Soudan
Hassan Al-Tourabi arrêté
AFP
Ce n'est pas la première fois, loin de là, qu'Hassan Al-Tourabi se retrouve entre les mains de la sécurité soudanaise. Sa dernière période de détention s'était terminée en octobre 2003. Al-Tourabi sortait alors de plus de deux ans de résidence surveillée.
Cet homme, qui fait aujourd'hui figure d'opposant, a pourtant été au cœur du pouvoir. Il a été un temps secrétaire général du parti dirigeant et président de l'assemblée. Il est décrit par beaucoup comme l'idéologue du régime actuel et l'inspirateur de sa politique islamiste.
La rupture d'Al-Tourabi avec le général El-Béchir date de 1999. Le chef de l'Etat le soupçonne alors de vouloir manœuvrer contre lui et l'écarte de ses fonctions. Face au parti au pouvoir, Tourabi érige le Congrès national populaire et commence un nouveau parcours d'opposant.
«Ce gouvernement a un problème»
Muhammad Al Amin Khalifa, secrétaire aux relations extérieures du parti du congrès, le parti d'Hassan Al-Tourabi, explique que «à deux heures du matin, aujourd'hui, un nombre important de policiers est venu à la maison du docteur Tourabi et ils lui ont demandé d'aller dans les bureaux de la sécurité (…). Bien sûr, ils sont venus sans dire quelles charges étaient retenues contre lui».
Son arrestation, cette nuit, se fait après celle de plusieurs militants de son parti, depuis la fin de la semaine dernière. On ignore pour l'instant les raisons officielles de cette vague de mise en détention. Selon un haut responsable du Congrès national populaire, les autorités de Khartoum ont fabriqué une fausse tentative de coup d'Etat pour pouvoir interdire les activités de l'opposant et mettre au pas certains officiers de l'armée originaires du Darfour.
Muhammad Al Amin Khalifa déclare que «ce gouvernement a un problème à résoudre. Les négociations qu'il conduit à Naivasha (au Kenya, où se déroulent les négociations inter soudanaises, ndlr), je ne crois pas qu'elles apporteront une solution au pays, car vous voyez, dans le reste du Soudan, la guerre fait rage. Au lieu de demander à tous les partis politiques de s'asseoir ensemble et de discuter des solutions pour les problèmes politiques du Soudan, le gouvernement a commencé à arrêter celui-ci, ou à mettre celui-là en prison. Ca n'est pas du tout une solution».par Laurent Correau
Article publié le 31/03/2004 Dernière mise à jour le 31/03/2004 à 13:21 TU