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Balkans

Macédoine: la tentation du pire

Alors que les combats se sont apaisés dans l'ouest de la Macédoine entre les rebelles albanais de l'UCK et l'armée macédonienne, notre envoyé spécial Bruno Daroux s'est rendu auprès de la minorité albanaise.
Ecouter l'émission Reporteurs (15 minutes)

Depuis presque un mois, on reparle de la Macédoine, ce petit état des Balkans grand comme deux départements français (26.000 kmª). Un Etat de 2,2 millions d'habitants, composé pour l'essentiel de deux communautés, d'un côté les Slaves macédoniens, largement majoritaires (environ 70% de la population totale), de l'autre les Albanais (entre 25 et 30% selon les estimations). Issue de l'ancienne Yougoslavie, la Macédoine a acquis son indépendance en 1991. Et tout de suite s'est posé le délicat problème de la cohabitation entre deux populations très différentes.

Ce problème est à nouveau à l'ordre du jour depuis que la guérilla albanaise de l'UCK, positionnée dans les montagnes qui forment la frontière de la Macédoine avec le Kosovo, ont repris les armes début mars. Notamment dans les villages qui surplombent Tetovo, la deuxième ville du pays (200.000 habitants, dont 80% d'Albanais). Face à ce qu'elle considère comme un trouble intolérable à l'ordre public et à l'intégrité du territoire, l'armée macédonienne a lancé le 25 mars une offensive d'envergure contre les positions albanaises. Les maquisards UCK ont dû reculer, mais les informations restent floues: certains se sont repliés de l'autre côté de la frontière, au Kosovo, d'autres (mais combien?) auraient réussi à rester en territoire macédonien, aidés par les civils albanais dans les villages frontaliers.

La crise actuelle a par ailleurs relancé, difficilement semble-t-il, le processus de négociations politiques entre représentants politiques albanais et macédoniens. Des négociations qui pourraient aboutir à un certain rééquilibrage en faveur des albanais. Ces derniers réclament notamment un changement de la constitution, mettant les deux populations sur un plan d'égalité comme constitutives de la république macédonienne, une officialisation de la langue albanaise, en particulier pour les démarches administratives, et enfin la légalisation de l'université albanaise de Tetovo (10.000 étudiants). Faute de quoi, l'impatience perceptible de certaines couches de la population albanaise pourrait faire le jeu de l'UCK et favoriser la reprise des affrontements.



par Bruno  Daroux

Article publié le 06/04/2001