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Balkans

Macédoine : l'OTAN va «récolter» les armes

L'OTAN lance son opération «récolte essentielle» en Macédoine. Près de 3500 soldats de l'Alliance doivent se déployer pour superviser le désarmement de la rébellion albanaise.
«Récolte essentielle», c'est le nom trouvé par l'OTAN pour nommer l'opération qui va s'engager dans les prochaines heures en Macédoine. Le premier feu vert a été donné par le conseil de l'OTAN mercredi soir. Dans un premier temps, l'ordre de mission de l'OTAN concerne 400 soldats (britanniques) qui seront les éléments précurseurs de la force, chargés de mettre en place l'état-major et les transmissions.

Ensuite, l'Alliance atlantique devra donner son accord pour la deuxième phase de l'opération. «L'autorisation de déploiement de la mission ne sera donné que lorsque les membres du Conseil seront satisfaits de la stabilité de la situation», a indiqué le porte-parole de l'OTAN, Yves Brodeur sur RFI. Au total 3500 soldats de l'Alliance atlantique doivent se déployer sur le terrain. Ils auront pour mission de superviser le désarmement de l'UCK, la rébellion albanaise.

Après avoir annoncé qu'elle s'accordait 15 jours de réflexion au terme de la signature du volet politique de l'accord de paix ratifié lundi à Skopje, la guérilla a finalement donné son feu vert pour être désarmée. Un accord en ce sens a été signé mardi soir avec l'envoyé spécial de l'OTAN dans les Balkans, Pieter Feith. En contrepartie, les autorités macédoniennes ont annoncé qu'elles accordaient une amnistie pour tous les combattants à l'exception de ceux ayant commis des crimes passibles du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.

Les menaces d'une nouvelle organisation rebelle


Point de contrôle à l'entrée de Grupcin.
© AFP
Sur le terrain, une quinzaine de conseillers militaires de l'OTAN sont déjà à pied d'oeuvre en Macédoine pour définir les conditions et les modalités de la prochaine collecte des armes de la guérilla. En effet, les quatre conditions posées par l'Alliance atlantique pour son déploiement sur le terrain sont désormais remplies: accord politique signé et bientôt ratifié par le parlement macédonien, cessez-le-feu relativement bien respecté, accord de la guérilla pour son désarmement et définition, avec les autorités de Skopje, du cadre juridique de l'intervention de l'Alliance.

Les premières forces de l'OTAN devraient arriver très rapidement sur le terrain. Un premier contingent de 400 soldats britanniques est attendu dès le week-end prochain. Les troupes de l'Alliance devraient être basées sur trois sites principaux: Petrovec (quartier de l'aéroport de Skopje), Kumanovo (nord du pays) et Krilovak (centre du pays). Les forces de l'OTAN seront composées de soldats en provenance de 12 pays (Allemagne, Etats-Unis, Espagne, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, République Tchèque et Turquie) commandés par le général danois Gunnar Lange.

En dépit des signes positifs, et de l'évidente volonté de l'Alliance atlantique de battre le fer tant qu'il est chaud, de sérieuses menaces obscurcissent l'horizon. A peine l'UCK avait-elle rendu public son accord pour être désarmée qu'un autre mouvement, l'AKSh (Armée nationale albanaise), a annoncé qu'elle rejetait l'accord de paix. Cette organisation clandestine, aujourd'hui encore mystérieuse, est à l'origine des attaques qui ont fait 18 morts depuis le début du mois d'août dans les rangs des forces macédoniennes. L'AKSh dont les dirigeants ne sont pas connus affirme vouloir lutter pour créer une Grande Albanie. Qu'il s'agisse d'une nouvelle organisation, ou d'un mouvement créé par des membres de l'UCK peu désireux de rendre les armes, l'action l'AKSh risque en tout cas de faire monter à nouveau la tension et de rendre difficile la «récolte» de l'OTAN



par Philippe  Couve

Article publié le 16/08/2001