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Balkans

Macédoine: le pays fragile

Regain de tension à la frontière Macédoine/Kosovo où les séparatistes albanais multiplient les actions violentes faisant planer une nouvelle fois le risque d'un éclatement de ce petit pays de 2 millions d'habitants.
Une nouvelle fois, la Macédoine se sent menacée. La raison en est l'émergence dans le nord du pays d'une «armée de libération nationale» composée de séparatistes albanais qui empruntent comme signe de reconnaissance un sigle (UCK) déjà rendu célèbre de l'autre côté de la frontière, au Kosovo. Les accrochages se multiplient depuis deux semaines avec l'armée macédonienne, mais dès jeudi les forces de l'OTAN déployées au Kosovo ont franchi la frontière macédonienne pour venir «sécuriser» les villages dans lesquels les rebelles avaient pris position. Une réaction rapide de l'Alliance atlantique qui témoigne de l'importance accordée par les chancelleries occidentales à la stabilité de la Macédoine.

Un souci qui est largement partagé sur place. L'inquiétude pour l'avenir de leur pays est presque devenue une seconde nature pour les habitants de cette ex-république yougoslave. A intervalles réguliers, les crises qui agitent les Balkans viennent attirer l'attention sur la fragilité ce petit pays de deux millions d'habitants coincé au centre de la mosaïque des Balkans. C'est cette position géographique centrale au c£ur du puzzle balkanique qui a incité les Etats-Unis et l'Europe à se pencher très tôt sur la question de la sécurité et de la stabilité de ce jeune pays.

Dès les lendemains d'une indépendance acquise en une nuit (le 25 janvier 1991) sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré, les Etats-Unis ont décidé d'envoyer des troupes sur place pour garantir les frontières de ce nouvel Etat, militairement fragile, puisqu'il n'avait hérité d'aucun matériel de l'ex-armée yougoslave, si ce n'étaient quelques Kalachnikov. Les GI's accompagnés d'un bataillon venus des pays nordiques (Danemark, Suède, Norvège) resteront déployés sur la frontière de la Macédoine avec la Yougoslavie de Milosevic (Serbie et Kosovo) jusqu'en février 1999.

L'irrédentisme albanais

Sous la houlette de Kiro Gligorov, nouveau président macédonien et ancien dirigeant communiste yougoslave, le pays prend ses distances avec Belgrade. Dans le même temps, la Macédoine doit batailler pour imposer son nom. La Grèce s'oppose en effet à l'utilisation de «Macédoine» qui selon Athènes fait partie intégrante du patrimoine national grec. Il faudra donc dans les instances internationales que les représentants de Skopje se contentent de représenter la FYROM (acronyme anglais pour «ex-République yougoslave de Macédoine»).

L'épreuve sans doute la plus lourde pour la Macédoine aura été l'afflux sur son sol de centaine de milliers de réfugiés albanais du Kosovo lors de l'offensive conduite par l'aviation de l'OTAN contre les forces de Slobodan Milosevic au printemps 1999. Là encore, les risques d'une déstabilisation du pays ont été mille fois évoqués. Depuis lors c'est la contagion de l'irrédentisme albanais qui est devenu une menace dans ce pays qui compte une minorité albanaise qui représente entre un quart et un tiers de sa population. Les Albanais pourtant sont présents, au Parlement comme au gouvernement, contrairement à la situation qui prévalait au Kosovo dans les années 90. Toutefois en Macédoine, les deux populations vivent côte à côte sans vraiment se croiser.

Aujourd'hui au moment où le bruit des armes résonne dans la montagne à une trentaine de kilomètres de Skopje, toute la population (y compris la population albanaise) vit une nouvelle fois dans un sentiment d'insécurité et de précarité avec le sentiment d'habiter dans un pays en sursis.



par Philippe  Couve

Article publié le 09/03/2001