Balkans
Macédoine : les troupes de l'OTAN viennent désarmer l'UCK
Une semaine après l'accord de paix globale entre le gouvernement macédonien et la rébellion (UCK), l'Alliance Atlantique envoie 3500 hommes pour organiser le désarmement de la guérilla.
C'est officiel : l'opération Moisson essentielle, ou opération Ceres, du nom latin de la déesse de la moisson, est lancée depuis ce mercredi 10h00 TU. Destinée à collecter les armes de la guérilla albanaise, que celle-ci remettra volontairement aux forces de l'Alliance, cette mission va mobiliser 3500 hommes. Douze pays de l'OTAN sont concernés, dont 530 soldats français. Le Siroco et l'Orage, deux transports de chalands de débarquement (TCD) de la Marine française, devraient ainsi accoster dans trois jours au port grec de Salonique. A leur bord, quelque quatre cents cadres et légionnaires du 2ème régiment d'infanterie. Trois avions ont également rejoint Skopje mercredi soir. La Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Grèce font partie des pays concernés par cette singulière récolte.
L'Opération doit se dérouler en deux temps. Les troupes, lorsqu'elles auront atteint au complet le sol macédonien, devront procéder à leur déploiement. Cette première étape pourrait durer quelques jours, le temps pour la force multinationale de se coordonner. Selon Georges Robertson, secrétaire général de l'OTAN, «le commandement de l'opération est convaincu qu'ils pourront commencer la collecte des armes au début de la semaine prochaine». Les soldats de l'Alliance seront alors chargés de recueillir les armes de la rébellion le long de «points de collecte» préalablement établis avec l'UCK ; la moisson devrait alors durer trente jours, et les forces gouvernementales n'interviendront pas directement.
Un accord sibyllin sur les armes
Quelle quantité d'armes cela pourra-il représenter ? Selon une source proche de l'OTAN, «il est encore trop tôt pour pouvoir fournir une estimation crédible sur la quantité d'armes à collecter». Les estimations, de fait, oscillent entre 2300 à 8000 armes, sans qu'il soit possible d'anticiper sur la part d'artillerie lourde et d'armes légères. «Il ne faut pas imaginer que les villages seront systématiquement ratissés, de maison en maison, pour demander que les armes nous soient remises. Les points de collecte signifient au contraire la volonté de coopération de la rébellion», commentait le capitaine de Montgros, de l'Etat-Major des Armées. L'Alliance intervient «avec le consentement total des deux parties», et sur la demande expresse du président macédonien. Selon lui l'opération, qui vise à «prévenir une nouvelle escalade de violence», est le fruit d'un accord «tout à fait politique et consensuel entre un gouvernement souverain et une rébellion» qui accepte de réintégrer le jeu des institutions.
Mais l'espoir d'une pacification durable ne doit pas tourner à l'euphorie. Pour Jean-Luc Marret, universitaire et spécialiste en études stratégiques, la situation politique en Macédoine requiert encore quelque prudence. «Un accord de paix, c'est un événement très «médiatisable>», mais ça ne se résume pas à une poignée de main entre dirigeants.». Incontestablement, l'accord global du 13 juillet a permis «de rééquilibrer» le rapport de forces entre Albanais et Macédoniens, notamment par des avancées significatives concernant la reconnaissance de la langue albanaise, la valorisation des autorités locales et la représentation des Albanais dans la police.
De ce point de vue, les «causes structurelles» du conflit semblent avoir été bien traitées par une Union Européenne qui s'affirme de plus en plus en interlocuteur de poids. Mais le désarmement demeure un point de fragilité. «L'accord reste assez sibyllin là-dessus ; il ne précise pas comment évaluer l'arsenal, qui va en vérifier l'exactitude, quelles zones précises couvrir». Rien ne garantit que l'UCK ne se contentera pas «de désarmer sous le regard des médias», et qu'elle ne transfèrera pas, par exemple, une partie de ses armes vers le Kosovo.
L'Opération doit se dérouler en deux temps. Les troupes, lorsqu'elles auront atteint au complet le sol macédonien, devront procéder à leur déploiement. Cette première étape pourrait durer quelques jours, le temps pour la force multinationale de se coordonner. Selon Georges Robertson, secrétaire général de l'OTAN, «le commandement de l'opération est convaincu qu'ils pourront commencer la collecte des armes au début de la semaine prochaine». Les soldats de l'Alliance seront alors chargés de recueillir les armes de la rébellion le long de «points de collecte» préalablement établis avec l'UCK ; la moisson devrait alors durer trente jours, et les forces gouvernementales n'interviendront pas directement.
Un accord sibyllin sur les armes
Quelle quantité d'armes cela pourra-il représenter ? Selon une source proche de l'OTAN, «il est encore trop tôt pour pouvoir fournir une estimation crédible sur la quantité d'armes à collecter». Les estimations, de fait, oscillent entre 2300 à 8000 armes, sans qu'il soit possible d'anticiper sur la part d'artillerie lourde et d'armes légères. «Il ne faut pas imaginer que les villages seront systématiquement ratissés, de maison en maison, pour demander que les armes nous soient remises. Les points de collecte signifient au contraire la volonté de coopération de la rébellion», commentait le capitaine de Montgros, de l'Etat-Major des Armées. L'Alliance intervient «avec le consentement total des deux parties», et sur la demande expresse du président macédonien. Selon lui l'opération, qui vise à «prévenir une nouvelle escalade de violence», est le fruit d'un accord «tout à fait politique et consensuel entre un gouvernement souverain et une rébellion» qui accepte de réintégrer le jeu des institutions.
Mais l'espoir d'une pacification durable ne doit pas tourner à l'euphorie. Pour Jean-Luc Marret, universitaire et spécialiste en études stratégiques, la situation politique en Macédoine requiert encore quelque prudence. «Un accord de paix, c'est un événement très «médiatisable>», mais ça ne se résume pas à une poignée de main entre dirigeants.». Incontestablement, l'accord global du 13 juillet a permis «de rééquilibrer» le rapport de forces entre Albanais et Macédoniens, notamment par des avancées significatives concernant la reconnaissance de la langue albanaise, la valorisation des autorités locales et la représentation des Albanais dans la police.
De ce point de vue, les «causes structurelles» du conflit semblent avoir été bien traitées par une Union Européenne qui s'affirme de plus en plus en interlocuteur de poids. Mais le désarmement demeure un point de fragilité. «L'accord reste assez sibyllin là-dessus ; il ne précise pas comment évaluer l'arsenal, qui va en vérifier l'exactitude, quelles zones précises couvrir». Rien ne garantit que l'UCK ne se contentera pas «de désarmer sous le regard des médias», et qu'elle ne transfèrera pas, par exemple, une partie de ses armes vers le Kosovo.
par Marie Balas
Article publié le 22/08/2001