Balkans
La Macédoine gagnée par la crainte
Depuis l'apparition d'une mystérieuse armée de libération nationale dans le nord-ouest de la Macédoine, les affrontements violents se multiplient. Les actions de cette organisation jumelle de l'UCK du Kosovo sont qualifiées de «provocation» tant par les Albanais de Macédoine que par la majorité slave de la population.
De notre envoyé spécial en Macédoine
Les combats se sont intensifiés depuis le week-end aux alentours de Tanusevci, ce village de Macédoine, situé sur la frontière du Kosovo, passé sous le contrôle d'une encore bien mystérieuse Armée de libération nationale (UCK), qui n'a pas encore formulé la moindre revendication. Dimanche après-midi, les autorités de Skopje ont reconnu la mort de trois soldats.
L'OTAN a exprimé son inquiétude face aux risques d'extension de cette nouvelle guérilla séparatiste albanaise, mais le Premier ministre macédonien Ljupco Georgievski a dénoncé la «mollesse» de la réaction occidentale. Les patrouilles de la KFOR ont certes été renforcées aux abords du village de Debelde, qui jouxte la frontière du côté du Kosovo, mais le mandat de la force internationale lui interdit de s'aventurer en territoire macédonien. Plus offensifs, les gouvernements grec et macédonien ont assuré la Macédoine de leur soutien, la Bulgarie proposant l'envoi de renforts militaires.
Tanusevci se trouve dans le massif de la Skopska Crna Gora, où cohabitent Albanais et Macédoniens, mais c'est là aussi que sont concentrées les petites communautés serbes du pays. La route menant à la zone de conflit est rigoureusement fermée par la police et l'Armée macédoniennes, mais le petit bourg à Lipkovo, principal centre de peuplement serbe en Macédoine, n'est qu'à quelques kilomètres de Tanusevci. «Cette région a toujours été serbe», s'indignent les consommateurs réunis dans le café du bourg. «Les Albanais ont colonisé la région depuis le Kosovo. Maintenant, ils nous provoquent directement», explique Mirko.
«Ce sont des provocations»
Les Albanais de Macédoine û 25 à 30 % de la population de ce petit pays de 2 millions d'habitants, selon des statistiques qui sont elles-mêmes objets d'âpres polémiques û s'estiment victimes de discriminations de la part de la majorité slavo-macédonienne (65% de la population totale). Ils participent pourtant au gouvernement du pays, le Parti démocratique albanais (PDSh) ayant formé en 1998 une étrange coalition avec la droite nationaliste macédonienne du VMRO. Malgré leur relative prospérité économique, les Albanais de Macédoine craignent en fait d'être «oubliés» entre l'Albanie et un Kosovo qui deviendrait indépendant. Le PDSh prétend pourtant ne rien savoir de la guérilla de Tanusevci, et affirme son souci de solidarité gouvernementale avec les partis macédoniens.
«Ce sont des provocateurs, simplement des provocateurs», s'indigne Xhevat, un enseignant de Tetovo sympathisant du PDSh. «Les Albanais ont deux objectifs: que le Kosovo devienne indépendant, et que leurs droits nationaux soient pleinement reconnus en Macédoine. Cette guérilla va à l'encontre de ces deux objectifs». Même le quotidien Makedonija Denes, pourtant d'habitude peu sensible aux arguments albanais, reprend cette hypothèse d'une «provocation», tout en évoquant les importants intérêts mafieux en conflit dans la région. «Tout le monde a très peur», résume Jasmina, une journaliste macédonienne de Skopje. «Pour l'instant, le conflit reste limité, et nous voulons croire qu'il ne s'agit que d'un incident frontalier, car la Macédoine ne survivrait pas à un conflit généralisé».
A ce carrefour des Balkans, entre Serbie, Kosovo et Macédoine, tout le monde prend au sérieux le risque d'embrasement. Les positions de l'UCK de Macédoine ne se situent en effet qu'à quelques kilomètres de celles de l'UCPMB, la guérilla albanaise du sud de la Serbie. Au risque de provoquer une nouvelle crise régionale, certains semblent pourtant décidés à ouvrir la question de l'unification nationale de tous les Albanais des Balkans.
