Kosovo
Affrontements entre Serbes et Albanais
Au moins sept personnes ont été tuées mercredi au Kosovo, et 250 autres sont blessées, mais le bilan des affrontements qui ont éclaté dans la ville divisée de Kosovska Mitrovica ne cesse de s’alourdir.
De notre correspondant dans les Balkans
Mardi soir, une bagarre entre des jeunes Serbes et s’est soldée par une mortelle course poursuite. Trois enfants albanais se sont noyés dans la rivière Ibar, qui marque la séparation entre les secteurs serbes et albanais de cette ville de 80 000 habitants du nord du Kosovo.
Mercredi matin, des manifestants albanais ont tenté de pénétrer dans le secteur serbe, au nord de l’Ibar. Des tirs ont alors rapidement éclaté aux abords du pont. Parmi les cinq victimes albanaises des affrontements, deux ont été tués par balle, ainsi qu’une femme serbe, qui a été touchée sur la terrasse de son appartement. Un autre Serbe a été tué dans la partie nord de la ville.
Très vite débordés, les soldats français de la KFOR, la force internationale de maintien de la paix installée au Kosovo depuis juin 1999, ont tiré des grenades et des balles en caoutchouc et fait usage de gaz lacrymogènes. Onze d’entre eux ont été blessés, dont trois grièvement.
Dans le même temps, des affrontements éclataient également aux abords du village serbe de Caglavica, à deux kilomètres de Pristina. Depuis lundi soir, les Serbes de ce village ont en effet érigé un barrage qui bloque la route nationale menant vers Skopje, en Macédoine, après qu’un adolescent a été blessé par balles par des inconnus. En milieu d’après-midi, des manifestants albanais auraient percé le barrage, suscitant un début de panique à Caglavica, où des civils serbes commençaient à se rassembler en vue d’un départ forcé, mais des renforts de la KFOR ont vite pu être déployés et la situation semblait maîtrisée en fin d’après-midi.
La normalisation remise en cause
Ces incidents sont les plus graves qu’ait connu le Kosovo depuis l’instauration du protectorat des Nations unies, en juin 1999. En février 2000, Mitrovica avait connu plusieurs journées d’émeute, mais le bilan humain était toujours resté bien plus limité. Depuis, cette ville, qui cristallise toutes les tensions du Kosovo, est agitée par des poussées de fièvre récurrentes qui opposent le plus souvent les Serbes aux forces internationales.
À Belgrade, le gouvernement serbe s’est réuni en session extraordinaire mercredi après-midi, et les violences risquent d’enterrer le processus de normalisation de la ville de Mitrovica, amorcé depuis deux ans, et qui se traduisait notamment par un allègement des barrages et des check-points entre les secteurs serbes et albanais. L’Union européenne avait récemment formulé un nouveau projet de réunification de la ville, qui avait cependant été rejeté par les représentants serbes aussi bien qu’albanais.
Le Premier ministre du Kosovo, Bajram Rexhepi, qui a été durant plusieurs années maire autoproclamé de la partie albanaise de Mitrovica, s’est rendu sur les lieux, enjoignant les forces internationales de reprendre le contrôle des événements et d’enquêter au plus vite sur les causes de cette flambée de violence.
Le processus de discussion entre Serbes et Albanais du Kosovo, timidement amorcé par une première rencontre à Vienne le 14 octobre dernier, risque aussi d’être remis en cause, alors que les relations entre la communauté albanaise du Kosovo et l’administration internationale du territoire s’étaient déjà fortement détérioré ces derniers mois. Les milieux diplomatiques conservent pourtant l’objectif de régler dès 2005 la question du statut final du Kosovo, placé sous protectorat provisoire des Nations Unies, mais faisant toujours théoriquement de l’Union de Serbie et Monténégro.
Mardi soir, une bagarre entre des jeunes Serbes et s’est soldée par une mortelle course poursuite. Trois enfants albanais se sont noyés dans la rivière Ibar, qui marque la séparation entre les secteurs serbes et albanais de cette ville de 80 000 habitants du nord du Kosovo.
Mercredi matin, des manifestants albanais ont tenté de pénétrer dans le secteur serbe, au nord de l’Ibar. Des tirs ont alors rapidement éclaté aux abords du pont. Parmi les cinq victimes albanaises des affrontements, deux ont été tués par balle, ainsi qu’une femme serbe, qui a été touchée sur la terrasse de son appartement. Un autre Serbe a été tué dans la partie nord de la ville.
Très vite débordés, les soldats français de la KFOR, la force internationale de maintien de la paix installée au Kosovo depuis juin 1999, ont tiré des grenades et des balles en caoutchouc et fait usage de gaz lacrymogènes. Onze d’entre eux ont été blessés, dont trois grièvement.
Dans le même temps, des affrontements éclataient également aux abords du village serbe de Caglavica, à deux kilomètres de Pristina. Depuis lundi soir, les Serbes de ce village ont en effet érigé un barrage qui bloque la route nationale menant vers Skopje, en Macédoine, après qu’un adolescent a été blessé par balles par des inconnus. En milieu d’après-midi, des manifestants albanais auraient percé le barrage, suscitant un début de panique à Caglavica, où des civils serbes commençaient à se rassembler en vue d’un départ forcé, mais des renforts de la KFOR ont vite pu être déployés et la situation semblait maîtrisée en fin d’après-midi.
La normalisation remise en cause
Ces incidents sont les plus graves qu’ait connu le Kosovo depuis l’instauration du protectorat des Nations unies, en juin 1999. En février 2000, Mitrovica avait connu plusieurs journées d’émeute, mais le bilan humain était toujours resté bien plus limité. Depuis, cette ville, qui cristallise toutes les tensions du Kosovo, est agitée par des poussées de fièvre récurrentes qui opposent le plus souvent les Serbes aux forces internationales.
À Belgrade, le gouvernement serbe s’est réuni en session extraordinaire mercredi après-midi, et les violences risquent d’enterrer le processus de normalisation de la ville de Mitrovica, amorcé depuis deux ans, et qui se traduisait notamment par un allègement des barrages et des check-points entre les secteurs serbes et albanais. L’Union européenne avait récemment formulé un nouveau projet de réunification de la ville, qui avait cependant été rejeté par les représentants serbes aussi bien qu’albanais.
Le Premier ministre du Kosovo, Bajram Rexhepi, qui a été durant plusieurs années maire autoproclamé de la partie albanaise de Mitrovica, s’est rendu sur les lieux, enjoignant les forces internationales de reprendre le contrôle des événements et d’enquêter au plus vite sur les causes de cette flambée de violence.
Le processus de discussion entre Serbes et Albanais du Kosovo, timidement amorcé par une première rencontre à Vienne le 14 octobre dernier, risque aussi d’être remis en cause, alors que les relations entre la communauté albanaise du Kosovo et l’administration internationale du territoire s’étaient déjà fortement détérioré ces derniers mois. Les milieux diplomatiques conservent pourtant l’objectif de régler dès 2005 la question du statut final du Kosovo, placé sous protectorat provisoire des Nations Unies, mais faisant toujours théoriquement de l’Union de Serbie et Monténégro.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 17/03/2004