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Balkans

Slovénie: oui à l’Union européenne et à l’Otan

Les électeurs slovènes ont finalement décidé d’approuver l’adhésion de leur pays à l’Otan. Comme prévu, l’entrée dans l’Union européenne a été plébiscitée par près de 90% des électeurs. Pour sa part, l’adhésion à l’Otan, objet du second référendum organisé dimanche, a recueilli 66% d’opinions favorables.
De notre correspondant dans les Balkans

Le gouvernement slovène, qui avait engagé toute sa crédibilité sur ces deux scrutins, peut donc respirer. L’adhésion à l’Otan, contestée par des secteurs importants de la société slovène, a obtenu une adhésion plus large qu’attendue. Depuis son accession à l’indépendance en 1991, jamais la petite république autrefois yougoslave n’avait pourtant connu un débat politique d’une telle ampleur et d’une telle virulence.
Le vote sur l’Union européenne ne laissait pas la place à la moindre incertitude. Pour la quasi-totalité des Slovènes, l’ancrage européen de leur pays est naturel. Par contre, l’adhésion à l’Otan a révélé une importante fracture entre la classe politique, unanimement favorable à l’Alliance atlantique, et une opinion publique beaucoup plus réservée. Les derniers sondages laissaient cependant présager la victoire du oui.
Les opposants à l’Alliance atlantique ont fait campagne jusqu’au dernier moment «Personne ne menace la Slovénie, l’adhésion à l’Otan va entraîner une inflation importante des dépenses militaires, sans que le pays n’en tire de gains réels en matière de sécurité. Bien au contraire, nous risquons d’attirer vers nous un terrorisme international qui négligeait jusqu’à présent la Slovénie», a ainsi martelé durant des semaines Joze Mencinger, recteur de l’Université de Ljubljana et opposant le plus connu à l’adhésion à l’Otan.

Tempête inhabituelle

L’alignement de la diplomatie slovène sur les positions américaines à propos de l’Irak a suscité une tempête inhabituelle dans le petit pays, et le ministre des Affaires étrangères, Dimitrij Rupel, est devenu la cible d’une presse presque unanime. Les Slovènes ont, en tout cas, montré qu’ils refusaient de relier automatiquement adhésion à l’Union européenne et à l’Otan.

Dans un long article récapitulant les arguments en faveur et en défaveur de l’adhésion à l’Otan, l’éditorialiste du quotidien Delo, Janko Lorenci, a émis de sérieux doutes sur les avantages que le pays pourrait escompter en matière de sécurité s’il adhérait à l’Alliance atlantique. Il concluait en se demandant si «la doctrine Bush allait perdurer». Pour lui, pas de doute, si «la fracture entre l’Europe et les Etats-Unis s’approfondit (…) la géographie rappelle que la place de la Slovénie se trouve davantage du côté de la vieille Europe que de celui des Etats-Unis de George W. Bush».
Les analystes improvisés qui décortiquaient, ces derniers jours, les motivations des électeurs à la terrasse des cafés de Ljubljana, s’accordaient cependant pour reconnaître que le meurtre du Premier ministre serbe Zoran Djindjic –preuve de l’instabilité des voisins orientaux de la Slovénie– devait faire pencher la balance en faveur du oui. La guerre en Irak, très largement condamnée par l’opinion, a bien failli inverser la donne. La veille du déclenchement des opérations militaires dans le golfe Persique, les sondages annonçaient en effet une avance bien plus nette du oui.
Le gouvernement slovène évite cependant le désaveu, et devrait adresser, dès lundi, une lettre au siège de l’Otan, acceptant l’intégration du pays dans l’Alliance atlantique.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 24/03/2003