Soudan
Bashir-Garang parlent de paix
Ce fut une rencontre historique. Pour la première fois depuis sa prise de pouvoir en 1989, le président soudanais, Omar Hassan Al-Bashir a rencontré à Kampala, la capitale ougandaise, John Garang, le chef de la SPLA (Armée de libération populaire du sud Soudan), qui mène une rébellion depuis 1983 contre le pouvoir islamique de Khartoum.
De notre correspondant en Afrique de l’Est
Bashir et Garang se sont serrés les mains samedi à Kampala, sur le perron du Centre de conférence international, en présence du président ougandais, Yoweri Museveni, avant d’entamer des discussions. Puis il a eu quelques grains de sables dans une mise en scène par ailleurs huilée bien à l’avance.
A 15h30, Bashir annulait une conférence de presse pour se rendre directement à l’aéroport tandis que Garang et sa délégation retrouvaient leurs quartiers à Kampala. Seul est demeuré dans le Centre de conférence international, le ministre des Affaires étrangères d’Ouganda, James Wapakabulo. Selon lui, cette rencontre aura essentiellement permis de consolider les acquis du protocole d’accord signé une semaine auparavant au Kenya entre Khartoum et la SPLA, sous le patronage de l’IGAD (Autorité intergouvernementale de développement qui comprend depuis sa création en 1993, Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan et l’Ouganda).
Selon cet accord, le Sud-Soudan contrôlé par la SPLA va entrer dans une période d'autonomie de six ans à l'issue de laquelle il choisira par référendum entre son maintien au Soudan et la sécession. «Garang et Bashir ont pu réaffirmer les positions adoptées à Machakos et s’engager à continuer ce processus», constate James Wapakabulo. «Mais de nombreuses questions restent en suspens. Elles seront débattues à partir du 15 août prochain, au Kenya : il s’agit notamment des modalités de partage du pouvoir et de la richesse entre Khartoum et la SPLA ainsi que du cessez le feu», précise-t-il.
Vers un règlement de la guerre civile
Cette rencontre entre Bashir et Garang aura surtout permis au président ougandais, Yoweri Museveni, de montrer qu’il entend tenir un rôle à part dans le processus de paix soudanais. «Ce rendez-vous entre Bashir et Garang a été arrangé par le président Museveni... comme un effort supplémentaire à celui de l’IGAD», explique un communiqué diffusé par la présidence ougandaise à l’issue de la rencontre. Un avis partagé par le chargé d’affaire du Soudan en Ouganda, Mohamed Sirajjudin, selon lequel, «si la paix revient, l’Ouganda jouera un rôle important dans la reconstruction du Soudan». L’effet d’annonce fut soigneusement préparé. Organisée de longue date par la présidence ougandaise, cette rencontre n’a été annoncée que la veille par un porte-parole de la SPLA en Erythrée.
Derrière Museveni se profile l’ombre du président lybien. C’est en effet Muammar Gaddafi qui a convaincu l’année dernière son homologue soudanais de rétablir des relations diplomatiques avec l’Ouganda et de rencontrer Museveni. Le président ougandais semblait ravi de son rôle de médiateur. Un médiateur pourtant loin d’être neutre puisque l’Ouganda soutien depuis plus de quinze ans la SPLA de John Garang. Ce petit pays d’Afrique centrale est devenu avec le Kenya, le maillon clef de la politique des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne vis-à-vis de la prétendue «menace islamique». Ainsi la SPLA a-t-elle pu s’emparer ces dernières années de tous les territoires soudanais frontaliers avec l’Ouganda et avec le Kenya. Garang est comme chez lui à Kampala où en mai dernier, la SPLA a fêté publiquement son 19ème anniversaire.
Ecouter également:
Les portraits croisés des deux grands rivaux de la politique soudanaise. Une correspondance de Jean-Philippe Rémy.
Gérard Prunier, chercheur au CNRS, spécialiste de l'Afrique orientale, au micro de Jean Hélène.
Bashir et Garang se sont serrés les mains samedi à Kampala, sur le perron du Centre de conférence international, en présence du président ougandais, Yoweri Museveni, avant d’entamer des discussions. Puis il a eu quelques grains de sables dans une mise en scène par ailleurs huilée bien à l’avance.
A 15h30, Bashir annulait une conférence de presse pour se rendre directement à l’aéroport tandis que Garang et sa délégation retrouvaient leurs quartiers à Kampala. Seul est demeuré dans le Centre de conférence international, le ministre des Affaires étrangères d’Ouganda, James Wapakabulo. Selon lui, cette rencontre aura essentiellement permis de consolider les acquis du protocole d’accord signé une semaine auparavant au Kenya entre Khartoum et la SPLA, sous le patronage de l’IGAD (Autorité intergouvernementale de développement qui comprend depuis sa création en 1993, Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan et l’Ouganda).
Selon cet accord, le Sud-Soudan contrôlé par la SPLA va entrer dans une période d'autonomie de six ans à l'issue de laquelle il choisira par référendum entre son maintien au Soudan et la sécession. «Garang et Bashir ont pu réaffirmer les positions adoptées à Machakos et s’engager à continuer ce processus», constate James Wapakabulo. «Mais de nombreuses questions restent en suspens. Elles seront débattues à partir du 15 août prochain, au Kenya : il s’agit notamment des modalités de partage du pouvoir et de la richesse entre Khartoum et la SPLA ainsi que du cessez le feu», précise-t-il.
Vers un règlement de la guerre civile
Cette rencontre entre Bashir et Garang aura surtout permis au président ougandais, Yoweri Museveni, de montrer qu’il entend tenir un rôle à part dans le processus de paix soudanais. «Ce rendez-vous entre Bashir et Garang a été arrangé par le président Museveni... comme un effort supplémentaire à celui de l’IGAD», explique un communiqué diffusé par la présidence ougandaise à l’issue de la rencontre. Un avis partagé par le chargé d’affaire du Soudan en Ouganda, Mohamed Sirajjudin, selon lequel, «si la paix revient, l’Ouganda jouera un rôle important dans la reconstruction du Soudan». L’effet d’annonce fut soigneusement préparé. Organisée de longue date par la présidence ougandaise, cette rencontre n’a été annoncée que la veille par un porte-parole de la SPLA en Erythrée.
Derrière Museveni se profile l’ombre du président lybien. C’est en effet Muammar Gaddafi qui a convaincu l’année dernière son homologue soudanais de rétablir des relations diplomatiques avec l’Ouganda et de rencontrer Museveni. Le président ougandais semblait ravi de son rôle de médiateur. Un médiateur pourtant loin d’être neutre puisque l’Ouganda soutien depuis plus de quinze ans la SPLA de John Garang. Ce petit pays d’Afrique centrale est devenu avec le Kenya, le maillon clef de la politique des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne vis-à-vis de la prétendue «menace islamique». Ainsi la SPLA a-t-elle pu s’emparer ces dernières années de tous les territoires soudanais frontaliers avec l’Ouganda et avec le Kenya. Garang est comme chez lui à Kampala où en mai dernier, la SPLA a fêté publiquement son 19ème anniversaire.
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Gérard Prunier, chercheur au CNRS, spécialiste de l'Afrique orientale, au micro de Jean Hélène.
par Gabriel Kahn
Article publié le 28/07/2002