Balkans
«<i>Le conflit est en passe d'être résolu</i>»
Alajdin Demiri est ambassadeur de Macédoine en Suisse. Ce membre de la communauté albanaise est un nationaliste modéré proche du Parti démocratique albanais (PDA, qui participe au gouvernement). Lorsqu'il était maire de Tetovo, en 1998, il a passé huit mois en prison pour avoir hissé un drapeau albanais sur la mairie de cette ville à 80% albanophone près de laquelle se déroulent actuellement les combats. Aujourd'hui, Alajdin Demiri se veut optimiste sur l'issue des hostilités.
RFI :Comment voyez-vous l'évolution du conflit en Macédoine ?
Alajdin Demiri : Je pense que le conflit arrive à son point final. Il devrait être bientôt résolu, suite à ce qui se passe à Tetovo et dans les environs, où l'UCK recule, et suite à l'action diplomatique menée par l'Union européenne, qui appuie le gouvernement macédonien. Bien qu'on ne puisse pas parler de solution pacifique, compte tenu des combats, il faut se féliciter du faible nombre de victimes, ce qui est un élément nouveau dans l'histoire de la région, que ce soit au Kosovo, en Bosnie ou ailleursàCela signifie que les positions des deux parties, les Albanais et les Macédoniens, ne sont pas très éloignées. C'est un point positif qui incite à l'optimisme quant à la résolution du problème sur la table des négociations.
RFI : Croyez-vous à une issue rapide ?
AD : Il ne faudrait pas que les combats se prolongent. Dans ce cas, cela pourrait dégrader la situation et aggraver les tensions de chaque côté. Il faut agir vite, surtout du côté de l'Union européenne, de façon à ce que les populations ne se laissent pas gagner par la haine.
«La force internationale doit s'engager davantage»
RFI : L'offensive de l'armée contre l'UCK risque-t-elle de renforcer les sentiments nationalistes chez les Albanais ?
AD : Dans tous les pays multi-ethniques, il y a toujours, dans la population, des franges extrémistes et des franges plus modérées. Je pense que dans l'issue des combats actuels, il ne faut pas chercher les gagnants et les perdants. Il faut parvenir à créer un climat positif, de façon à faire ressortir qu'il y a résolution d'un problème. Si on parle de vainqueur et de vaincu, on montre du doigt la défaite d'un côté, la victoire de l'autre, ce qui risque de provoquer une animosité inter-ethnique dangereuse.Il faut agir dans le sens de ce climat positif, mettre en avant le fait que la Macédoine à gardé son territoire, son intégrité, de façon à pouvoir dire que les extrémistes armés ont renoncé à leurs projets faute de soutien de la population albanaise.
RFI : Quel peut-être le rôle du Parti démocratique albanais (PDA), membre de la coalition gouvernementale ?
AD : Je suis sûr que ce parti va tout faire pour sauvegarder la paix, pour construire ou bien reconstruire encore une fois la paix en Macédoine. Le PDA a toujours agi dans le sens d'une cohabitation pacifique entre communautés. Jamais il n'a accepté le recours à la violence. Il va avoir un rôle important dans la résolution du conflit, en tant qu'élément modérateur.
RFI : Mais en cas de prolongation des hostilités, est-ce que le risque est réel d'une déstabilisation de la région ?
AD : Même si je me veux résolument optimiste, je dois vous répondre en avouant que c'est une perspective qui hante tout le monde, en Macédoine comme à l'étranger. Si le conflit persiste, cela peut avoir des conséquences très graves pour la région. Comme vous le savez, les Balkans sont une région où les rivalités croisées, entre communautés, sont anciennes. Elles resurgissent facilement, et se reconstituent au gré d'alliances de circonstances, l'ennemi d'hier devenant l'ami d'aujourd'hui, et vice versa. Voilà le danger des Balkans.
RFI : De quelle façon l'Europe peut-elle intervenir, hormis par des déclarations et des communiqués ?
