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Balkans

Les séparatistes albanais entre deux feux

Les deux groupes armés albanais qui opèrent à partir du Kosovo en direction du sud de la Serbie et de la Macédoine se heurtent désormais à la fermeté des troupes de l'OTAN. Ils devraient également voir leur marge de man£uvre limitée par la réduction de la «zone tampon» entre Kosovo et Serbie.
De notre correspondant dans les Balkans

Des combats se poursuivaient toujours jeudi aux abords du village de Tanusevci, sur la frontière entre la Macédoine et le Kosovo, les forces macédoniennes ayant réussi, jeudi matin, à en déloger les guérilleros albanais de la nouvelle «Armée de libération nationale» (UCK). Sur le front diplomatique, l'OTAN semble décidée à permettre aux forces yougoslaves de reprendre position dans la «zone de sécurité», qui leur interdisait, jusqu'à présent, de s'approcher à plus de cinq kilomètres de la «frontière» du Kosovo. «L'OTAN est déterminée à ce que les éléments extrémistes, qui cherchent à semer l'instabilité ou à faire progresser leurs revendications politiques par des moyens violents, soient stoppés, que ce soit dans le sud de la Serbie, en Macédoine ou au Kosovo», a indiqué le secrétaire général de l'Alliance atlantique, George Robertson.

La décision de l'OTAN, attendue depuis plusieurs jours, devrait permettre aux forces de Belgrade de réduire considérablement les positions de l'Armée de libération de Presevo, Bujanovac et Medvedja (UCPMB), la guérilla albanaise du sud de la Serbie, alors que les contacts politiques engagés la semaine dernière semblent achopper. Les positions albanaises semblent pour l'instant inconciliables avec le plan de paix de Belgrade, exposé par Nebojsa Covic, le représentant spécial du gouvernement serbe dans la zone. Belgrade s'oppose également à ce que la délégation albanaise à d'éventuelles négociations soient conduites par les commandants de l'UCPMB, des «terroristes» aux yeux des autorités serbes. Si le feu vert occidental est donné pour de bon aux forces yougoslaves, celles-ci pourront notamment reprendre le contrôle du petit secteur de frontières directes avec la Macédoine, alors que les guérillas albanaises opérant dans ce pays et en Serbie cherchent manifestement à établir leur jonction.

Les soldats de l'OTAN font preuve de fermeté

De leur côté, les troupes internationales déployées au Kosovo semblent avoir choisi de faire preuve de plus de fermeté, en renforçant leur contrôle sur les frontières entre le Kosovo et la Macédoine. Depuis le village de Debelde, qui fait face, côté kosovar, à Tanusevci, elles ont ouvert le feu sur des combattants présumés de l'UCK de Macédoine et elles ont même pénétré en territoire macédonien, cherchant à démentir les critiques des autorités macédoniennes qui les accusaient de «passivité».

Cette nouvelle détermination internationale pourrait, à court terme, porter un coup peut-être décisif à une guérilla qui n'a pas encore pris trop d'ampleur, mais l'opération n'est pas sans risque politique. En effet, en agissant de la sorte, la KFOR s'expose aux critiques des nationalistes albanais du Kosovo lui-même, et les troupes internationales pourraient se retrouver en fâcheuse posture si l'opinion albanaise se retournait massivement contre elles.

Les efforts diplomatiques se heurtent de toute manière à plusieurs inconnues de taille : qui coordonne les guérillas albanaises du sud de la Serbie et de Macédoine, quels sont les liens de ces guérillas avec les réseaux politico-mafieux albanais du Kosovo, et quels buts poursuivent-elles? Les moins loquaces sont aujourd'hui les leaders politiques albanais du Kosovo et de Macédoine, à commencer par Ashim Thaçi, ancien porte-parole de l'UCK du Kosovo et maintenant président du Parti démocratique du Kosovo (PDK), ou encore Ramush Haradinaj, ancien commandant de l'UCK entré en dissidence et qui disposerait de la haute main sur l'UCPMB du sud de la Serbie.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 08/03/2001