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Proche-Orient

Sharon veut faire valider son plan par Bush

Ariel Sharon et George Bush lors d'une visite du Premier ministre israélien à Washington en juillet 2003. 

		(Photo: AFP)
Ariel Sharon et George Bush lors d'une visite du Premier ministre israélien à Washington en juillet 2003.
(Photo: AFP)
La neuvième visite du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, à Washington ne pouvait plus mal tomber pour le président américain. En chute libre dans les sondages pour sa gestion de l’après-guerre en Irak, George Bush n’a sans doute pas envie de prêter le flanc aux critiques qui ne manqueront pas de tomber, de la part notamment de ses alliés arabes, s’il s’avisait d’apporter un soutien ouvert à son ami Ariel Sharon. Lui-même très contesté dans son pays, le chef du gouvernement hébreu attend en effet beaucoup de sa visite et espère que le président américain approuvera son plan de séparation d’avec les Palestiniens très critiqué en Israël. L’Autorité palestinienne a d’ores et déjà mis en garde l’administration américaine contre toute garantie qui serait préjudiciable aux Palestiniens et à la Feuille de route, ce plan international de règlement du conflit avec Israël.

Plusieurs ministres et proches d’Ariel Sharon se sont succédés ces dernières semaines à Washington pour tenter de convaincre l’administration Bush de soutenir le dernier plan de séparation unilatérale d’avec les Palestiniens proposé il y a quelques semaines par le Premier ministre israélien. Ce plan prévoit le démantèlement de toutes les colonies de la bande de Gaza ainsi que l’évacuation de quelques implantations isolées du nord de la Cisjordanie. Il prévoit également le redéploiement des troupes israéliennes le long du tracé controversé de la barrière de sécurité qu’Israël a entrepris de construire pour officiellement se protéger de l’infiltration sur son territoire de kamikazes palestiniens. Cette barrière, qui s’enfonce sur plusieurs kilomètre à l’intérieur de la Cisjordanie, est qualifiée de «mur de l’apartheid» par l’Autorité palestinienne qui accuse Israël de chercher à amputer par son biais une partie du futur Etat palestinien.

Ce plan de retrait de la bande de Gaza a été très mal accueilli par une partie de la société israélienne qui y a vu «une trahison» et surtout par les durs du Likoud, le parti d’Ariel Sharon dont la cote de popularité est au plus bas en raison notamment d’accusations de corruption. Soucieux de rallier la plus large majorité possible de l’opinion publique israélienne, le Premier ministre a franchi un nouveau pas dimanche en s’engageant, quelques heures avant de prendre l’avion pour Washington, «à maintenir sous contrôle israélien» six blocs de colonisation en Cisjordanie. Ces blocs comprennent l’écrasante majorité des quelques 220 000 colons juifs installés dans ce territoire palestinien. Il a même affirmé que la très controversée barrière de sécurité englobera Maalé Adoumim, la plus grande implantation israélienne qui compte plus de 22 000 habitants.

Mise en garde des Palestiniens

Ariel Sharon sait toutefois qu’il ne pourra pas imposer son plan sans un appui fort de l’administration américaine, seule manière de faire taire ses opposants. Avant de le soumettre le 2 mai prochain à référendum aux quelque 200 000 membres du Likoud, il compte ainsi arracher plusieurs engagements au président américain. Ses proches affirment d’ores et déjà que le Premier ministre devrait revenir de Washington avec une lettre de George Bush dans laquelle ce dernier réitère non seulement l’engagement des Etats-Unis à assurer la sécurité d’Israël mais aussi à lui reconnaître le droit à assurer sa défense en menant la lutte contre le terrorisme y compris dans les territoires évacués. Le président américain devrait également souligner dans sa lettre que la solution du problème des réfugiés palestiniens ne pourra être trouvée que dans le cadre d’un futur Etat palestinien, ce qui exclut de fait leur retour en territoire israélien.

L’assurance manifestée par Ariel Sharon, qui a affirmé partir à Washington avec «une très bonne impression», ne lui garantit pas pour autant un succès auprès du président américain, plus préoccupé ces derniers temps par la dégradation de la situation sécuritaire en Irak. George Bush qui a reçu lundi dans son ranch de Crawford son homologue égyptien, Hosni Moubarak, a certes assuré qu’il appuyait un retrait de la bande de Gaza mais il a également souligné que cela ne devait en aucun cas remplacer la Feuille de route, ce plan international de règlement du conflit israélo-palestinien que parrainent les Etats-Unis, la Russie, l’Union européenne et les Nations unies. Les deux présidents ont d’ailleurs clairement convenu que le retrait de Gaza pourrait être «un pas en avant important» s’il s’inscrivait dans la Feuille de route.

Cette position a largement été approuvée par le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï qui n’en a pas moins mis en garde lundi les Etats-Unis contre toute garantie préjudiciable aux Palestiniens qu’ils pourraient offrir à Ariel Sharon. «Nous n'accepterons pas toute garantie ou promesse qui se fera à notre détriment par une quelconque partie, même les Etats-Unis», a-t-il notamment affirmé en référence à la décision israélienne de ne pas se retirer de toute la Cisjordanie. «Nous ne sommes pas contre des retraits israéliens mais celui prévu à Gaza doit s'inscrire dans un cadre global, celui de la fin de l'occupation, et être accompagné d'un retrait de la Cisjordanie comme cela est prévu par la feuille de route et les accords signés», a-t-il également martelé. Appuyant les déclarations de son Premier ministre, Saëb Erakat, qui est en charge des Négociations, a pour sa part dénoncé l'engagement d’Ariel Sharon de maintenir des blocs de colonies en Cisjordanie le qualifiant de «recette pour détruire le processus de paix».

par Mounia  Daoudi

Article publié le 13/04/2004 Dernière mise à jour le 13/04/2004 à 15:46 TU