Proche-Orient
Ariel Sharon dévoile son plan
Le Premier ministre israélien a enfin dévoilé jeudi soir, dans un discours très attendu sur la sécurité nationale, ses projets concernant les négociations avec les Palestiniens. Depuis plusieurs semaines en effet, et suite à l’accueil réservé par la communauté internationale à l’Initiative de Genève, ce plan de paix alternatif qui se propose de régler définitivement le conflit israélo-palestinien, l’entourage d’Ariel Sharon a multiplié les déclarations concernant certaines «mesures unilatérales» qu’Israël serait disposé à prendre pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix. Ces mesures, qui ont transpiré dans la presse, ont mis en ébullition la classe politique israélienne. Elles avaient été fraîchement accueillies par la partie palestinienne et avaient laissé sceptique l’administration Bush qui avait mis en garde le cabinet Sharon contre toute décision unilatérale se substitant à un accord négocié entre Israéliens et Palestiniens.
Le discours tant attendu d’Ariel Sharon a laissé les observateurs de la scène proche-orientale sur leur faim. Conscient que l’immobilisme de son gouvernement concernant le processus de paix est aujourd’hui largement responsable de sa baisse de popularité –un Israélien sur deux pense que le Premier ministre n’est pas fiable–, le chef du gouvernement israélien a tenté de convaincre ses concitoyens qu’il avait toujours les cartes en main mais sans annoncer de mesures concrètes à court terme. Il a ainsi déclaré qu'Israël lancerait «un plan unilatéral de séparation d'avec les Palestiniens» si ceux-ci ne tenaient pas «dans quelques mois» les engagements qu'ils ont souscrits dans le cadre de la Feuille de route. Ce plan, a-t-il précisé, prévoit le redéploiement des forces israéliennes et une nouvelle répartition des colonies de peuplement visant à réduire le nombre d'Israéliens installés à proximité de centres de population palestiniens. Ce type de mesures, a-t-il toutefois ajouté, ne seront prises qu'en coordination avec les Etats-Unis.
Concernant l’avenir proche, Ariel Sharon s’est montré plutôt prudent se contentant de réitérer sa promesse faite à Aqaba de «démanteler les points de colonisations illégaux». Il a en outre affirmé que son gouvernement allait «considérablement accélérer» la construction de la ligne de séparation controversée en Cisjordanie. «Israël va considérablement accélérer la construction de la clôture de sécurité. Son achèvement rapide permettra à l'armée d'éliminer des barrages et d'alléger les conditions de vie des Palestiniens qui ne sont pas impliqués dans le terrorisme», a-t-il expliqué.
Les travaillistes déçus
Le chef de l'opposition travailliste Shimon Peres s'est déclaré jeudi soir «profondément déçu» par le discours d’Ariel Sharon. «Je suis profondément déçu. Sharon devait prendre une décision. Au lieu d'une décision, il a repoussé les échéances», a-t-il déclaré à la télévision publique. Selon lui, «tout n'était que formules générales alors que le pays entre dans une période difficile». L’ancien Premier ministre, qui avait rencontré récemment le chef du gouvernement israélien, avait déclaré à la presse qu'il attendait de voir si les déclarations d’Ariel Sharon allaient être «suivies d'effet», avant de se prononcer. Certains analystes politiques avaient même estimé que les travaillistes se préparaient à entrer dans un gouvernement d’union nationale puisque, selon eux, l’extrême droite ne pouvait que quitter l’actuel cabinet après les «douloureuses concessions» que devaient annoncer Ariel Sharon .
Tout le monde attendait en effet des mesures concrètes concernant le démantèlement prochain de colonies. Le quotidien Maariv avait même affirmé que le Premier ministre envisageait «une évacuation de l’ensemble des colonies juives de la bande de Gaza et de colonies isolées de la Cisjordanie dans le cadre d’un redéploiement des forces israéliennes». Le journal précisait en outre que l’armée se repositionnerait sur «une nouvelle ligne de sécurité» qui pourrait correspondre au tracé de la «clôture de sécurité» que l’Etat hébreu est en train d’ériger en Cisjordanie pour officiellement se protéger de l’infiltration des activistes palestiniens.
Ces «mesures unilatérales» étaient loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique israélienne. Le Likoud, le propre parti d’Ariel Sharon, était depuis plusieurs semaines en ébullition. Une passe d’arme a même opposé le vice-Premier ministre Ehoud Olmert, dont les propos sont considérés par beaucoup comme reflétant la pensée du chef du gouvernement, et le ministre des Affaires étrangères Sylvan Shalom, fidèle à la ligne d’un parti traditionnellement attaché à la présence israélienne dans les territoires occupés depuis 1967 et majoritairement en faveur du Grand Israël. Le chef de la diplomatie avait notamment accusé Ariel Sharon de donner «une prime aux terroristes» en voulant évacuer les colonies tandis que l’ancien maire de Jérusalem a lui plaidé en faveur d’un retrait, seul garant contre le péril que représente la croissance démographique dans les territoires autonomes.
