Soudan
Guerre en Irak, paix au Soudan
Alors que depuis plusieurs mois, on ne parle que de la guerre prochaine en Irak, le processus de paix soudanais continue d’avancer à petits pas, en dépit des constantes violations de cessez-le-feu sur le terrain.
Il y a des plans de reconstruction après la guerre, comme en Irak, et il y a des plans de reconstruction après la paix, comme au Soudan. Le dénominateur commun ? Le style optimiste. Celui qui se dégage du descriptif de leurs différentes phases. La paix n’est pas conclue au Soudan -la signature est prévue dans le plan des Nations unies pour le mois de juin 2003- qu’on songe déjà à la démobilisation, à la construction des écoles et des dispensaires, à la constitution d’un Parlement à deux Chambres, et au référendum sur l’indépendance du Sud. Le planning est d’une simplicité enfantine. Cette innocence permet d’éliminer les questions qui fâchent, comme celle-ci: où se trouve la frontière entre le Sud et le Nord du Soudan ?
Sur ce point, la réunion qui s’ouvre ce lundi 3 mars à Karen, dans la banlieue de Nairobi, au Kenya, est importante. Elle n’est pas à proprement incluse dans les négociations de paix ouvertes, le 18 juin dernier à Machakos, entre les rebelles sudistes et le gouvernement de Khartoum, et chapeautée par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Mais, elle fait suite à un premier symposium qui s’est déroulé le 19 janvier, auquel ont participé les représentants des populations des «zones marginalisées». Ces «zones», situées le long de la limite administrative entre le nord et le sud, sont sous le contrôle de Khartoum, depuis l’indépendance, en 1956. Il s’agit de la région de Abyei, des Monts Nuba et du sud du Nil Bleu.
La réalité culturelle et physique des populations qui y vivent, les rapprochent beaucoup plus des Sudistes que des Nordistes. La guerre les a peu épargnés. Certains ont soutenu les forces armées, d’autres la guérilla sudiste, d’autres ont été déplacés et regroupés par les autorités nordistes dans des «villages de paix». Il semble aujourd’hui, que les peuples Dinka Ngok, Nuba et Funj originaires de ces zones, souhaiteraient être rattachés au Sud. En tout cas, ils réclament une consultation régionale sur la question. Jusqu’à peu de temps encore, Khartoum avait refusé d’entendre leurs revendications. Il faut dire que les autorités ont de bonnes raisons pour rester sourdes: ces régions sont stratégiques pour l’exploitation pétrolière nationale.
A petits pas, vers la paix…
«Les négociations ne portent pas sur ce que vous souhaitez, mais sur ce avec quoi, vous pouvez vivre» disait, fin janvier, le lieutenant-général Lazarus Sumbeywo, coordinateur kenyan pour l’IGAD du processus de paix de Machakos, aux représentants du Mouvement de libération du peuple soudanais et à la délégation officielle, conduite par le conseiller spécial du président Omar El Béchir. Cinq jours plus tard, les Sudistes claquaient la porte du quatrième round de négociations qui venaient de débuter, en réaction à une nouvelle attaque des milices, soutenues par l’armée de Khartoum, dans la région du Haut-Nil.
Malgré le cessez-le-feu conclu le 15 octobre dernier, les combats n’ont pas vraiment cessé sur le terrain. Le dernier épisode a bien failli faire échouer la fragile construction qu’ont mise en place les membres de l’organisation régionale africaine et les occidentaux, parmi lesquels, la Suisse, la Norvège et la Grande-Bretagne. Ce n’est que parce que les Américains ont promis une commission d’enquête sur les massacres que le SPLM est revenu à Karen. L’alerte a été chaude. Elle montre l’impatience de Omar El Béchir à vouloir réouvrir l’exploitation du pétrole, bloquée depuis plus d’un an. En effet, les compagnies pétrolières ont préféré suspendre leurs opérations en raison, d’abord de l’insécurité ambiante, puis, de l’image désastreuse auprès de l’opinion publique internationale, qui lie leur activité aux massacres des villageois alentours, et déstabilise les actionnaires.
