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Soudan

Drôle de week-end à Khartoum

Confusion pendant 48 heures à Khartoum où la remise en liberté de l'ex-mentor du régime soudanais, Hassan al-Tourabi, a été annoncée mais le chef de l’Etat a finalement décidé de le maintenir en résidence surveillée, pour un an au moins.
La confusion a régné pendant 48 heures à Khartoum où l'on a pu croire, samedi après-midi, à la remise en liberté de l'ex-mentor du régime soudanais, Hassan al-Tourabi. Selon ses avocats, l’homme agé de 71 ans, devait être élargi, sur ordre d'un juge de la cour constitutionnelle. Ce dernier avait même confirmé la décision devant la presse. Pourtant, dans la soirée de samedi, l'agence officielle SUNA démentait l'information, en citant, cette fois, le président de la Cour. Finalement, dimanche, le général al-Bachir a mis fin à la confusion. Hassan al-Tourabi, âgé de 71 ans, reste en résidence surveillée, pour un an au moins, puisque cette mesure est renouvelable, a fait savoir le chef de l'Etat soudanais.

Le message adressé est ferme et clair, et montre une fois encore, à quel point le pouvoir actuel redoute toujours son ancien homme fort. Maître d'oeuvre du coup d'Etat de juin 1989 et idéologue du régime, Hassan al-Tourabi a en effet de quoi continuer à inquiéter ses anciens alliés. Certes, depuis décembre 1999, il a perdu le contrôle du Parlement et du parti au pouvoir, avant d'être arrêté en février 2001 mais il reste une personnalité charismatique.

Un charisme intact

Ceux qui l'ont croisé pendant son incarcération à la prison de Khartoum se souviennent par exemple de l'extraordinaire déférence de ses geôliers Et son isolement depuis 15 mois maintenant dans une villa des bord du Nil, vise d'abord à juguler cette aura et une force de conviction qui lui vaut toujours une réelle popularité chez les étudiants.

Et puis, même affaibli par les purges et le silence imposé à ses partisans déclarés, Tourabi compte encore des alliés, notamment dans les multiples services de sécurité et les milices qu'il a lui-même créés Comme il sait tout de ceux qui l'ont évincé, autrefois installés par ses soins à tous les postes-clé, tel le vice-président Mohamad Taha, son ex-dauphin.

C'est ce qui explique pour une bonne part que le pouvoir ait renoncé en octobre dernier à le traduire en justice Sans pour autant le libérer, de peur sans doute de le voir exploiter les dissensions que suscite jusqu'au coeur du sérail, le rapprochement en cours avec les Etats-Unis.



par Alain  Renon

Article publié le 19/08/2002