Proche-Orient
Bush soutient le plan Sharon
(Photo : AFP)
C’est un tournant dans la politique américaine au Proche-Orient. En qualifiant d’«historiques et courageuses» les propositions du plan de retrait unilatéral de Gaza du premier ministre israélien, le chef de l’Etat américain fait prendre un virage important à la politique américaine au Proche-Orient.
A l’issue d’un entretien avec le premier ministre israélien, Ariel Sharon, mercredi à la Maison Blanche, George Bush a estimé que «au regard des nouvelles réalités sur le terrain, notamment les grands centres israéliens de population déjà existants, il est irréaliste de s’attendre à ce que le résultat des négociations sur le statut final comprenne un retour complet et total aux frontières de 1949».
(Photo : Manu Pochez/RFI)
Par cette déclaration, le président américain entérine la politique du fait accompli des colonies de peuplement alors que la politique américaine en la matière a toujours été de considérer ces colonies comme un obstacle sur la voie d’un règlement du conflit israélo-palestinien. Le premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, a immédiatement dénoncé ce changement de la position américaine: «Bush est le premier président américain à donner une légitimité aux colonies juives sur la terre palestinienne». Le chef du gouvernement palestinien dénonce également le fait que «Bush s’arroge le droit de faire des concessions au nom du peuple palestinien».
Le premier volet du plan Sharon concerne la bande de Gaza dont les Israéliens assurent vouloir se retirer unilatéralement. Ce sera chose faite «dans le courant de l’année 2005» a indiqué hier sous couvert de l’anonymat un haut responsable israélien cité par l’AFP. Le plan Sharon prévoit toutefois que l’armée israélienne se réserve le droit d’intervenir dans la bande de Gaza en cas de nécessité.
Autre évolution américaine, elle concerne le droit au retour des réfugiés palestiniens. George Bush entérine également ce volet du plan Sharon qui prévoit que les réfugiés pourront venir s’installer … sur le territoire de l’Etat palestinien qui sera créé. Sur ce point, personne, même parmi les responsables politiques palestiniens ne croit depuis de longues années à l’éventualité d’un retour dans des villes ou des villages qui se trouvent aujourd’hui en territoire israélien. En revanche, comme le rappelle Dominique Roch, l’envoyée spéciale permanente de RFI à Jérusalem, «c’est une carte de moins pour les Palestiniens dans la perspective d’une future négociation».
Sur la question de la «barrière» ou «mur» de sécurité qu’Israël est en train d’édifier, George Bush indique qu’elle «doit être temporaire plutôt que permanente et ne doit pas préjuger des solutions définitives sur le statut, y compris sur le tracé des frontières». Pour sa part, le premier ministre israélien annonce que l’édification de cette «barrière» va s’accélérer et ajoute qu’elle a, selon lui, un caractère, justement, «plus temporaire que permanent».
Echange de lettres entre Bush et SharonGeorge Bush et Ariel Sharon ont procédé à un échange de lettres qui devraient faciliter l’adoption du plan de Sharon par son parti, le Likoud. Dans sa lettre, le premier ministre israélien écrit que «les Palestiniens doivent engager une lutte constante contre les terroristes et démanteler leurs infrastructures». Il souligne également que l’application de la feuille de route représente «le seul moyen de réaliser de véritables progrès». Au moment où cet article est mis en ligne, le contenu exact de la lettre du président Bush n’a pas été divulgué.
Dans l’entourage d’Ariel Sharon la satisfaction était visible au terme de la conférence de presse. Le Premier ministre israélien estime qu’il a obtenu un soutien précieux dans la perspective du vote des membres de son parti, le Likoud, sur son plan de paix. Un soutien décisif alors qu’Ariel Sharon est fragilisé sur le plan intérieur par l’enquête judiciaire sur son implication présumée dans des affaires politico-financières. Selon un sondage rendu public jeudi matin par la radio militaire israélienne, 57,5% des membres du Likoud se disent favorables au plan Sharon alors que 37,5% s’y opposent.
par Philippe Couve
Article publié le 15/04/2004 Dernière mise à jour le 15/04/2004 à 15:11 TU