L’aile la plus nationaliste du gouvernement, relayée par les principaux concernés par le démantèlement des implantations, à savoir les colons, s’était montré de son côté encore plus virulente, dénonçant «une capitulation devant le terrorisme». Toute évacuation de colonies «sous couvert de regroupement stratégique serait une fuite en avant inadmissible», avait notamment mis en garde le chef du parti ultranationaliste religieux (PNR), Effi Eytam. Si de telles mesures devaient être prises, l’extrême droite s’était déclarée prête à quitter le gouvernement. Aujourd’hui, cette perspective ne semble plus d’actualité.
Concernant l’avenir proche, Ariel Sharon s’est montré plutôt prudent se contentant de réitérer sa promesse faite à Aqaba de «démanteler les points de colonisations illégaux». Il a en outre affirmé que son gouvernement allait «considérablement accélérer» la construction de la ligne de séparation controversée en Cisjordanie. «Israël va considérablement accélérer la construction de la clôture de sécurité. Son achèvement rapide permettra à l'armée d'éliminer des barrages et d'alléger les conditions de vie des Palestiniens qui ne sont pas impliqués dans le terrorisme», a-t-il expliqué.
Les travaillistes déçus
Le chef de l'opposition travailliste Shimon Peres s'est déclaré jeudi soir «profondément déçu» par le discours d’Ariel Sharon. «Je suis profondément déçu. Sharon devait prendre une décision. Au lieu d'une décision, il a repoussé les échéances», a-t-il déclaré à la télévision publique. Selon lui, «tout n'était que formules générales alors que le pays entre dans une période difficile». L’ancien Premier ministre, qui avait rencontré récemment le chef du gouvernement israélien, avait déclaré à la presse qu'il attendait de voir si les déclarations d’Ariel Sharon allaient être «suivies d'effet», avant de se prononcer. Certains analystes politiques avaient même estimé que les travaillistes se préparaient à entrer dans un gouvernement d’union nationale puisque, selon eux, l’extrême droite ne pouvait que quitter l’actuel cabinet après les «douloureuses concessions» que devaient annoncer Ariel Sharon .
Tout le monde attendait en effet des mesures concrètes concernant le démantèlement prochain de colonies. Le quotidien Maariv avait même affirmé que le Premier ministre envisageait «une évacuation de l’ensemble des colonies juives de la bande de Gaza et de colonies isolées de la Cisjordanie dans le cadre d’un redéploiement des forces israéliennes». Le journal précisait en outre que l’armée se repositionnerait sur «une nouvelle ligne de sécurité» qui pourrait correspondre au tracé de la «clôture de sécurité» que l’Etat hébreu est en train d’ériger en Cisjordanie pour officiellement se protéger de l’infiltration des activistes palestiniens.
Ces «mesures unilatérales» étaient loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique israélienne. Le Likoud, le propre parti d’Ariel Sharon, était depuis plusieurs semaines en ébullition. Une passe d’arme a même opposé le vice-Premier ministre Ehoud Olmert, dont les propos sont considérés par beaucoup comme reflétant la pensée du chef du gouvernement, et le ministre des Affaires étrangères Sylvan Shalom, fidèle à la ligne d’un parti traditionnellement attaché à la présence israélienne dans les territoires occupés depuis 1967 et majoritairement en faveur du Grand Israël. Le chef de la diplomatie avait notamment accusé Ariel Sharon de donner «une prime aux terroristes» en voulant évacuer les colonies tandis que l’ancien maire de Jérusalem a lui plaidé en faveur d’un retrait, seul garant contre le péril que représente la croissance démographique dans les territoires autonomes.
L’aile la plus nationaliste du gouvernement, relayée par les principaux concernés par le démantèlement des implantations, à savoir les colons, s’était montré de son côté encore plus virulente, dénonçant «une capitulation devant le terrorisme». Toute évacuation de colonies «sous couvert de regroupement stratégique serait une fuite en avant inadmissible», avait notamment mis en garde le chef du parti ultranationaliste religieux (PNR), Effi Eytam. Si de telles mesures devaient être prises, l’extrême droite s’était déclarée prête à quitter le gouvernement. Aujourd’hui, cette perspective ne semble plus d’actualité.
par Mounia Daoudi
Article publié le 18/12/2003