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Balkans

La fin d'une guérilla

Les guérilleros albanais du sud de la Serbie ont finalement accepté de se démanteler. L'état-major de l'Armée de libération de Presevo, Bujanovac et Medvedja (UCPMB) ûdu nom des trois communes au peuplement majoritairement albanaisû a signé, lundi après-midi, un accord de démobilisation. Muhamed Xhemaili, un commandant en rupture de ban qui comptait poursuivre le combat, aurait été arrêté.
De notre correspondant dans les Balkans

L'accord proposé par le représentant de l'OTAN en Yougoslavie Shawn Sullivan stipule que l'UCPMB «est d'accord pour être entièrement démilitarisée, démobilisée et démantelée avec l'assistance de la communauté internationale». A partir de jeudi 24 mai, les troupes yougoslaves devraient donc pénétrer sans problèmes majeurs dans la zone B de la « zone de sécurité » qui leur était jusqu'à présent interdite le long des frontières du Kosovo. L'UCPMB avait profité de la démilitarisation de cette longue bande de territoire de plus de 80 kilomètres de long sur 5 kilomètres de profondeur, prévue par les accords militaires de Kumanovo, qui avaient mis fin aux bombardements de l'OTAN contre la Yougoslavie en juin 1999, pour s'installer dans ce no man's land.

La décision de l'OTAN d'autoriser le retour des troupes yougoslaves fait figure de succès diplomatique et militaire majeur pour Belgrade. Irritée par le développement d'une autre guérilla albanaise en Macédoine, la communauté internationale a dû constater que la KFOR du Kosovo n'était pas en mesure de réaliser un bouclage efficace de la frontière du Kosovo, base arrière des guérillas de Serbie et de Macédoine. Le recours à Belgrade sonne incontestablement comme un aveu d'échec de la part de l'OTAN. Lorsque l'Armée yougoslave avait été autorisé à pénétrer dans un premier secteur de la « zone de sécurité », en mars dernier, la presse de Belgrade avait salué avec enthousiasme un « premier pas » vers le retour dans toute la zone de sécurité et, plus tard, au Kosovo lui-même.

«Le temps est venu de déposer les armes»

Le plan de paix proposé par le vice-Premier ministre serbe Nebojsa Covic doit désormais constituer la base du règlement de la question albanaise dans le sud de la Serbie. Signe encourageant, une nouvelle police multiethnique, ouverte à d'anciens policiers albanais licenciés ou démissionnaires ainsi qu'à de nouvelles recrues, a commencé à s'entraîner dès lundi.

Les émissaires occidentaux peuvent se féliciter du travail de navettes qu'ils n'ont pas cessé d'effectuer depuis plusieurs mois entre la guérilla, les représentants politiques albanais et ceux du gouvernement de Belgrade. Les représentants de l'OTAN n'ont pas hésité à qualifier le règlement de la crise dans la vallée de Presevo de « bon exemple » pour la Macédoine. « Le temps est venu de déposer les armes et de recourir désormais à des moyens politiques », souligne ainsi le texte signé par la guérilla, qui peut se retirer sans avoir le sentiment de perdre la face.

Dès lors que l'OTAN choisissait la carte du soutien à Belgrade, l'UCPMB a compris avec réalisme que la lutte armée était vaine. La solution politique refait pourtant passer au premier plan le maire de Presevo, Riza Halimi, un homme très proche du leader kosovar Ibrahim Rugova. Cette sanction constitue donc un échec politique autant que militaire pour les guérilleros qui étaient proches des courants issus de l'UCK du Kosovo. Le plus probable demeure qu'ils réagissent à cet échec en multipliant les provocations en Macédoine, où la trêve observé depuis une dizaine de jours a été rompue lundi.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 22/05/2001