Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Soudan

Darfour, l'accord fragilisé

«Nous sommes venus pour confirmer au président Deby notre engagement pour le respect des accords de N’Djaména», a déclaré Omar al-Béchir, le président du Soudan. 

		(Photo: AFP)
«Nous sommes venus pour confirmer au président Deby notre engagement pour le respect des accords de N’Djaména», a déclaré Omar al-Béchir, le président du Soudan.
(Photo: AFP)
Le cessez-le-feu entre belligérants dans le Darfour a-t-il été violé ? Les uns accusent les autres, mais N’Djamena qui parraine l’accord assure n’avoir reçu aucune plainte des parties impliquées et s’en tient au calendrier des négociations politiques qui débutent la semaine prochaine.

«Nous sommes venus pour confirmer au président Deby notre engagement pour le respect des accords de N’Djaména», a déclaré le président soudanais Omar al-Béchir qui a rendu une brève visite à son homologue tchadien, le 11 avril dernier. En effet, le 8 avril, les médiateurs tchadiens appuyés par des représentants des pays d’Afrique centrale ont obtenu des frères ennemis soudanais d’apposer leur signature au bas d’un accord de cessez-le-feu, alors qu’ils s’affrontaient dans la région du Darfour depuis février 2003. Le Mouvement de libération du Soudan (MLS) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) et les autorités de Khartoum avaient plusieurs fois boycotté les rencontres programmées à leur intention.

Une dizaine de milliers de morts, 670 000 personnes déplacées au Soudan, plus de 100 000 personnes réfugiées au Tchad, constituent le bilan d’un an d’affrontement dans cette région de l’ouest du Soudan. L’implication des pays de la région et de la communauté internationale a donné un coup de pouce aux négociations qui ont abouti à ce troisième cessez-le-feu conclu en un an. Mais très vite les Etats-Unis ont accusé le gouvernement soudanais de soutenir des milices arabes qui ne respectent pas l’accord signé le 8 avril à N’Djamena. Le démenti du gouvernement soudanais a été tout aussi rapide et il se dit très attaché à toute initiative de recherche d'une solution de paix.

Vers un accord politique après le cessez-le-feu

Mais au moment où les médiateurs tchadiens affirmaient n’avoir rien reçu comme plainte pour violation du cessez-le-feu, le porte-parole militaire du MJE a affirmé très clairement que le gouvernement soudanais avait violé le cessez-le-feu. «Des miliciens arabes Djandjawids appuyés par des soldats de l’armée régulière ont incendié des villages», a-t-il précisé. L’attaque aurait fait une trentaine de morts selon le porte-parole du MJE qui annonce, par ailleurs, que le président de son mouvement «est en train de faire les démarches pour saisir les médiateurs». Mais du côté de la médiation, on se dit «surpris» par ces déclarations, «d’autant qu’il existe à N’Djamena une cellule de représentation militaire du MJE et du MLS qui sont en contact avec le front et ne nous ont pas fait cas de cette agression», a précisé un membre de l’équipe de médiation à N’Djamena.

En revanche, la rencontre du 20 avril est maintenue pour le début des négociations politiques à N’Djamena. Une commission de contrôle du cessez-le-feu serait également en cours de constitution. L’Union africaine et l’ONU y seraient très impliquées. Les diplomates tchadiens ont insisté sur cette participation de la communauté internationale parce que le MJE a déjà plusieurs fois dénoncé l’implication du Tchad aux côtés des forces de Khartoum au Darfour et émis des doutes sur son «impartialité». «En cas de non-changement d’attitude (du Tchad), le MJE se verra dans l’obligation de demander à la communauté internationale le transfert des négociations dans un autre pays», a déjà menacé un émissaire du mouvement rebelle à N’Djamena.



par Didier  Samson

Article publié le 16/04/2004 Dernière mise à jour le 16/04/2004 à 16:06 TU