Les combats de ce début février ont mis en lumière le rôle des Forces populaires de défense (SPF), qui agissent en sous-main de l’armée régulière et sont, en quelque sorte, les exécutants des basses oeuvres. Ces milices ont été envoyées par Khartoum pour «nettoyer» les abords d’une future route entre Bentiu et Adok dans le Haut-Nil occidental ainsi que la région de Mankien, une concession pétrolière encore disponible. Cette dernière intéresse beaucoup les Britanniques et les Américains. Après la paix, bien entendu. L’offensive a été stoppée, les travaux suspendus, mais une guerre en Irak aurait des conséquences désastreuses sur ces négociations de paix.
Sur ce point, la réunion qui s’ouvre ce lundi 3 mars à Karen, dans la banlieue de Nairobi, au Kenya, est importante. Elle n’est pas à proprement incluse dans les négociations de paix ouvertes, le 18 juin dernier à Machakos, entre les rebelles sudistes et le gouvernement de Khartoum, et chapeautée par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Mais, elle fait suite à un premier symposium qui s’est déroulé le 19 janvier, auquel ont participé les représentants des populations des «zones marginalisées». Ces «zones», situées le long de la limite administrative entre le nord et le sud, sont sous le contrôle de Khartoum, depuis l’indépendance, en 1956. Il s’agit de la région de Abyei, des Monts Nuba et du sud du Nil Bleu.
La réalité culturelle et physique des populations qui y vivent, les rapprochent beaucoup plus des Sudistes que des Nordistes. La guerre les a peu épargnés. Certains ont soutenu les forces armées, d’autres la guérilla sudiste, d’autres ont été déplacés et regroupés par les autorités nordistes dans des «villages de paix». Il semble aujourd’hui, que les peuples Dinka Ngok, Nuba et Funj originaires de ces zones, souhaiteraient être rattachés au Sud. En tout cas, ils réclament une consultation régionale sur la question. Jusqu’à peu de temps encore, Khartoum avait refusé d’entendre leurs revendications. Il faut dire que les autorités ont de bonnes raisons pour rester sourdes: ces régions sont stratégiques pour l’exploitation pétrolière nationale.
A petits pas, vers la paix…
«Les négociations ne portent pas sur ce que vous souhaitez, mais sur ce avec quoi, vous pouvez vivre» disait, fin janvier, le lieutenant-général Lazarus Sumbeywo, coordinateur kenyan pour l’IGAD du processus de paix de Machakos, aux représentants du Mouvement de libération du peuple soudanais et à la délégation officielle, conduite par le conseiller spécial du président Omar El Béchir. Cinq jours plus tard, les Sudistes claquaient la porte du quatrième round de négociations qui venaient de débuter, en réaction à une nouvelle attaque des milices, soutenues par l’armée de Khartoum, dans la région du Haut-Nil.
Malgré le cessez-le-feu conclu le 15 octobre dernier, les combats n’ont pas vraiment cessé sur le terrain. Le dernier épisode a bien failli faire échouer la fragile construction qu’ont mise en place les membres de l’organisation régionale africaine et les occidentaux, parmi lesquels, la Suisse, la Norvège et la Grande-Bretagne. Ce n’est que parce que les Américains ont promis une commission d’enquête sur les massacres que le SPLM est revenu à Karen. L’alerte a été chaude. Elle montre l’impatience de Omar El Béchir à vouloir réouvrir l’exploitation du pétrole, bloquée depuis plus d’un an. En effet, les compagnies pétrolières ont préféré suspendre leurs opérations en raison, d’abord de l’insécurité ambiante, puis, de l’image désastreuse auprès de l’opinion publique internationale, qui lie leur activité aux massacres des villageois alentours, et déstabilise les actionnaires.
Les combats de ce début février ont mis en lumière le rôle des Forces populaires de défense (SPF), qui agissent en sous-main de l’armée régulière et sont, en quelque sorte, les exécutants des basses oeuvres. Ces milices ont été envoyées par Khartoum pour «nettoyer» les abords d’une future route entre Bentiu et Adok dans le Haut-Nil occidental ainsi que la région de Mankien, une concession pétrolière encore disponible. Cette dernière intéresse beaucoup les Britanniques et les Américains. Après la paix, bien entendu. L’offensive a été stoppée, les travaux suspendus, mais une guerre en Irak aurait des conséquences désastreuses sur ces négociations de paix.
par Marion Urban
Article publié le 02/03/2003