Balkans
Macédoine: ce que cache le sigle UCK
Alors que l'idée de la guerre fait son chemin dans les esprits en Macédoine, coup de projecteur sur l'organisation des rebelles albanais, l'UCK, et sur les buts que poursuivent ses dirigeants.
De notre correspondant dans les Balkans
L'évacuation du village d'Aracinovo, cette place-forte de la guérilla albanaise établie à quelques kilomètres seulement de Skopje, a valeur de succès pour la communauté internationale, et pourrait préfigurer un déploiement négocié de soldats de l'OTAN, qui auraient mission de désarmer l'UCK. Les combattants albanais ont pourtant refusé de rendre leurs armes et ne se sont retirés que de quelques kilomètres, vers les zones qu'ils contrôlent depuis le mois de mai. Lundi après-midi, le chef local de l'UCK, le commandant Hoxha, a maintenu jusqu'au bout la pression, en menaçant de rompre les négociations. Les autorités macédoniennes voulaient en effet que les combattants albanais rendent leurs armes avant de quitter Aracinovo et que la police puisse se déployer dans le village.
Depuis des années déjà, la police macédonienne n'ose pourtant plus pénétrer dans Aracinovo, le village étant devenu une véritable zone franche mafieuse, contrôlée par quelques puissants parrains albanais. La situation est la même dans de nombreux villages de montagnes situés dans les zones proches de la frontière du Kosovo. Dans ces villages échappant de longue date à l'autorité de Skopje, de petits groupes de guérilleros se sont formés tout au long des cinq dernières années, et surtout depuis la fin de la guerre du Kosovo, en juin 1999. Malgré ses efforts pour se structurer, l'UCK de Macédoine se présente d'abord comme une fédération de ces différents groupes.
Des cercles d'intérêts mafieux
L'UCK aurait été formée en décembre 2000, au Kosovo. Quelques hommes ont porté la nouvelle organisation sur les fonds baptismaux: parmi eux, un idéologue du nationalisme albanais, Fazli Veliu, établi depuis des années en Suisse, et titulaire de la nationalité helvétique, son oncle, Ali Ahmeti, qui fait aujourd'hui figure de commandant en chef de l'UCK, ainsi qu'un puissant baron de la pègre, Xhavit Hasani, ami personnel de chefs mafieux italiens. Xhavit Hasani a combattu dans les rangs de l'UCK du Kosovo, et il possède un restaurant à Vitina, dans le sud de la province. L'homme est pourtant originaire de Macédoine, et c'est dans son village natal de Tanusevci qu'ont éclaté les premiers affrontements dans cette République, le 28 février dernier. Xhavit Hasani contrôlait les trafics se déroulant au carrefour du Kosovo, de la Macédoine et du sud de la Serbie, et la redéfinition de la frontière entre la Yougoslavie et la Macédoine remettait directement en cause ses intérêts.
Les chefs de l'UCK n'eurent pas de mal à fédérer sous leur bannière la plupart des groupes clandestins, même si certains conservent leur autonomie d'action, notamment l'Armée nationale albanaise (AKSh), connue des services de sécurité macédoniens depuis 1996. Par contre, si la direction de l'UCK acceptait le principe d'un accord de démilitarisation, il est peu probable que s'y soumettraient l'ensemble des groupes locaux, souvent liés à des cercles d'intérêts mafieux. L'éclatement du spectre nationaliste albanais et l'implication dans les trafics illégaux risquent ainsi de constituer les plus sûrs obstacles à une pacification du pays. Peut-on imaginer que la police macédonienne reprenne pied dans des villages qu'elle a abandonné depuis dix ans?
L'évacuation du village d'Aracinovo, cette place-forte de la guérilla albanaise établie à quelques kilomètres seulement de Skopje, a valeur de succès pour la communauté internationale, et pourrait préfigurer un déploiement négocié de soldats de l'OTAN, qui auraient mission de désarmer l'UCK. Les combattants albanais ont pourtant refusé de rendre leurs armes et ne se sont retirés que de quelques kilomètres, vers les zones qu'ils contrôlent depuis le mois de mai. Lundi après-midi, le chef local de l'UCK, le commandant Hoxha, a maintenu jusqu'au bout la pression, en menaçant de rompre les négociations. Les autorités macédoniennes voulaient en effet que les combattants albanais rendent leurs armes avant de quitter Aracinovo et que la police puisse se déployer dans le village.
Depuis des années déjà, la police macédonienne n'ose pourtant plus pénétrer dans Aracinovo, le village étant devenu une véritable zone franche mafieuse, contrôlée par quelques puissants parrains albanais. La situation est la même dans de nombreux villages de montagnes situés dans les zones proches de la frontière du Kosovo. Dans ces villages échappant de longue date à l'autorité de Skopje, de petits groupes de guérilleros se sont formés tout au long des cinq dernières années, et surtout depuis la fin de la guerre du Kosovo, en juin 1999. Malgré ses efforts pour se structurer, l'UCK de Macédoine se présente d'abord comme une fédération de ces différents groupes.
Des cercles d'intérêts mafieux
L'UCK aurait été formée en décembre 2000, au Kosovo. Quelques hommes ont porté la nouvelle organisation sur les fonds baptismaux: parmi eux, un idéologue du nationalisme albanais, Fazli Veliu, établi depuis des années en Suisse, et titulaire de la nationalité helvétique, son oncle, Ali Ahmeti, qui fait aujourd'hui figure de commandant en chef de l'UCK, ainsi qu'un puissant baron de la pègre, Xhavit Hasani, ami personnel de chefs mafieux italiens. Xhavit Hasani a combattu dans les rangs de l'UCK du Kosovo, et il possède un restaurant à Vitina, dans le sud de la province. L'homme est pourtant originaire de Macédoine, et c'est dans son village natal de Tanusevci qu'ont éclaté les premiers affrontements dans cette République, le 28 février dernier. Xhavit Hasani contrôlait les trafics se déroulant au carrefour du Kosovo, de la Macédoine et du sud de la Serbie, et la redéfinition de la frontière entre la Yougoslavie et la Macédoine remettait directement en cause ses intérêts.
Les chefs de l'UCK n'eurent pas de mal à fédérer sous leur bannière la plupart des groupes clandestins, même si certains conservent leur autonomie d'action, notamment l'Armée nationale albanaise (AKSh), connue des services de sécurité macédoniens depuis 1996. Par contre, si la direction de l'UCK acceptait le principe d'un accord de démilitarisation, il est peu probable que s'y soumettraient l'ensemble des groupes locaux, souvent liés à des cercles d'intérêts mafieux. L'éclatement du spectre nationaliste albanais et l'implication dans les trafics illégaux risquent ainsi de constituer les plus sûrs obstacles à une pacification du pays. Peut-on imaginer que la police macédonienne reprenne pied dans des villages qu'elle a abandonné depuis dix ans?
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 26/06/2001