les proches de Milo Djukanovic.
Une population divisée
La population du petit pays est pourtant toujours divisée. Deux grandes coalitions s'affronteront le 22 avril. La Coalition démocratique, qui réunit les partisans du Président Djukanovic, est créditée d'une forte avance dans les sondages, face au bloc « Ensemble pour la Yougoslavie ». Les partisans de l'alliance traditionnelle avec la Serbie, ralliés à Vojislav Kostunica, ont en effet été affaiblis d'une aile radicale, restée fidèle à Slobodan Milosevic. Pour beaucoup d'analystes, la seule question serait de savoir si la Coalition démocratique disposera, à elle seule, de la majorité absolue dans le futur Parlement. A défaut, elle devrait faire alliance avec les députés de la minorité albanaise et, surtout, avec l'Alliance libérale du Monténégro, qui réunit les indépendantistes convaincus, partisans du retour sur le trône de la dynastie royale des Petrovic Njegos. Les libéraux ont fixé leurs conditions pour une future majorité : il faudra que celle-ci s'engage fermement à convoquer au plus vite un référendum portant explicitement sur l'indépendance du pays.
L'hypothèse d'une alliance avec les libéraux réduit encore plus toutes les possibilités de négociations avec Belgrade. Le gouvernement monténégrin a proposé la transformation de l'actuelle fédération en une confédération aux liens très lâches entre les deux républiques. Fin de non-recevoir de Belgrade, qui s'affirme prêt à reconnaître les résultats d'un référendum mais en cherchant à placer les Monténégrins devant une alternative radicale: ou le statu quo constitutionnel ou l'indépendance pure et simple. Cette indépendance aurait pourtant un effet déstabilisateur dans toute la région, et d'abord au Kosovo. Depuis la fin de la guerre du printemps 1999, ce dernier n'est plus rattaché à la République de Serbie, mais dépend toujours û officiellement û de la Fédération yougoslave, que l'indépendance monténégrine ferait disparaître. Les Occidentaux s'opposent à l'indépendance monténégrine pour cette raison, mais les Monténégrins répondent qu'ils « ne veulent pas être otages du Kosovo », en estimant que « la communauté internationale sera bien obligé de reconnaître notre indépendance si elle est décidée démocratiquement ».
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 19/04/2001