AD : Justement, les déclarations créent un climat. Ce sont des messages, d'une part pour les gouvernements et d'autre part pour ceux qui ont pris les armes. Les premiers sont soutenus, les seconds désavoués. C'est important. Mais il faut surtout une action concrète, notamment en renforçant les contrôles de sécurité à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo. Il faudrait aussi que la brigade allemande stationnée dans la région de Tetovo s'engage un peu plus pour calmer la situation. Je ne veux pas dire que la force internationale doit participer aux combats, mais elle doit s'engager davantage dans la sauvegarde de l'ordre public et se montrer plus sévère contre le trafic d'armes.
Alajdin Demiri : Je pense que le conflit arrive à son point final. Il devrait être bientôt résolu, suite à ce qui se passe à Tetovo et dans les environs, où l'UCK recule, et suite à l'action diplomatique menée par l'Union européenne, qui appuie le gouvernement macédonien. Bien qu'on ne puisse pas parler de solution pacifique, compte tenu des combats, il faut se féliciter du faible nombre de victimes, ce qui est un élément nouveau dans l'histoire de la région, que ce soit au Kosovo, en Bosnie ou ailleursàCela signifie que les positions des deux parties, les Albanais et les Macédoniens, ne sont pas très éloignées. C'est un point positif qui incite à l'optimisme quant à la résolution du problème sur la table des négociations.
RFI : Croyez-vous à une issue rapide ?
AD : Il ne faudrait pas que les combats se prolongent. Dans ce cas, cela pourrait dégrader la situation et aggraver les tensions de chaque côté. Il faut agir vite, surtout du côté de l'Union européenne, de façon à ce que les populations ne se laissent pas gagner par la haine.
«La force internationale doit s'engager davantage»
RFI : L'offensive de l'armée contre l'UCK risque-t-elle de renforcer les sentiments nationalistes chez les Albanais ?
AD : Dans tous les pays multi-ethniques, il y a toujours, dans la population, des franges extrémistes et des franges plus modérées. Je pense que dans l'issue des combats actuels, il ne faut pas chercher les gagnants et les perdants. Il faut parvenir à créer un climat positif, de façon à faire ressortir qu'il y a résolution d'un problème. Si on parle de vainqueur et de vaincu, on montre du doigt la défaite d'un côté, la victoire de l'autre, ce qui risque de provoquer une animosité inter-ethnique dangereuse.Il faut agir dans le sens de ce climat positif, mettre en avant le fait que la Macédoine à gardé son territoire, son intégrité, de façon à pouvoir dire que les extrémistes armés ont renoncé à leurs projets faute de soutien de la population albanaise.
RFI : Quel peut-être le rôle du Parti démocratique albanais (PDA), membre de la coalition gouvernementale ?
AD : Je suis sûr que ce parti va tout faire pour sauvegarder la paix, pour construire ou bien reconstruire encore une fois la paix en Macédoine. Le PDA a toujours agi dans le sens d'une cohabitation pacifique entre communautés. Jamais il n'a accepté le recours à la violence. Il va avoir un rôle important dans la résolution du conflit, en tant qu'élément modérateur.
RFI : Mais en cas de prolongation des hostilités, est-ce que le risque est réel d'une déstabilisation de la région ?
AD : Même si je me veux résolument optimiste, je dois vous répondre en avouant que c'est une perspective qui hante tout le monde, en Macédoine comme à l'étranger. Si le conflit persiste, cela peut avoir des conséquences très graves pour la région. Comme vous le savez, les Balkans sont une région où les rivalités croisées, entre communautés, sont anciennes. Elles resurgissent facilement, et se reconstituent au gré d'alliances de circonstances, l'ennemi d'hier devenant l'ami d'aujourd'hui, et vice versa. Voilà le danger des Balkans.
RFI : De quelle façon l'Europe peut-elle intervenir, hormis par des déclarations et des communiqués ?
AD : Justement, les déclarations créent un climat. Ce sont des messages, d'une part pour les gouvernements et d'autre part pour ceux qui ont pris les armes. Les premiers sont soutenus, les seconds désavoués. C'est important. Mais il faut surtout une action concrète, notamment en renforçant les contrôles de sécurité à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo. Il faudrait aussi que la brigade allemande stationnée dans la région de Tetovo s'engage un peu plus pour calmer la situation. Je ne veux pas dire que la force internationale doit participer aux combats, mais elle doit s'engager davantage dans la sauvegarde de l'ordre public et se montrer plus sévère contre le trafic d'armes.
par Propos recueillis par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 26/03/2001