Les combats se sont intensifiés depuis le week-end aux alentours de Tanusevci, ce village de Macédoine, situé sur la frontière du Kosovo, passé sous le contrôle d'une encore bien mystérieuse Armée de libération nationale (UCK), qui n'a pas encore formulé la moindre revendication. Dimanche après-midi, les autorités de Skopje ont reconnu la mort de trois soldats.
L'OTAN a exprimé son inquiétude face aux risques d'extension de cette nouvelle guérilla séparatiste albanaise, mais le Premier ministre macédonien Ljupco Georgievski a dénoncé la «mollesse» de la réaction occidentale. Les patrouilles de la KFOR ont certes été renforcées aux abords du village de Debelde, qui jouxte la frontière du côté du Kosovo, mais le mandat de la force internationale lui interdit de s'aventurer en territoire macédonien. Plus offensifs, les gouvernements grec et macédonien ont assuré la Macédoine de leur soutien, la Bulgarie proposant l'envoi de renforts militaires.
Tanusevci se trouve dans le massif de la Skopska Crna Gora, où cohabitent Albanais et Macédoniens, mais c'est là aussi que sont concentrées les petites communautés serbes du pays. La route menant à la zone de conflit est rigoureusement fermée par la police et l'Armée macédoniennes, mais le petit bourg à Lipkovo, principal centre de peuplement serbe en Macédoine, n'est qu'à quelques kilomètres de Tanusevci. «Cette région a toujours été serbe», s'indignent les consommateurs réunis dans le café du bourg. «Les Albanais ont colonisé la région depuis le Kosovo. Maintenant, ils nous provoquent directement», explique Mirko.
«Ce sont des provocations»
Les Albanais de Macédoine û 25 à 30 % de la population de ce petit pays de 2 millions d'habitants, selon des statistiques qui sont elles-mêmes objets d'âpres polémiques û s'estiment victimes de discriminations de la part de la majorité slavo-macédonienne (65% de la population totale). Ils participent pourtant au gouvernement du pays, le Parti démocratique albanais (PDSh) ayant formé en 1998 une étrange coalition avec la droite nationaliste macédonienne du VMRO. Malgré leur relative prospérité économique, les Albanais de Macédoine craignent en fait d'être «oubliés» entre l'Albanie et un Kosovo qui deviendrait indépendant. Le PDSh prétend pourtant ne rien savoir de la guérilla de Tanusevci, et affirme son souci de solidarité gouvernementale avec les partis macédoniens.
«Ce sont des provocateurs, simplement des provocateurs», s'indigne Xhevat, un enseignant de Tetovo sympathisant du PDSh. «Les Albanais ont deux objectifs: que le Kosovo devienne indépendant, et que leurs droits nationaux soient pleinement reconnus en Macédoine. Cette guérilla va à l'encontre de ces deux objectifs». Même le quotidien Makedonija Denes, pourtant d'habitude peu sensible aux arguments albanais, reprend cette hypothèse d'une «provocation», tout en évoquant les importants intérêts mafieux en conflit dans la région. «Tout le monde a très peur», résume Jasmina, une journaliste macédonienne de Skopje. «Pour l'instant, le conflit reste limité, et nous voulons croire qu'il ne s'agit que d'un incident frontalier, car la Macédoine ne survivrait pas à un conflit généralisé».
A ce carrefour des Balkans, entre Serbie, Kosovo et Macédoine, tout le monde prend au sérieux le risque d'embrasement. Les positions de l'UCK de Macédoine ne se situent en effet qu'à quelques kilomètres de celles de l'UCPMB, la guérilla albanaise du sud de la Serbie. Au risque de provoquer une nouvelle crise régionale, certains semblent pourtant décidés à ouvrir la question de l'unification nationale de tous les Albanais des Balkans.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 06/03/2001
